Différences entre les versions de « Sept dons du Saint-Esprit »

De Christ-Roi
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([[Mgr Gaume|Mgr Gaume]], ''Traité du Saint-Esprit'', 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 352-353).
 
([[Mgr Gaume|Mgr Gaume]], ''Traité du Saint-Esprit'', 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 352-353).
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=="les dons du Saint-Esprit sont absolument nécessaires au salut" ([[Mgr Gaume|Mgr Gaume]])==
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"Insistons néanmoins sur ce point essentiel, et établissons par des preuves directes que '''les dons du Saint-Esprit sont absolument nécessaires au salut.'''
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"Voilà, il faut le dire, ce qu'il importe plus que jamais de savoir et, par conséquent, d'enseigner, '''attendu que les gens du monde ne le savent nullement et que la plupart même des fidèles ne le savent guère'''. A cette ignorance il faut attribuer le peu de cas qu'on fait des dons du Saint-Esprit, le peu d'importance qu'on attache au sacrement de [[confirmation|confirmation]] et le peu de soin qu'on apporte à en conserver les fruits. L'Esprit de sagesse et de vie ainsi méconnu, faut-il s'étonner que le monde moderne aille à la dérive et à la mort ?
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"Afin de rendre sensible l'indispensable nécessité des dons du Saint-Esprit, les Pères de l'Église emploient diverses comparaisons. A celle de l'arbre, que nous avons développée, ils ajoutent les suivantes : « De même, dit quelque part [[saint Augustin|saint Augustin]], que l'œil le plus sain ne peut voir, si un rayon de lumière ne vient le frapper; ainsi l'homme parfaitement justifié ne peut accomplir les actes de la vie chrétienne, s'il n'est poussé par le mouvement du Saint-Esprit. » (''Lib. de natura et gracia''.)
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[[Saint Basile|Saint Basile]], déjà cité, ajoute : « On peut comparer l'homme à un navire. Si parfaitement construit qu'on suppose un navire et si bien pourvu qu'il soit d'agrès et de matelots, il ne peut marcher sans le souffle du vent. Ainsi de l'homme. Possédât-il la grâce sanctifiante et toutes les vertus infuses à un haut degré, il ne peut, sans le mouvement du Saint-Esprit faire un seul acte surnaturel, pas même prononcer le nom de Jésus. » Or, le mouvement du Saint-Esprit est l'effet de ses dons. Ainsi, ce que le vent est au navire, les dons du Saint-Esprit le sont à l'âme.
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Résumant la doctrine des Pères, [[saint Thomas|saint Thomas]] donne la raison fondamentale de cette nécessité. « Dieu, dit-il, perfectionne les œuvres de l'homme de deux manières par la lumière naturelle, qui est la raison, et par la lumière surnaturelle venue des vertus théologales. Mais cette seconde manière est imparfaite, puisque même avec ces vertus nous ne connaissons et n'aimons Dieu qu'imparfaitement. La raison en est que nous ne les possédons que d'une manière incomplète et non pas de nous-mêmes. Or, tout être qui ne possède pas complètement et de lui-même un principe d'action ne peut agir de lui-même, suivant ce principe : il faut qu'il soit mu du dehors.
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« Ainsi, le soleil, qui est pleinement lumineux, peut éclairer par lui-même. Mais la lune, dans laquelle la lumière ne réside que d'une manière imparfaite, ne peut éclairer si elle-même ne l'est pas. Ainsi encore, le médecin qui connaît parfaitement son art peut agir de lui-même, tandis que l'élève, imparfaitement instruit, ne le petit pas. Il faut qu'il reçoive la direction de son maître (C'est un axiome des sciences physiques, comme des sciences morales, que le second agent ne peut agir que par la vertu du premier : ''nullum agens secundum agit, nisi virtute primi''.) Telle est la condition de l'homme. En tout ce qui est du domaine de la raison et qui tend à une fin naturelle, l'homme, aidé de Dieu, peut agir de lui-même par les lumières de la raison.
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« Il en est autrement s'il est question de sa [[fin|fin]] surnaturelle. N'étant informée qu'imparfaitement par les vertus théologales, la raison nous y fait tendre; mais son impulsion ne suffit pas. Il faut le mouvement du Saint-Esprit. L'Écriture l'enseigne clairement : Ceux qui sont conduits par le Saint-Esprit, dit [[saint Paul|saint Paul]], ceux-là sont les fils de Dieu et ses héritiers. Et le prophète royal : ''C'est votre Esprit qui me conduira dans la terre du [[bonheur|bonheur]]''. Ainsi, nul ne peut entrer dans l'héritage du ciel, à moins d'y être poussé et conduit par le Saint-Esprit. Il suit de là que les dons du Saint-Esprit sont absolument nécessaires au salut. » (1 a 2 ae, q. 68, art. 2, ''corp''; et ad 2.)
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([[Mgr Gaume|Mgr Gaume]], ''Traité du Saint-Esprit'', 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 355-357).

Version du 19 octobre 2005 à 16:41

"Les vertus surnaturelles:

  • la foi,
  • l'espérance,
  • la charité,
  • la prudence,
  • la justice,
  • la force,
  • la tempérance, sont des forces divines, communiquées à l'âme pour opérer le bien surnaturel. Le don est l'impulsion qui met ces forces en mouvement. Telle est la manière dont il nous perfectionne, par conséquent la différence radicale qui le distingue des vertus. Ce point de doctrine est capital. Écoutons saint Thomas : « Afin de bien saisir la distinction qui existe entre les dons et les vertus, il faut nous reporter au langage de l'Écriture. Elle désigne les dons du Saint-Esprit, non pas sous le nom de dons, mais sous le nom d'Esprits. Sur lui reposera, dit Isaïe, l'Esprit de sagesse et d'intelligence, etc. Ces paroles font comprendre très clairement que les sept dons du Saint-Esprit sont en nous, par l'effet d'une inspiration divine, ou plutôt sont le souffle même du Saint-Esprit en-nous. Or, inspiration veut dire impulsion venue du dehors (Corn. a Lap., in Is. XI, 2.)"

"« Riche de vertus surnaturelles, l'âme a besoin d'un moteur qui les mette en action. Des forces surnaturelles ne pouvant être mises en mouvement par un moteur naturel, il en résulte que le Saint-Esprit est le moteur nécessaire des forces surnaturelles, déposées dans l'âme par le baptême. Or, c'est par les sept dons ou les sept esprits que se traduit l'impulsion de l'Esprit sanctificateur. Aussi ses dons sont appelés dons, non seulement parce qu'ils sont répandus en nous par ce divin Esprit ; mais encore parce qu'ils ont pour but de rendre l'homme prompt à agir sous l'influence divine. Il s'ensuit que le don, en tant qu'il diffère de la vertu infuse, peut se définir : ce qui est donné de Dieu pour mettre en mouvement la vertu infuse. » (Is., XXI, 2.)

(Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 352-353).

"les dons du Saint-Esprit sont absolument nécessaires au salut" (Mgr Gaume)

"Insistons néanmoins sur ce point essentiel, et établissons par des preuves directes que les dons du Saint-Esprit sont absolument nécessaires au salut.

"Voilà, il faut le dire, ce qu'il importe plus que jamais de savoir et, par conséquent, d'enseigner, attendu que les gens du monde ne le savent nullement et que la plupart même des fidèles ne le savent guère. A cette ignorance il faut attribuer le peu de cas qu'on fait des dons du Saint-Esprit, le peu d'importance qu'on attache au sacrement de confirmation et le peu de soin qu'on apporte à en conserver les fruits. L'Esprit de sagesse et de vie ainsi méconnu, faut-il s'étonner que le monde moderne aille à la dérive et à la mort ?

"Afin de rendre sensible l'indispensable nécessité des dons du Saint-Esprit, les Pères de l'Église emploient diverses comparaisons. A celle de l'arbre, que nous avons développée, ils ajoutent les suivantes : « De même, dit quelque part saint Augustin, que l'œil le plus sain ne peut voir, si un rayon de lumière ne vient le frapper; ainsi l'homme parfaitement justifié ne peut accomplir les actes de la vie chrétienne, s'il n'est poussé par le mouvement du Saint-Esprit. » (Lib. de natura et gracia.)

Saint Basile, déjà cité, ajoute : « On peut comparer l'homme à un navire. Si parfaitement construit qu'on suppose un navire et si bien pourvu qu'il soit d'agrès et de matelots, il ne peut marcher sans le souffle du vent. Ainsi de l'homme. Possédât-il la grâce sanctifiante et toutes les vertus infuses à un haut degré, il ne peut, sans le mouvement du Saint-Esprit faire un seul acte surnaturel, pas même prononcer le nom de Jésus. » Or, le mouvement du Saint-Esprit est l'effet de ses dons. Ainsi, ce que le vent est au navire, les dons du Saint-Esprit le sont à l'âme.

Résumant la doctrine des Pères, saint Thomas donne la raison fondamentale de cette nécessité. « Dieu, dit-il, perfectionne les œuvres de l'homme de deux manières par la lumière naturelle, qui est la raison, et par la lumière surnaturelle venue des vertus théologales. Mais cette seconde manière est imparfaite, puisque même avec ces vertus nous ne connaissons et n'aimons Dieu qu'imparfaitement. La raison en est que nous ne les possédons que d'une manière incomplète et non pas de nous-mêmes. Or, tout être qui ne possède pas complètement et de lui-même un principe d'action ne peut agir de lui-même, suivant ce principe : il faut qu'il soit mu du dehors.

« Ainsi, le soleil, qui est pleinement lumineux, peut éclairer par lui-même. Mais la lune, dans laquelle la lumière ne réside que d'une manière imparfaite, ne peut éclairer si elle-même ne l'est pas. Ainsi encore, le médecin qui connaît parfaitement son art peut agir de lui-même, tandis que l'élève, imparfaitement instruit, ne le petit pas. Il faut qu'il reçoive la direction de son maître (C'est un axiome des sciences physiques, comme des sciences morales, que le second agent ne peut agir que par la vertu du premier : nullum agens secundum agit, nisi virtute primi.) Telle est la condition de l'homme. En tout ce qui est du domaine de la raison et qui tend à une fin naturelle, l'homme, aidé de Dieu, peut agir de lui-même par les lumières de la raison.

« Il en est autrement s'il est question de sa fin surnaturelle. N'étant informée qu'imparfaitement par les vertus théologales, la raison nous y fait tendre; mais son impulsion ne suffit pas. Il faut le mouvement du Saint-Esprit. L'Écriture l'enseigne clairement : Ceux qui sont conduits par le Saint-Esprit, dit saint Paul, ceux-là sont les fils de Dieu et ses héritiers. Et le prophète royal : C'est votre Esprit qui me conduira dans la terre du bonheur. Ainsi, nul ne peut entrer dans l'héritage du ciel, à moins d'y être poussé et conduit par le Saint-Esprit. Il suit de là que les dons du Saint-Esprit sont absolument nécessaires au salut. » (1 a 2 ae, q. 68, art. 2, corp; et ad 2.)

(Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 355-357).