Illuminisme

De Christ-Roi
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Courant maçonnique du XVIIIe siècle prétendant détenir "Les Lumières" devant conduire l'homme et la société au véritable bonheur. Ces Lumières s'organisaient de telle manière qu'elles devaient conduire à débarrasser la société du viel obscurantisme catholique... Autant dire qu'il s'agit là d'un courant proprement luciférien (l'Ange de Lumière), c'est-à-dire démoniaque.

L'Illuminisme veut influencer et diriger la maçonnerie

"[...] combattre hardiment, mais prudemment, "la supersition, l'incrédulité, la sottise...

"C'est à cela que servent nos écoles Minervales, & les grades inférieurs de la Maçonnerie sur laquelle notre Ordre cherche à gagner toute l'influence possible, pour la diriger vers notre but" (Source: Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 135).

Instruction du chevalier Illuminé relative à la Franc-Maçonnerie

"Dans chaque ville tant soit peu considérable de leur district, les chapitres secrets établiront des Loges Maçonniques des trois grades ordinaires. Ils feront recevoir dans ces Loges des hommes de bonnes moeurs, jouissant de la considération publique, & d'une fortune aisée. Ces hommes-là doivent être recherchés & reçus Francs-Maçons, quand même ils ne devraient pas être utiles à l' Illuminisme pour nos projets ultérieurs (Troisième Inst. pour le même grade, N° 1).

"S'il se trouve déjà une Loge Maçonnique ordinaire dans ces villes, les Chevaliers de l'Illuminisme essayeront d'en établir une plus légitime; ou du moins n'épargneront-ils rien pour obtnenir la prépondérance dans celles qu'ils trouveront établies, ou pour les réformer, ou pour les faire sauter..." (Ibid., N° 3).

"Tous ces Maçons se trouvent dans une grande ignorance sur la vraie Maçonnerie, sur son grand objet & ses vrais supérieurs..." (Ibid., n°5)

"Lorsque un savant Maçon s'enrôle dans notre ordre, il entre immédiatement sous le direction de nos Chevaliers Ecossais" (Ibid., n°16).

(Source: Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 154-156).

Déclaration du candidat au grade de "chevalier"

"Autant qu'il dépendra de moi, je m'engage à ne favoriser l'admission d'aucun indigne aux grades saints; à travailler à faire triompher l'ancienne Franc-Maçonnerie de tous les faux systèmes qui s'y sont introduits; [...] à n'être jamais flatteur des grands ou esclave des Princes; à combattre courageusement, mais prudemment pour la vertu, la liberté & la sagesse; à réfuter fortement, pour l'avantage de l'Ordre et du monde, à la superstition & au despotisme..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 143).

L'Illuminisme est le père de la mondialisation

L'Illuminisme veut établir un régime universel dominateur

Il est intéressant de noter que le principe de la mondialisation (politique, économoque, culturelle) était déjà dans les plans de la secte il y a plus de deux siècles... Voici ce qu'en disait l'Abbé Barruel en 1798, citant les archives de la Secte Illuminée: "En un mot, il faut établir un régime dominateur universel, une forme de gouvernement qui s'étende sur tout le monde, sans dissoudre les liens civils. Il faut donc sous cette nouvelle forme de gouvernement, que tous les autres puissent suivre leur marche ordinaire, & tout faire, si ce n'est empêcher notre Ordre d'arriver à son but, de faire triompher le bien du mal..."

"[...] il faut rassembler une légion d'hommes infatigables, & dirigeant par-tout leurs travaux, suivant le plan de l'Ordre, pour le bonheur de l'humanité..., mais tout cela doit se faire en silence..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 136-137).

Il prétend éliminer les inégalités quand lui-même établit dans la Secte "subordination générale & graduation des supérieurs"

"Dans cette académie (de conjurés), le Candidat & le Novice sont régis par le Frère Enrôleur (ou Insinuant), qui les introduit aux Loges Minervales. Ces Loges Minervales sont régies par les Frères Illuminés mineurs; ceux-ci sont inspectés par d'autres Frères Illuminés majeurs; au-dessus de ces grades préparatoires, est le grade intermédiaire & maçonnique des Chevaliers Ecossais, dont l'inspection s'étend, d'un côté sur les Illuminés majeurs, & de l'autre sur les Maçons de l'Illuminisme, & en général sur tout ce que le Code appelle l' édifice inférieur de l'Ordre. Au-dessus des Chevaliers Ecossais viennent les Epoptes, les Regens ou Princes des petits mystères; & enfin les Mages, l' Homme-Roi (ou Philosophe) des grands mystères..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 303-304).

"Le serment soumettait l'adepte à tous les ordres émanés des... Supérieurs. Il soumettait sa fortune & sa vie même au despotisme de la Secte, s'il était jugé traître ou rebelle par des chefs inconnus..." (Augustin Barruel, ibid., p. 305-306).

"Dans ce gouvernement (de la Secte), il est d'abord pour grand moyen de subordination, une division générale de supériorités comme de localités. Il est des Loges affectées aux adeptes dans leur département; chaque Loge Minervale a son Supérieur dans la classe préparatoire, inspectée par la classe intermédiaire. Il est, en second lieu, des districts dont l'enceinte renferme plusieurs Loges surveillées & inspectées, ainsi que leur Préfet, par le Supérieur du district, que les Illuminés appellent Doyen. Celui-ci est lui-même subordonné à un nouveau Supérieur dont l'autorité s'étend sur toutes les Loges, surtout les Doyennes de la Province, & qui est pour cela appelé Provincial. Un quatrième grade de supériorité, est celui de l'adepte, qui a sous lui tous les Provinciaux d'une même nation, & que l'étendue de son inspection fait appeler Supérieur National. Au-dessus de ces Supérieurs Nationaux est le Conseil Supérieur de l'Ordre, dont les membres sont appelés Aéropagites, & dont le Président est le vrai général de l'Illuminisme" (Augustin Barruel, ibid., t. III, p. 309-310).

Satan se flatte des résultats du Code Illuminé

"Quand cette loi enfin remplie, le Vieux de la Montagne, le dernier Spartacus pourra sortir lui-même de son sanctuaire ténébreux & se montrer triomphant au grand jour. Il n'existera plus ni Empire ni loi, l'anathème prononcé sur les Nations & sur leur Dieu, sur la société & sur ses lois, aura réduit en cendres nos autels, nos palais & nos villes, nos monumens des arts & jusqu'à nos chamières... Le dernier Spartacus contemplant ces ruines & s'entourant de ses Illuminés, pourra leur dire: Venez & célébrons la mémoire de Weishaupt notre Père. Nous avons consommé les mystères. Des lois qui gouvernaient les hommes, ne laissons plus au monde que les siennes. Si jamais les nations & leur religion & leur société & leur propriété pouvaient renaître, ce Code de Weishaupt les a détruites; ce Code seul les détruirait encore.

"Il le dira, le dernier Spartacus; & les Démons aussi sortiront des enfers pour contempler cet oeuvre du Code illuminé, & Satan pourra dire: voilà les hommes devenus ce que je voulais. Je les chassai d'Eden; Weishaupt les chasse de leurs villes, & ne leur laisse plus que les forêts. Je leur appris à offenser leur Dieu; Weishaupt a su anéantir & l'offense & le Dieu. J'avais laissé la terre leur rendre encore le prix de leur sueur; Weishaupt frappe la terre de stérilité. Ils la défricheraient en vain; le champ qu'ils ont semé ne sera plus à eux. Je leur laissais leurs riches & leurs pauvres, leur inégalité; Weishaupt leur ôte à tous le droit de rien avoir...; & pour les rendre tous égaux, il les fait tous brigands. Je pouvais jalouser leurs restes de vertu, de bonheur, de grandeur même sous les lois protectrices de leurs sociétés, de leur patrie; Weishaupt maudit leurs lois & leur patrie, & ne leur laisse plus que le stupide orgueil, l'ignorance & les moeurs du sauvage errant, vagabond & abruti... En les rendant coupables, je leur laissais encore le repentir & l'espoir du pardon; Weishaupt a effacé le crime & le remords; il ne leur laisse plus que leurs forfaits sans crainte & leurs désastres sans espoir..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 430-431).

La société est une servitude, les nations & les peuples, des obstacles à l'universalisme

L'Illuminé se dit Patriote cependant qu'il travaille à la destruction des peuples, nations & patries

"Les hommes étaient donc passés de leur état (de nature) paisible au joug de la servitude (l'institution sociétale). Eden, ce Paradis terrestre était perdu pour eux. [...]Parmi ces hommes, il s'en trouva qui promettaient de protéger les autres, & devinrent leurs chefs. - Ils le furent d'abord des hordes, des peuplades. - Celles-ci, ou bien furent conquises, ou bien se réunirent & formèrent un grand peuple. Alors il y eut des nations & des chefs, des Rois des nations... A l'origine des Nations & des peuples, le monde cessa d'être une grande famille & un seul empire; le grand lien de la nature fut rompu".

"L'impudence de ces assertions étonne le Lecteur; il se dit à lui-même: comment se trouve-t-il des êtres démentant à ce point l'évidence, prétendant nous montrer l'univers ne formant qu'une même famille, & le grand lien de la nature dans les hordes éparses, où l'enfant peut à peine marcher, qu'il n'est plus à son père? Comment peut-on ne voir les hommes cesser de faire une famille, qu'au moment où ils se réunissent pour ne plus vivre que sous les mêmes chefs & sous les mêmes lois, pour leur protection, leur sûreté commune? Mais suspendons nos indignations. Appelons en ce moment sur-tout, aux leçons de la Secte, ces malheureux 'brigands' (un grade de la secte) eux-mêmes, qu'elle flattait de mériter eux seuls le nom de Patriotes, & dont elle guidait le brigandage ou les atrocités, par ces mots si puissants de Peuple, de Nation, de Patrie... Dans le temps même où elle fait donner si haut, pour eux & en public, ces noms chéris, écoutez les malédictions vomies dans ses Mystères, contre tout ce qui est peuple, nation, patrie:

" A l'instant où les hommes se réunirent en nations 'ils cessèrent de se reconnaître sous un nom commun -. Le nationalisme ou l'Amour National prit la place de l'amour général.

"[...] Aussi vit-on alors du Patriotisme naître le Localisme, l'esprit de famille, & enfin l'Egoïsme. Ainsi l'origine des Etats ou des gouvernements, de la société civile, fut la semence de la discorde; & le patriotisme trouva son châtiment dans lui-même... Diminuez, retranchez cet amour de la Patrie, les hommes de nouveau apprennent à se connaître & à s'aimer comme des hommes: il n'est plus de partialité; le lien des coeurs se déroule & s'étend. - Ajoutez au contraire à ce Patriotisme, vous apprenez à l'homme qu'on ne saurait blâmer un amour qui se refferre encore, se borne à la famille, & se réduit enfin au simple amour de soi, au plus strict Egoïsme '

"Abrégeons ces sophismes & ces blasphèmes du Hirophante Illuminé. Sous prétexte de son amour universel, laissons-le s'indigner contre ces noms de Grecs & de Romains, de Français ou d'Anglais, d'Italiens ou d'Espagnols, de Païens & de Juifs, de Chrétiens & de Musulmans, qui distinguent les nations ou les cultes. Laissons-le répéter qu'à travers tous ces noms celui d'homme s'oublie; qu'en résultera-t-il, si ce n'est que pour le Hiérophante Illuminé, comme pour les Sophistes désorganisateurs, ce prétendu amour universel est le manteau de la plus odieuse hypocrisie?..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 183-186).

"Ces classes (grades de l'Illuminisme) forment une académie complète de conjurés. Par-tout où il en existe une semblable, la patrie est menacée d'une ruine prochaine, les Magistrats, les Citoyens peuvent s'attendre à voir leur religion, leurs lois, leurs propriétés bouleversées, anéanties. Mais pour la secte, la patrie de l'homme c'est l'univers; ou pour mieux dire: dans la secte il n'est plus de patrie. Ce mot seul de patrie est un blasphème contre les droits de l'homme, égalité & liberté" (Augustin Barruel, ibid., t. III, p. 304).

L'illuminé apprend à détruire l'amour de la famille plus encore que l'amour national & l'amour de la patrie

"En leur donnant la liberté, l'égalité, le Hiérophante leur a déjà appris à blasphmémer l'amour de la famille, plus encore que l'amour national et l'amour de la patrie; ses leçons leur ont déjà montré dans cet amour de la famille, le principe le plus immédiat du désastreux égoïsme; cherchez donc encore par quel lien vos enfans vous appartiennent; comment ils sont à vous, dès qu'ils peuvent sans crainte résister à votre souveraineté patriarchale... Non, il n'est plus de liens pour la secte infernale. Tous ceux de la anture, comme tous ceux des gouvernemens & de la religion s'effacent dans les derniers mystères de Weishaupt. L'enfant, comme le tigre, oublie son père, dès qu'il peut courir à sa proie. Eh! c'est là ce que la Secte appelle ramner l'univers à la nature, au règne patriarchal, à cette époque où le respect des enfans pour le père suppléait seul aux lois de la société civile! Oui, c'est en consommant la dépravation des moeurs, par l'exctinction des justes, des plus purs sentimens de la anture, que la Secte consomme ses mystères. Au nom de son égalité & de sa liberté, elle maudit l'empire & l'amour de la patrie; au nom de cette même égalité, de cette même liberté, elle abjure l'empire & l'amour de la famille" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 28-286).

A lire ces réflexions de l'abbé barruel, réflexions vieilles d'il y a plus de deux siècles, on est pris de stupeur devant tant de clairvoyance lorsque on examine aujourd'hui l'étendue du matraquage anti-national et anti-familial développé par la Ve République (immigration débridée, attaque générale du sentiment national et patriotique, politique anti-familiale acharnée, divorce, pacs, avortements, etc...). Les mots d'Augustin Barruel sont donc véritablement prophétiques et il fallait bien que ce complot maçonnique qu'il nous décrit avec tant de patience et de minutie, existât pour que nous en arrivions là où nous en sommes.

L'Illuminé se dit "Cosmopolite" ou "citoyen de l'Univers"

"Il ne prétend aimer tous les hommes également que pour se dispenser d'en aimer un seul véritablement. Il déteste l'amour national & patriotique, parce qu'il hait les lois des nations & celle de la patrie. Il déteste jusqu'à l'amour de la famille & il y substitue l'amour universel, parce qu'il n'aime pas davantage & les concitoyens & sa famille, qu'il n'aime le Chinois, le Tartare & le Hottentot, ou le Barbare qu'il ne verra jamais; & parce qu'il lui faut pour tous la même indifférence. Il étend ce lien pour annuler sa force & son action. Il se dit citoyen de l'univers, pour cesser d'être citoyen dans sa patrie, ami dans ses sociétés, père & enfant dans sa famille. Il nous dit aimer tout d'un pôle à l'autre, pour n'aimer rien autour de lui.... Voilà ce que c'est que nos Cosmopolites".

"De nouveaux sophismes viennent lui persuader que la faute originelle du genre humain est réellement d'avoir abandonner l' égalité, la liberté de la vie sauvage, par l'institution des lois civiles..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 186-187).

L'Illuminisme veut détruire la propriété: J.J. Rousseau, père de Weishaupt

"Les progrès du sophisme sont ici remarquables. Que ce qu'ils sont déjà, nous dise ce qu'ils seront un jour. Le Genevois (Rousseau), sophiste de la liberté & de l'égalité, prévenant les leçons du moderne Spartacus, nous avait fait entendre cet oracle; "Le premier qui ayant enclos un terrain s'avisa de dire, ceci est moi, & trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile." Le Genevois sophiste avait ajouté: "Que de crimes, que de guerres, de meurtres, de misères & d'horreurs n'eût point épargné au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant les fossés, eût crié à ses semblables: gardez-vous d'écoutez cet imposteur; vous êtes perdus, et si vous oubliez que les fruits sont à tous, & que la terre n'est à personne!" (Discours sur l'inégalité, 1753, 2è part.)

Qu'il aurait épargné de forfaits & de spoliations à la Révolution française, ce même sophiste si, renonçant à son désastreux paradoxe, il avait su donner au genre humain des leçons plus vraies, plus réfléchies; & s'il nous avait dit: "Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire: ceci n'est à personne, je le cultiverai; de stérile, je le rendrai fertile; je ferai ce que la nature exige de moi pour en tirer ma subsistance, celle de mon épouse, celle de mes enfants; & ce terrain sera à moi. Le Dieu de la nature, qui ne l'a encore donné à personne, l'offre, & le donnera au premier cultivateur pour fruit de ses travaux. - Le premier qui, tenant ce discours, seconda le voeu de la nature & trouva des hommes assez sages pour l'imiter, fut le bienfaiteur du genre humain. Il apprit à ses enfans qu'ils n'étaient pas faits pour disputer aux animaux ou pour se disputer entre eux les fruits sauvages de la terre. Il leur dit qu'il était des vertus domestiques & civiles, préférables à la vie vagabonde & trop souvent féroce des Nomades. Sa postérité fut bénie; ses générations se multiplièrent. S'il ne put prévenir tous les fléaux, il arrêta au moins ce premier des fléaux, cette stérilité qui étouffe le germe de la vie, & ne laisse aux forêts que des hommes épars, trop souvent semblables au lion & au tigre, à qui seuls elles sont destinées.

"Si Jean-jacques eût tenu ce langage, il se fût évité l'ignominie d'être le père de Weishaupt; mais la sottise humaine, baptisée du nom de Philosophie, prodigue des éloges au paradoxe du Genevois; le sophiste Bavarois s'empare du Code de Jean-Jacques, & le délire de l'orgueil est puni par le délire de la scélératesse. Ce qui n'avait été dans les maîtres que le paradoxe d'une folle indépendance, sans perdre sa sottise, devient dans les élèves une désastreuse conspiration.

"Il n'est plus temps de dire simplement: Ce sont là les chimères des Sophistes; il faut dire aujourd'hui (en 1798): Ce sont là les complots qui se trament contre vos propriétés; les complots qui déjà vous expliquent tant de spoliations révolutionnaires; celle de l'Eglise, celle de la Noblesse, celle de nos Marchands,c elle de tous les riches propriétaires. -Je veux le dire, ce sont là des chimères; mais ce sont les chimères de Weishaupt, du démon des brigands conjurés, du démon le plus riche en sophismes, le plus fécond en artifices, pour les réaliser. Ce que Jean-Jacques (Rousseau) a dit à ses Sophistes, le nouveau Spartacus (Weishaupt) le dit à ses légions illuminées: Les fruits sont à tous, la terre n'est à personne; il le dit dans ses antres, & il ajoute: Quand la propriété a commencé, l'égalité, la liberté ont disparu; & c'est au nom de cette égalité, de cette liberté qu'il conspire, qu'il invite les conjurés à rendre aux hommes la vie patriarchale." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 281-283).

L'Illuminisme veut détruire le christianisme

"Sous prétexte de découvrir une Religion plus parfaite, il (Weishaupt) leur a persuadé - aux adeptes - que le Christianisme du jour n'est que Superstition & tyrannie. Il leur a soufflé toute sa haine pour les prêtres & pour l'état actuel des Gouvernements. C'en est assez pour l'aider à détruire; il se gardera bien de leur dire ce qu'il veut édifier..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 151).

LA MORALE "ILLUMINEE"

La morale des Illuminés consiste à rendre l'instruction & la lumière générales. Par là, vous rendrez aussi générale la sûreté mutuelle; or, la sûreté et l'instruction suffisent pour se passer de Prince et de gouvernement...

"Lorsque nous entendons la Secte prononcer avec enthousiasme le mot de morale, souvenons-nous de cette définition. Sans cela, tous ces mots d' honnêtes gens ou de vertu, de bons & de méchans, seraient intintelligibles dans la bouche des adeptes. Avec cette définition seule, l'honnête homme est celui qui travaille à l'anéantissement de la société civile, de ses lois & de ses chefs; le méchant, c'est tout homme qui travaille au maintien de cette société. Il n'est point d'autre crime crime, ou point d'autre vertu dans le Code Illuminé.

L'homme "est méchant parce que la Religion, l'Etat, de mauvais exemples le pervertissent. Il serait bon si l'on cherchait à le rendre meilleur, s'il était moins de gens intéressés à le rendre méchant, pour étayer leur puissance sur la méchanceté..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 202-204)

La thèse est assez perverse pour que nous nous y arrêtions un instant. En somme, argument ressassé encore aujourd'hui, l'homme est méchant à cause d'hommes "intéressé à le rendre méchant" pour leur propre puissance... Les Prêtres et la Religion serait intéressés à le rendre méchant pour leur propre puissance... Le délire est incroyable, mais l'argument fonctionne et même fonctionne très bien chez certains... Nous pensons notamment aux gourous protestants accusant la richesse du Pape et de l'Eglise qui (la Secte ajoutant), pour conserver leur puissance, travailleraient à rendre l'homme méchant! La stupidité de la thèse est évidente et l'on se demande encore comment elle a pu et peut encore prendre des hommes dans ses filets. D'autant que la plupart du temps, les gourous "évangéliques" prospèrent sur leurs lucratives activités...

"La morale (Illuminée) [...] ne sera point cette morale (catholique) qui, en dégradant l'homme, le rend insouciant pour les biens de ce monde, lui interdit la jouissance des plaisirs innocens de la vie, lui inspire la haine de ses frères. Ce ne sera point celle qui favorise l'intérêt de ses Docteurs (on retrouve la thèse stupide développée ci-dessus); qui prescrit les persécutions, l'intolérance; qui contrarie la raison; qui interdit l'usage prudent des passions; qui nous donne pour vertus l'inaction, l'oisiveté, la profusion des biens envers les paresseux. Ce ne sera point sur-tout celle qui vient tourmenter l'homme déjà assez malheureux, & le jeter dans la pusillanimité, dans le désespoir, par la crainte d'un Enfer & de ses démons.

"Cela doit être plutôt cette morale si méconnue aujourd'hui, si altérée par l'égoïsme, si surchargée de principes étrangers. Ce doit être cette doctrine divine, telle que Jésus l'enseignait à ses disciples; celles dont il leur développait le vrais ens dans ses discours secrets" (Augustin Barruel, ibid., t. III, p. 206).

L'humanitarisme universel

"Sois libre, c'est-à-dire soit homme, & un homme qui sait se gouverner lui-même; un homme qui connaît ses devoirs & ses privilèges imprescriptibles; un homme qui ne sert que l'univers (le monde); qui ne fait que ce qui est utile au monde en général et à l'humanité. Tout le reste est injustice. [...] tiens, voilà tous les engagements que tu as contracté envers nous..." (Passage du grade de Régent ou de Prince Illuminé, cité in Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 237).

Où l'on voit que "servir l'univers...; le monde en général...", ce qui est demandé au Régent ou Prince Illuminé constitue en réalité un faux humanisme et un faux humanitarisme car étant l'inverse des recommandations de saint Jacques pour lequel, "la religion pure et sans tache devant Dieu le Père, la voici: '…se garder du monde pour ne pas se souiller'" (Jacques 1.27); car "Ami du monde, ennemi de Dieu" (Jacques 4)... Il nous semblait donc important de rétablir la vérité et la vérité catholique sur le vrai humanisme, en ces temps au contraire où le monde prêche l'inverse des recommandations divines.

Le Code Illuminé prévoit aussi qu'"il faut prêcher avec la plus grande chaleur l' intérêt général de l'humanité & inspirer l'indifférence pour toutes les unions ou sociétés plus étroites..." Augustin Barruel, ibid., t. III, p. 337).

La Franc-Maçonnerie a "le vrai Christianisme" (Knigge)

Les Francs-Maçons encore aujourd'hui n'hésitent pas à employer le nom de Jésus pour égarer les débutants, en avançant la thèse stupide des paroles dites "secrètes" du Christ à ses disciples, et d'un enseignement secret qu'il s'agirait de retrouver, parce que ayant été déformé ou mal compris... par les premiers Chrétiens... Exactement, comme si l'Eglise n'avait jamais été fondée par Notre Seigneur, Lui qui l'a revêtue de l'Esprit-Saint au Cénacle (Esprit-Saint "qui vous fera rappeler toutes les paroles que je vous ai enseignées"), ni n'avait jamais existé... Difficile de faire plus blasphématoire contre l'Esprit-Saint.

"Cette transition conduit Weishaupt au développement d'un mystère d'iniquité, auquel on l'a vu préparer de loin, & ses Illuminés majeurs, & surtout ses Illuminés Chevaliers-Ecossais. Pour l'intelligence de ce mystère, souvenons-nous comment les Frères Insinuant, & ses instituteurs commencent par jurer à leur condidat, à leur Novice, à l'académicien Minerval, que dans toutes les Loges de leur Illuminisme, il n'est pas question du moindre objet de contraire la Religion & aux Gouvernemens. Toutes ces promesses se sont peu à peu perdues de vue; les élèves ont eu le temps de s'accoutumer aux déclarations contre les Prêtres & les Rois. Déjà, il a été insinué que le Christianisme du jour n'est rien moins que la Religion, fondée par Jésus-Christ; il n'est pas temps encore de mettre le Christ même au nombre des imposteurs. Son nom & ses vertus peuvent encore inspirer de la vénération à ertains adeptes. Il en est ou il peut en être quelques-uns, que l'Athéïsme dans toute sa crudité révolterait encore. C'est pour ceux-là que Weishaupt revient ici sur Jésus-Christ. Dans le grade précédent, il s'était contenté d'annoncer que la doctrine religieuse de ce divin Maître avait été altérée; il n'avait pas dit sur-tout de quelle révolution politique il prétend montrer toutes les bases dans l'Evangile. C'est ici que l'exécrable Sophiste fait du Dieu des Chrétiens tout ce qu'en a fait depuis le trop fameux Fauchet, dans les chapitres de la Révolution. C'est ici que Weishaupt fait de Jésus-Christ le Père des Jacobins, & pour parler de langage de la Révolution, le Père & le Docteur des Sans-Culottes. Pour sentir tout ce qu'il y a d'astuce & de scélératesse méditée dans ce détestable artifice, lisons d'abord les confidences de l'adepte chargé de rédiger le Code de Weishaupt. Ainsi que ce monstrueux Instituteur, Knigge voit d'un côté des hommes qui détestent toute révélation; de l'autre, & parmi les élèves même de l'Illuminisme, quelques hommes qui ont besoin d'une religion révélée pour fixer leurs idées. C'est là-dessus qu'il entre en explication avec l'adepte Zwach & qu'il lui écrit en ces termes:

"Pour réunir & mettre en action, pour faire concourir à notre objet ces deux classes d'hommes, il fallait trouver une explication du Christianisme, qui rappelât les superstitieux à la raison, & qui apprît à nos sages plus libres à ne pas rejeter la chose pour l'abus. Ce secret devait être celui de la Maçonnerie, & nous conduire à notre objet. Cependant, le despotisme s'accroît chaque jour, & l'esprit de liberté gagne aussi par-tout en même temps. Il fallait donc ici réunir les extrêmes. nous disons donc encore ici que Jésus n'a point établi une nouvelle Religion, mais qu'il a simplement voulu rétablir dans ses droits la Religion naturelle; qu'en donnant au monde un lien général, en répandant la lumière & la sagesse de la morale, en dissipant les préjugés, son intention était de nous apprendre à nous gouverner nous-mêmes, & de rétablir, sans les moyens violens des révolutions, la liberté, l'égalité parmi les hommes. Il ne s'agissait pour cela que de citer divers textes de l'Ecriture, & de donner des explciations vraies ou fausses, n'importe, pourvu que chacun trouve un sens d'accord avec la raison, dans la doctrine de Jésus. Nous ajoutons que cette Religion si simple fut ensuite dénaturée, mais qu'elle se maintint par la discipline du secret, & qu'elle nous a été transmise par la Franc-Maçonnerie...

Spartacus (Weishaupt avait réuni bien des données pour cela; j'ai ajouté les miennes dans l'instruction pour ces deux grades - Nos gens voyant ainsi que nous seuls avons le vrai Christianisme, il ne nous reste plus qu'à ajouter quelques mots contre le Clergé & les Princes..." (Ecrits orig. t. 2, lett. de Philon Knigge à Caton Zwach, p. 104 suiv., cité in Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 206-210).

"Si l'indignation qu'excite cette fraude prétendue pieuse, permet au Lecteur de supporter le reste des leçons que le Hiérophante illuminé donne à ses Initiés, rentrons de nouveau dans l'antre des oracles rendus par le triple génie de l'impiété, de l'hypocrisie & de l'anarchie:

"Notre grand et à jamais célèbre Maître, Jésus-Christ de Nazareth, parut un siècle où la corruption était géénrale au milieu d'un peuple qui sentait vivement & depuis un temps immémorial le joug de l'escalavage; qui attendait le Libérateur annoncé par ses prophètes [Voilà encore la manière dont l'histoire est présentée aux adeptes. Les Juifs en servitude alors depuis un temps immémorial!... Cette Nation réduisait-elle donc aussi toute son histoire au temps de la Captivité Avait-elle oublié la liberté & les triomphes mêmes sous Josué, ensuite David, Salomon & les autres Rois? Etait-ce aussi depuis la Captivité qu'elle était sous la puissance des Romains, quand Jésus-Christ parut? L'adepte entend parler de cette captivité des Juifs, de ces époques diverses où Dieu les punissait, en les livrant pour un temps à leurs ennemis; & il ne voit plus que captivité dans leur histoire!] - Jésus vint enseigner la doctrine de la raison. Pour la rendre plus efficace, il érigea cette doctrine en Religion, & se servit des traditions reçues par les Juifs. Il lia prudemment son école avec leur religion & leurs usages, en les faisant servir d'enveloppe à l'essence & à l'intérieur de la doctrine. Ses premiers disciples ne sont point des sages, mais des hommes simples, choisis dans la dernière classe du peuple, pour montrer que cette doctrine était faite pour tous, à la portée de tous, & que l'intelligence des vérités de la raison n'était pas un privilège réservé aux grands. Il n'enseigna pas aux Juifs seulement, mais à tout le genre humain, la manière d'arriver à leur délivrance, par l'observation de ses préceptes. Il soutint sa doctrine par la vie la plus innocente, & la scella de son sang. [...] Il cacha, il est vrai, absolument en tout (in ganzem) ce sens sublime, & ces suites naturelles, de sa doctrine, car il avait une doctrine secrète, comme nous le voyons par plus d'un endroit de l'Evangile"... (Augustin Barruel, ibid., 1798, t. III, p. 210-212)

A ce développement, l'on voit que l'Illuminé se contredit. D'un côté il avance que la Religion du Christ était faite pour tous les hommes, même les plus simples, d'un autre côté, il dit que l'enseignement du Christ était caché et qu'il constituait une doctrine secrète! Faudrait savoir... L'abbé Barruel ajoute:

"C'était en écrivant toute cette histoire du Messie, que Weishaupt se jouait d'avance de l'adepte initié, qui se laisserait prendre à ce ton hypocrite..." (Augustin Barruel, ibid., 1798, t. III, p. 212).

Après le christianisme, la morale des "droits de l'homme", de la "liberté", de l'"égalité", outil de destruction de toute religion

Voici le mot réservé dans l'initation au dernier grade de l'Illuminisme (Mage ou philosophe Illuminé):

"Souvenez-vous aussi combien dans ces premiers grades nous vous avons parlé de morale & de vertu, mais combien les études que nous vous prescrivions & les leçons que nous vous donnions, rendaient & la vertu & la morale indépendantes de toute religion; combien, en vous faisant l'éloge de la Religion, nous avons su vous prévenir qu'elle n'était rien moins que ces mystères & ce culte dégénérés entre les mains des Prêtres. Souvenez-vous avec quel art, avec quel respect simulé nous vous avons parlé du Christ & de son Evangile, dans nos grades d' Illuminé majeur, de Chevalier Ecossais & d' Epopte; comment nous avons su, de cet Evangile, faire celui de notre raison; & de sa morale, celle de la nature; & de la religion, de la raison, de la morale, de la nature, faire la religion, la morale des DROITS DE L'HOMME, de l' égalité, de la liberté.

"Nous avons eu en vous bien des préjugés à détruire, avant de vous persuader que cette prétendue Religion du Christ n'était que l'ouvrage des Prêtres, & de l'imposture & de la tyrannie. S'il en est ainsi de cet Evangile, tant proclamé, tant admiré, que devons-nous penser de toutes les autres religions? Apprenez donc qu'elles ont toutes les mêmes fictions pour origines; qu'elles sont également toutes fondées sur le mensonge, l'erreur, la chimère & l'imposture. Voilà notre secret..." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 262-263).

"Si pour détruire tout christianisme, toute religion, nous avons fait semblant d'avoir seuls le vrai Christianisme, seuls la vraie religion; souvenez-vous que la fin sanctifie les moyens, que le sage doit prendre pour le bien tous les moyens du méchant pour le mal. Ceux dont nous avons usé pour vous délivrer, ceux que nous prenons pour délivrer un jour le genre humain de toute religion, ne sont qu'une pieuse fraude que nous nous réservons de dévoiler dans ce grade de Mage ou de Philosophe Illuminé" (Augustin Barruel, ibid., t. III, p. 264).

Lecture faite aux initiés "Mage" ou "Philosophe Illuminé"

"On ne permet pas aux élus de transcrire ces grades; on les leur communique par une simple lecture;...

"Le premier, qui est celui de Mage, appelé aussi le Philosophe, contient les principes fondamentaux du spinozisme. Tout ceci est matériel; Dieu et le monde ne sont qu'une même chose; toutes les religions sont inconsistantes, chimériques, & l'invention d'hommes ambitieux". (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. III, p. 266).

" [...] le Dieu de Weishaupt comme celui de Spinoza ou de Lucrèce, n'était pas autre chose que la matière & l'univers, ou le Dieu des athées. Car le sieur d'Alembert a beau dire que le Spinozisme est précisément le système le plus opposé à l'Athéisme (Voyez Eloge de Montesquieu) & Spinoza, tout comme d'Alembert, aurait beau dire qu'au lieu d'être athée, au lieu de nier Dieu, il fait tout Dieu; la sottise & l'impudence de cette excuse n'en sont pas moins extrêmes. Dire qu'il n'y a point d'autre Dieu que le monde [c'est déjà l'erreur gnostique qui niait le Dieu Créateur], c'est évidemmment nier le seul Être qui puisse être justement appelé Dieu; c'est se jouer des hommes, & leur dire que l'on retient la chose parce qu'on n'ose pas ôter le nom..., alors même que l'on fait usage du nom de Dieu pour détruire l'idée de la Divinité!...

L'Abbé Barruel ajoute: "Je crois donc avoir bien suffisamment démontré que ce premier objet des grands mystères de l'Illuminisme, cet objet de tant de ruses & de tant d'artifices, est de conduire les adeptes au plus monstrueux athéisme, & de persuader à tous les peuples que toute religion n'est que l'invention d'ambitieux imposteurs; que pour le délivrer du despotisme de l'imposture & RECOUVRER LES FAMEUX DROITS DE L'HOMME, la Liberté, l'Egalité, il faut commencer par anéantir toute Religion, tout culte, tout autel, cesser de croire en Dieu" (Augustin Barruel, ibid., t. III, p. 269).