Repentance

De Christ-Roi
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"Malheur aux peuples qui renient leur passé, s'est écrié un libre-penseur, d'esprit très moderne, M. Viollet-Le-Duc. Il n'y a pas d'avenir pour eux." (Préface du Dictionnaire d'Architecture cité in Mgr Delassus, L'esprit familial, dans la famille, dans la cité et dans l'Etat, Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer, Lille 1910, réédité aux ESR, p. 228.)


NI OUBLI NI REPENTANCE (Abbé Pierre-Marie Laurençon)

Le flot boueux de la repentance (plus d'une centaine de repentances officiellement recensées) ne cesse de monter dans la chrétienté, menaçant de tout souiller puis de tout submerger. nous voulons dire ici, de la façon la plus claire, pourquoi nous nous opposons de toutes nos forces à cette entreprise menteuse, malsaine et impie, qui n'est riend 'autre que le dénigrement scandaleux de notre Mère la sainte Eglise.

L'Eglise est formée d'êtres humains qui se reconnaissent eux-mêmes comme pécheurs. A ce titre, au long d'une histoire complexe, il y a eu des fautes individuelles, que leurs responsables ont expiées, en ce monde ou dans l'autre. Ces fautes sont condamnées ipso facto par la doctrine catholique; leurs auteurs, au moment où ils les commettaient, ont le plus souvent été condamnés par le magistère, au moyen des anathèmes et des censures. En revanche, dès leur mort, ces hommes échappent à la juridiction de l'Eglise militante, pour ne plus relever que de la justice de Dieu. La tradition catholique ignore absolument les excommunications post mortem et la damnatio memoriae.

Si elle se contentait d'une condamnation posthume des personnes, la repentance aurait déjà pour étrange principe de battre sa coulpe sur la poitrine des autres... Notre-Seigneur a pourtant stigmatisé cet aveuglement moral par la aprabole de la paille et de la poutre. Et la tradition chrétienne nous invite, non à une accusation du prochain, mais à l'aveu de nos propres fautes: Mea culpa.

Ni repentance

Malheureusement, la mode de la repentance ne consiste pas seulement en une épidémie de pharïsaisme: ce ne sont pas tant les hommes que les institutions chrétiennes que l'on souhaite condamner. Plus que leurs responsables, le repentisme vise le principe même des croisades, de l'Inquisition, de la christianisation de l'Amérique latine, des catholiques de rite oriental (uniates), de la condamnation des erreurs modernes, de l'union de l'Eglise et de l'Etat, etc...

Ces institutions sont, pour une part, historiquement datées. Elles ne sont donc plus forcément de saison, sous la forme que le passé a connue, parce que les circonstances et les mentalités ont changé. A ce titre, il serait sot de prétendre les restaurer, toutes et chacune, absolument selon leur forme originelle.

En clair, nous ne prétendons pas lever aujourd'hui une armée catholique pour aller délivrer le tombeau du Christ du joug des musulmans. Nous n'entendons pas restaurer les tribunaux de la sainte Inquisition. Nous nous ne demandons pas que, demain, le président Chirac proclame la religion catholique seule religion du pays et commence à expulser du territoire tous les non-catholiques.

Cependant, ces institutions ont existé par la volonté ou la permission de l'Eglise, sous son contrôle et sa surveillance, et pendant une longue période (la préparation de la croisade existait encore au XVIIe siècle, six siècles après la première). Bien plus, de nombreux saints y ont participé: saint Bernard, saint Louis et saint Pie V pour les croisades; saint Dominique, saint Raymond de Penafort et saint Pierre pour le tribunal de l'Inquisition; saint Josaphat pour les orientaux catholiques; saint Pie X pour l'union de l'Eglise et de l'Etat.

L'Eglise étant sainte et ne pouvant promouvoir que la sainteté, nous savons de façon absolument certaine que ces isntitutions furent orthodoxes doctrinalement, droites par l'intention, honnêtes dans leur réalsiation générale (ce qui n'empêche pas des fautes individuelles et circonstancielles).

En aucun cas, il n'est permis, comme la vague des repentances le veut aujourd'hui, de les attaquer, de les condamner, de les rejeter dans leur principe même, ou dans l'ensemble de leurs réalsiations: car ce serait blesser immédiatement la sainteté même de l'Eglise. Dénigrer ces isntitutions ecclésiales,c 'est directement porter atteinte à la sainteté de l'Eglise. C'est dilapider, comme des fils de famille indignes, l'héritage d'honneur et de sainteté de notre mère spirituelle.

Qu'on le sache bien: nous serons les résistants de ce nouveau totalitarisme de la repentance, de cette nouvelle collaboration avec les pires ennemis de l'Eglise. Jamais nous ne prêterons la main à cette trahison et à ce reniement.

Ni oubli...

Par ailleurs, si ces isntitutions n'existent plus sous les formes que l'histoire leur avait données, cela ne signifie nullement que leurs fondements et leurs objectifs soient périmés. Bien au contraire! Ce souci de la défense de la foi que représentait l'Inquisition, de la défense de la chrétienté que représentaient les Croisades, de la nécessité du règne du Christ que représentait l'union féconde de l'Eglise et de l'Etat, etc., est plus que jamais d'actualité et doit être conservé au coeur de l'Eglise et dans l'esprit de tous les fidèles catholiques.

S'il est indigne de se repentir du patrimoine de notre Eglise, il serait insensé de perdre le fil de la Tradition catholique par l'oubli de ce que portaient d'essentiel ces formes historiquement datées.

Il y a bien plus: non contents de ne pas mépriser, de ne pas oublier, nous devvons travailler, dans les faits, à la réalsiation des buts qui furent ceux de ces isntitutions historiques. Il ne s'agit pas seulement de refuser le repentisme impie. Il ne suffit pas non plus d'entretenir un souvenir nostalgique. Il faut poursuivre le combat, même s'il s'inscrit aujourd'hui dans un contexte différent.

Une nouvelle croisade

Saint Pie X nous y invite fortement par sa magnifique lettre sur le Sillon: "L'Eglise n'a pas à se dégager du passé; il lui suffit de reprendre, avec le concours des vrais ouvriers de la restauration sociale, les organismes brisés par la Révolution et de les adapter, dans le même esprit qui les a inspirés, au nouveau milieu créé par l'évolution matérielle de la société contemporaine: car les vrais amis du peuple ne sont ni révolutionnaires ni novateurs, mais traditionalistes."

(Source: Abbé Pierre-Marie Laurençon in revue Fideliter, Mai-Juin 1999, n° 129, La Croisade aujourd'hui, ni oubli ni repentance, p. 32-35).

LES CROISADES EN GENERAL (Pie XII)

"Ce mouvement [missionnaire] nous rappelle l'enthousiasme pour les Croisades qui, depuis la fin du XIe siècle presque jusqu'à la fin du XIIIe, tint dans une attente anxieuse l'Occident chrétien... Les Croisades tendaient à atteindre leur but surtout par les armes de la guerre ou de la politique. Les Croisades se proposaient de délivrer la terre sainte, et spécialement le sépulcre du Christ des mains des infidèles, but sans aucun doute des plus nobles et des plus élevés. En outre, elles devaient historiquement servir à défendre la foi et la civilisation de l'Occident chrétien contre l'Islam" (Pie XII, 24 juin 1944, cité in Abbé Pierre-Marie Laurençon, Fideliter, Mai-Juin 1999, n° 129, La Croisade aujourd'hui, ni oubli ni repentance, p. 34).

LA PREMIERE CROISADE (Léon XIII)

"Le Concile de Clermont restera à jamais mémorables entre tous les autres pour avoir suscité la première de ces héroïques expéditions militaires dont le but était d'essuyer les larmes des chrétiens de la Palestine, et de délivrer les lieux sanctifiés par la présence, la Passion, la mort et la Résurrection du Sauveur des hommes (...). Cette grande expédition obtint ce merveilleux succès parce qu'elle avait été préparée sous les auspices de la Reine du Ciel, par des prières publiques dont l'usage s'est perpétué dans l'Eglise (...). Mais ces souvenirs doivent être chers surtout aux fils de la noble nation française, à qui revient la principale part dans cette sainte expédition" (Léon XIII, 29 janvier 1895, cité in Abbé Pierre-Marie Laurençon, Fideliter, Mai-Juin 1999, n° 129, La Croisade aujourd'hui, ni oubli ni repentance, p. 34).