Discussion:Inquisition

De Christ-Roi
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On pourra consulter avec profit le livre dont est extraite la conclusion ci après. Œuvre récente de plusieurs historiens impartiaux, ce livre aborde toutes les questions sur l'inquisition et notamment le bilan des exécutions pendant les quelques siècles où l'inquisition s'exerça.On verra qu'on est TRÈS loin des bilans légendaires démesurés habituels.

"« Si l'Inquisition espagnole avait été un tribunal comme les autres je n'hésiterais pas à conclure, sans craindre la contradiction et au mépris des idées reçues, quelle leur fut supérieure. Plus efficace sans nul doute : l'occupation du territoire presque complète, le réseau de collaborateurs et d'informateurs, ont assuré, pendant deux siècles au moins, un contrôle social sans défaut, encore renforcé par le prestige de l'institution et la terreur sacrée qu'elle inspirait puisque le prestige et la terreur suscitaient fré­quemment les aveux spontanés et la délation, protégée ici comme ailleurs par le secret des témoignages. Et, au XVI° siècle, le système des visites dont nous avons montré l'importance a pro­duit une justice rapide, dépouillée de tout formalisme, à la fois paternaliste et redoutable, une sorte de justice dans la rue à laquelle le petit peuple vieux chrétien semble avoir apporté une adhésion empressée, quel que soit le caractère ambigu de cette adhésion. Plus efficace à n'en pas douter. Mais aussi plus exacte, plus scrupuleuse, en dépit des faiblesses d'un certain nombre de juges, qu'ils fussent orgueilleux, cupides ou paillards. Une justice qui pratique un examen très attentif des témoignages, qui en effectue le recoupement minutieux, qui accepte sans lésiner les récusations par les accusés des témoins suspects (et souvent pour les motifs les plus minces), une justice qui torture fort peu et qui respecte les normes légales, contrairement à certaines justices civi­les et qui, après un quart de siècle d'atroce rigueur, ne condamne presque plus à la peine capitale et distribue avec prudence le châtiment terrible des galères. Une justice soucieuse d'éduquer, d'expliquer à l'accusé pourquoi il a erré, qui réprimande et qui conseille, dont les condamnations définitives ne frappent que des récidivistes. Une justice difficile à abuser, dont la subtilité dialectique sauve les vies des accusés si elle dévalorise leurs discours : l'atti­tude de l'Inquisition à l'égard des femmes, des béates et des sor­cières, est à ce propos révélatrice. Enfin, envers les homosexuels, l'Inquisition va très loin dans l'analyse du délit, le décompose en une multitude de cas de figure que les lois civiles n'avaient pas prévus et réserve sa rigueur aux « irrécupérables »."

Bartolomé Bennassar « L’ Inquisition espagnole XV°-XIX° siècles » .Hachette Littératures (Collection Pluriel) avril 2007.