DEUXIEME PARTIE

De Christ-Roi
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DEUXIEME PARTIE

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TRAVAIL NÉCESSAIRE ET URGENT

pour accomplir l'Œuvre nécessaire. —————

Le travail nécessaire, essentiellement pratique à notre époque, est tout indiqué. Il faut réformer la mentalité sociale actuelle : il faut former la mentalité sociale nouvelle, conforme à la vérité. Il faut créer des énergies capables d'accomplir l'œuvre nécessaire. Or, voilà ce que beaucoup de catholiques ne com¬prennent pas. Nous voulons rendre, à la Vérité ses droits, à Dieu et à l’Eglise leur place. À peine avons-nous fait un pas dans le domaine public, nous rencontrons l'idée faite. Cette idée est tenace ; elle est basée sur le pré¬jugé et l'erreur. Elle est exclusive ; elle n'admet ni théorie, ni principe de vérité. Quand un.jeune homme entre dans un cours de philosophie, de droit ou de science, ses idées sont à faire. Le travail est aisé. Les esprits modernes, eux, ont pris position. Nous ne parlons pas seulement des anti-catho¬liques. Nous parlons, plus spécialement, de ces catholi¬ques, que l'on voit encore à la Messe et à la Table Sainte, dont la mentalité est faite de laïcisme et pour dire le mot, de « maçonnisme ». Par ignorance, par tradition fami¬liale ou nationale, par esprit de conciliation ou par mollesse, ils ont cédé à l'ambiance. L'ambiance, ils ne s'en rendent pas compte, est une création maçonnique. Leur esprit est « laïcisé » ; il est « maçonnisé ». C'est dire combien ardu et ingrat se trouve être le travail entrepris par la Ligne Apostolique. Ajoutez l'insouciance qu'inspire généralement un travail dont les effets ne sont pas immédiatement tan¬gibles et palpables ( ). On veut du « pratique ». Ainsi parlent les dirigeants et les dirigés. On semble ne pas savoir que dans l'ordre social, rien n'est pratique comme l'idée. Nous établirons donc qu'il faut le travail de réfor¬mation de la mentalité moderne, et nous ajouterons quel doit être principalement l'objet de ce travail.


CHAPITRE PREMIER —————— IL FAUT CE TRAVAIL SOCIAL


Il le faut : premièrement, parce que, en matière sociale les esprits ne sont pas attachés à la vérité. Les conséquences de cet état général sont funestes, au su¬prême degré, dans le domaine théorique et pratique.

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Il le faut : deuxièmement, parce que l'action inin¬terrompue des Loges, est un travail de corruption de la mentalité catholique. Notre but est de restaurer tout l'Ordre Social en Dieu et en Jésus-Christ. L'effort capital de la maçonnerie tend à la ruine de cet ordre, à la suppression radicale de Dieu et de son Christ dans l'ordre social. Si par un travail constant, nous n'endiguons pas l'action de la loge ; et, si nous ne formons pas contre elle, chez les nôtres, une vraie mentalité catholique ; jamais nous n'aboutirons à la proclamation de la royauté de Jésus sur l'univers, sur la société et sur les âmes, jamais la société ne sera constituée en Dieu selon toutes les lois de la justice et de la vérité. Rien n'est frappant et instructif à la fois, comme les procédés de la franc-maçonnerie. Les Bulletins des Suprêmes Conseils et des Grands Orients des divers pays, établissent de façon incontes¬table, que le but final de la franc-maçonnerie (nous disons de la franc-maçonnerie, non des francs-maçons qui pour la plupart sont de grands inconscients) est le désordre social. Comme le principe de tout ordre dans la société est l'autorité, il faut la suppression de l'au¬torité. Comme l'Eglise et le Pape sont constitués par Jésus-Christ, les gardiens des vérités morales, même d'ordre naturel, et que la vérité de l'autorité sociale est une de ces vérités, il faut supprimer le Pape et l'Eglise. Comme le Pape est le Chef de l'Eglise, il faut avant tout viser à la tête. Par ailleurs, dès qu'il s'agit de l'Eglise et du Pape, outre la raison générale que nous venons de mentionner, il y a la raison spéciale d'une haine acharnée de Satan et de ses suppôts contre le Pape : « Satan a demandé de te faire passer par le crible », dit jésus à Pierre… et encore « les puissances et les efforts de l'enfer ne prévaudront pas ». Ces buts sont clairement indiqués par les organes officiels des Loges maçonniques. Il faudrait, d'ailleurs, tout ignorer de l'histoire, pour douter. Mais nous ne par¬lerons pas ici des buts que chacun connaît, ce qui nous intéresse pour le moment, c'est le procédé ignoré, lui, de presque tous les catholiques. On croirait à une fatalité; ceux-ci veulent et s'obstinent à vouloir ignorer. Nous en avons dit un mot dans l'introduction ; nous voulons dé¬velopper ici ce que nous n'avons pu qu'effleurer là-bas, Le travail maçonnique est, surtout et presque exclusi¬vement, un travail d'idées. Sous le couvert de l'anonymat, sous le sceau du secret, la maçonnerie s'adapte aux milieux qu'elle veut corrompre ; elle instille ses idées. Elle paraîtra rétrograde s'il le faut, mais insensiblement, elle réalisera son œuvre. Inconsciemment, le public catho¬lique aspirera ses idées perverties, faites par elle et répandues par elle dans l'atmosphère. Sans s'en douter, chacun les absorbera pour les incorporer ensuite à tout l'organisme social et le vicier jusque dans son tréfonds. Prenons par exemple la Belgique catholique, à l'époque de son évolution vers la mentalité maçonnique qui au¬jourd'hui l'enveloppe et la pénètre. Une pensée, toujours la même, préoccupe la loge ; répandre des idées, les infuser, avec une prudence et une habileté consommées, disons plutôt avec une hypocrisie satanique. La Maçonnerie commencera par tenir compte de la situation, des habitudes régnantes. Le Souverain Grand Commandeur Goblet disait le 26 avril 1886, aux Maçons de son obédience : « Je voudrais répéter la célèbre parole de l'homme d'Etat qui rétablit l'ordre... « L'avenir est au plus sage », et, par « les plus sages », je n'entends pas les plus réactionnaires ou même les plus conservateurs. Il y a des cas où le vrai révolutionnaire, c'est le rétrograde. Mais j'entends par là, ceux qui tien¬nent le mieux compte des nécessités du présent et des exigences de la situation, tout en ne perdant jamais de vue les deux grands principes qui sont comme les pôles autour desquels la Maçonnerie rêve de faire tourner le genre humain : justice et liberté ». (Bull. 1885-86, p. IV). En vertu de ces principes n'avons-nous pas entendu un F∴ Lafferre se déclarer catholique, et ajouter : mais il faut être tolérant. C'était la première leçon maçonni¬que donnée aux enfants d'Alsace. Bien plus la Franc-Maçonnerie s'adapte aux situa¬tions, aux milieux ; elle les forme ; elle les cultive : En 19o8, le Bulletin officiel déclare « La Maçonnerie s'est toujours appliquée à se mouvoir dans les milieux sociaux qu'elle avait préparés elle-même. » (Bull., 19o8, P. 40). Cette adaptation et cette culture se pratiquent par l'infusion d'idées sous le masque de l'anonymat. En 1887, dans une réunion maçonnique plénière, le Grand Orateur s'écrie : « A nous maçons de travailler en commun à la diffusion des idées qui, doivent faire les libres-penseurs, avec des convictions solidement établies sachant se passer des Eglises... Etablissons entre nos ateliers (Loges) un courant continu d'idées... (Bull., 1887, P. 83). En 1882, le même Bulletin déclare : La Maçonnerie doit pouvoir, dans ses Temples, suivre les études qui s'ouvrent dans le monde profane; elle doit même pré¬céder, si c'est possible, les débats publics, afin de pouvoir, le cas échéant les diriger... (Bull. p. 67). Bien plus, il prescrit : Dites leur (aux amis) que nous sommes avant tout une école de perfectionnement mutuel et de vulgarisation intellectuelle; une sorte de labo¬ratoire à toutes les grandes idées de l'époque viennent s'affirmer et se combiner, pour se répandre ensuite dans le monde profane sous une forme palpable et pratique. Dites-leur, en un mot, que nous sommes la philosophie du libéralisme. Dites-leur tout cela, avec les réserves que comporte le secret maçonnique. » « Toutes les grandes questions de principes politiques, tout ce qui a trait à l'organisation, à l'existence, à la vie d'un Etat, oh ! cela... oui cela nous appartient à nous en première ligne ; tout cela est notre domaine pour le disséquer, pour le faire passer dans le creuset de la raison et de l'intelligence. » (Bull., 1877, P. 147, et suiv.).

Et encore :

« Les Loges doivent rester des foyers de lumière initiatique; rien de profane ne doit en franchir le seuil. Elles ont pour mission de former des Maçons...

« Quant aux Maçons stylés dans les Loges dont les travaux ont un caractère purement initiatique, ils sauront agir dans le monde profane. Leur influence salutaire s'affirmera partout et produira des fruits précieux dans tous les domaines de l'activité humaine. » (Bull., 1908, p. 253).

En loge de Liège, le 22 octobre 19o5, à l'occasion d'une réception faite au Souv∴ Gr∴ Com∴ Goblet, le F∴ Cahay développe la même thèse :

« Mes FF∴, vous avez le devoir de vous instruire en Loge et d'apporter ensuite dans le monde profane votre part d'efforts à la direction de l'opinion pu¬blique ; votre champ d'action s'étend de plus en plus... « ...C'est sur l'esprit tout entier de l'homme que vous agissez et sur toute sa conscience et non sur une question d'intérêt souvent passagère et secondaire... » (Bull., 1905, p: 73 et sq.).

Avant lui, au Congrès maçonnique en 1889, le Fr∴ Francolin, nous avait pleinement édifié sur cette ma¬tière :

« N'est-ce donc rien, dirais-je encore, que d'établir et de garder ces centres intellectuels et ces centres d'action, qu'on appelle des ateliers, et où chaque soir, chaque semaine, toute l'année, les questions qui inté¬ressent l'organisation des sociétés, tous les problè¬mes des sciences et de l'industrie, sont étudiés, discutés, mis en lumière, de manière à faire des Francs-Maçons, des apôtres rompus à résoudre les objections, prêts à fournir les preuves de vérités qu'ils exposent, à rétablir l'exactitude des principes contestés, à éclairer les intérêts abusés ?... « Ces FF∴ ainsi préparés peuvent ensuite sortir des Temples et répandre tantôt comme Francs-Ma¬çons, tantôt comme citoyens, soit dans les tenues blanches, soit dans les associations, dans les réunions ou dans la presse profane, les ∴... » (Bull., 1888-89, p. 182.)

Et encore : « Les résolutions que nous prendrons ici sous le sceau du secret maçonnique, auront une grande in¬fluence dans le monde profane. Il est évident que, tous les jours, nous rencontrons des hommes avec lesquels nous échangeons nos idées, et quand, dans le monde profane, nous trouvons des hommes qui sont tentés de venir à nous, nous leur tendons une main fraternelle. C'est ainsi que nos idées, se ré¬pandant au dehors, peuvent y exercer une influence. » (Bull., 1886, p. XXIV).

Le 22 octobre 19o5, le F∴ Tempels, parlant de l'ex¬tension que doit prendre la Maçonnerie, nous dit :

Un nombre plus grand d'ateliers, même à effectif réduit, donnerait de grandes facilités pour la divul¬gation en quelque sorte anonyme de nos principes ; car il ne suffit pas de créer des foyers intellectuels, il faut encore que ceux-ci fassent sentir leur influente bienfaisante. » (Bull,, 19o5, p.77).

Le 4 décembre 19o4, on expose en Loge :

« La nécessité de développer dans les campagnes les idées d'indépendance civile, en opposition avec le travail concentrique du clergé, qui fait main-mise sur ce qui intéresse les campagnards de manière à enserrer ceux-ci dans des mailles inextricables. Depuis 189o, sur tout le pays se trouvent des syndicats, des associations, des groupements de toute espèce, en vue d'augmenter l'influence du clergé, sous le couvert de l'extension du bien-être des paysans. « II serait utile de réunir tous les maçons qui sont disposés à étudier en commun les moyens de contre¬ balancer l'influence des organismes dirigés par le clergé. L'on ferait rapport sur les idées qui seraient formulées, on les discuterait, mais il ne serait pas émis de vote car il faut laisser à chacun le soin de tirer de la discussion ce qu'il juge préférable à son milieu, Le Frère Van.., croit que pour aboutir sérieusement il faut agir sous la direction de l'une des Loges, et¬ il annonce que la respectable Loge « La Liberté » est disposée à faire le nécessaire à cet égard. » Bull., 1904, P. 37). Ces procédés maçonniques se trouvent exprimés d'un coup dans ces paroles d'un maçon illustre, le Frère Bergé :

« L'humanité, dit-il, progresse en suivant une spirale. En apparence, l'on se retrouve au même point, mais en réalité, on se trouve vis-à-vis d'une situation nouvelle, on est arrivé plus haut. Il y a des moments d'arrêts dans la marche du progrès, mais la ligne s'est développée. » (Bull., 1883-1884, p. 55).

La Franc-Maçonnerie ne se considère jamais comme vaincue, En réalité, elle ne l'est pas et elle ne peut l'être quand une victoire catholique lui apporte, avec une apparence de défaite, le bénéfice d'une mentalité nou¬velle moins catholique. La Maçonnerie veut engendrer la corruption des esprits, l'attachement à l'erreur, prin¬cipe de tout désordre. Dans ce but, par mille moyens, elle aboutit à la suppression de la vérité objective ; elle efface la puissance de la vérité à l'endroit de l'intelli¬gence. À la place de la vérité, elle mettra dans les esprits, les idées forgées en loge. C'est le triomphe de celle-ci. Si, pour un temps, dans l'ordre politique, des hommes dits « catholiques » sont à la tête du gouvernement, qu'importe ! À la faveur des luttes, des accusations, des calomnies, d'une propagande active, les idées à ten¬dance maçonnique se sont formées. L'air social ambiant les a absorbées. Une mentalité générale s'est créée, et continue de se créer imperceptiblement selon l'esprit maçonnique. « Il y a des moments d'arrêt... » ces mo¬ments sont ceux d'un triomphe catholique plus apparent que réel... « La ligne s'est développée, » c'est la men¬talité publique et sociale maçonnisée. Si, à la faveur des luttes, les idées d'indépendance civile à l'encontre de la dépendance vis-à-vis de l'Eglise, se sont déve¬loppées, le progrès accompli par la Franc-Maçonnerie est énorme. D'ailleurs la secte procède lentement. Son système l'exige. Pour ne citer qu'un exemple : comment s'est formée, même chez les catholiques, cette mentalité qui avilit la Foi catholique et la ravalant au niveau d'une opinion. « Toutes les opinions sont respectables ; chacun peut avoir ses idées. » Tels sont les arguments que l'on apporte pour justifier sa croyance, on serait porté à dire, pour s'excuser de l'avoir adoptée. Quelle puis¬sance reste-t-il au catholicisme, dans ces conditions, et que devient la vérité ? Comment, après ces seules considérations, ne pas se rendre compte que, grâce aux libertés modernes et aux Constitutions des Peuples, les Francs-Maçons ont toute facilité d'action, que, grâce à leurs procédés sournois, hypocrites, lents, ils exercent sur la société une action pénétrante, continue et conséquemment efficace. Tant que cette action est effective, il est impossible de restaurer toutes choses en Jésus-Christ : c'est évident. Pour qu'elle n'obtienne pas les résultats désirés, il est de toute nécessité qu'on lui oppose un travail aussi actif et aussi pénétrant que le sien, un travail qui en¬vahisse le corps social tout entier, qui y paralyse et ruine l'action maçonnique et y produise des résultats contraires, en d'autres ternes qui forme une mentalité sociale nettement catholique.

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Ce travail, il le faut, troisièmement, en raison de la nature même de la société et de l'idée sociale. Qu'est-ce que la société ? — Qu'est-ce que l'idée sociale ?

« Plusieurs hommes, dit le P. Antoine, unissant d'une manière permanente leurs efforts, pour obtenir par une action collective un bien commun, constituent une société. » La société comprend donc un élément matériel : les membres de la société ; un élément formel : Léon XIII dit que l'autorité constitue la forme de la société. Cer¬tains auteurs établissent une distinction entre l'élément formel idéal et abstrait : la coordination, l'union des volontés pour un bien commun et un élément formel concret : l'autorité. Celle-ci devient le principe de l'union, de l'harmonie, de la coordination, de l'efficacité des intelligences et des volontés. Quoiqu'il en soit tenons-nous en à ce qui a été dit dans l'introduction et arrêtons-nous à cette conception : la Société est une union stable des intelligences et des volontés qui tendent vers un but commun sous l'impulsion de l'autorité; et nous nous rendons compte de la puissance nécessaire de l'idée.

Des volontés ne sont pas cimentées dans une unité de tendance, si elles n'ont vu d'abord... et qu'auront-elles vu ? — Elles auront vu le bien auquel l'union les fait aboutir ; elles auront vu le bien de l'union elle-même pour aboutir au bien final et commun ; elles se sont unies, parce qu'elles ont été et qu'elles sont encore éclairées par l'intelligence, — comme il s'agit d'une union permanente, il faut pareillement, que, de façon plus ou moins confuse ou claire, la lumière reste dans l'intelligence. En d'autres termes, il faut l'idée. « Per ideas, dit S. Thomas, intelliguntur formae aliquarum rerum praeter ipsas res existentes » I a q. 15 a I.

Voyez donc tout à la fois la nécessité de l'idée, et, comme conséquence, sa puissance. La mesure de sa puis¬sance en effet, se trouve être en raison directe de sa nécessité d'abord, de sa permanence ensuite. Remarquez les termes du Saint Docteur : formae rerum praeter res existentes. Cette forme de choses qu'est l'idée existe en dehors de la chose dont on a l'idée.

Une volonté qui tend à une fin, connaît cette fin... « Quando homo per seipsum agit propter ftnem, co¬gnoscit finem » I a 2 æ q. I a 2. Une volonté qui tend de façon habituelle à une fin, doit être dirigée de façon habituelle par la pensée de cette fin. Elle ne peut avoir cette pensée habituelle que par l'idée de la fin, entretenue de façon régulière dans l'esprit. Des volontés unies dans un but commun doivent nécessairement avoir comme lumière qui les guide, l'idée du but. Elles sont unies, et comme compénétrées dans leur tendance «UNE » vers le but... ; pareillement elles sont guidées par une idée « UNE » que chaque membre de la société possède. De cette manière, se forme l'idée « UNE » dans l'ensemble des intelligences comme la tendance «UNE» est formée dans l'ensemble des vo¬lontés. Cette idée est l'idée sociale. Elle est concrétisée dans ce corps moral qu'on nomme la société ; elle en est l'exemplaire ; elle lui donne sa forme ( ). L'idée qui a pris corps dans la multitude, y est la forme intellectuelle préalablement conçue du bien exté¬rieur auquel la multitude tend. Sur les volontés, elle exerce l'attrait victorieux qui les amène à s'unir dans le but du bien général ; sur les volontés unies, elle conti¬nue d'exercer cette même puissance pour les maintenir dans leur union. La puissance sociale de l'idée est donc capitale. Elle est supérieure à la puissance de l'idée dans l'individu en raison de l'entraînement qui s'empare des foules, en¬traînement que l'opposition individuelle n'arrêtera pas, ni n'affaiblira ( ). Ces considérations établissent combien aveugles et peu avisés sont ceux qui s'attachent aux seules conver¬sions individuelles et négligent la conversion de la so¬ciété. Aveugles ceux qui ne voient pas que la conversion de l'individu n'est complète que lorsque celui-ci a adopté l'idée sociale vraie, celle qui vient de Dieu et de l'Eglise.

Aveugles sont ceux qui refusent de comprendre, que le principal danger, pour l'individu revenu à Dieu, se trouve, dans la mentalité perverse qui l'entoure, et qui est celle de la société contemporaine !

Aveugles aussi ceux qui ne veulent pas voir que le grand mal de l'individu et de la société, c'est l'idée so¬ciale mauvaise qui, emportant les masses, mène celles-ci aux derniers désordres, et l'individu à la perdition éternelle.

Aveugle qui ne voit pas que tout événement d'ordre social est précédé d'une idée. L'idée s'est concrétisée dans la société ; elle lui a donné sa forme ; elle la conduit au bien souverain ou aux abîmes suprêmes.

Dans sa préface au pangermanisme philosophique, Charles Andler dit : « La croyance philosophique fon¬damentale de l'Allemagne est celle de la valeur active des idées. Comme il n'y a pas d'idéal plus haut que le germanisme et de pratique plus impétueuse et plus efficace que la guerre, on sert l'humanité et ses fins les plus hautes en fondant par la guerre la plus grande Allemagne. « L'idéalisme même, a dit von Bernhardi, nous fait une nécessité de cette guerre ». Charles Andler continue : « On objectera : Que peuvent quelques livres de philosophie même fanati¬ques ? — Les hommes d'action, qui ont la responsabilité du pouvoir et les foules par qui se déchaînent les grands mouvements d'opinion lisent-ils les livres ? Ce scepti¬cisme fait trop petite l'action des idées... Il y a des livres puissants. Les livres de Fichte et de Hegel sont de tels livres. Il n'est pas nécessaire qu'ils aient été lus par beaucoup d'hommes... Ce sont de puissants condensa¬teurs électriques qui capturent l'énergie diffuse fournie par des sources éparses et la renvoient intensifiée, diri¬geable et capable de formidables efforts... » (p. cxLvI.) On comprend que Buckle, le brillant historien de la civilisation anglaise, ait écrit : « La découverte des lois de l'histoire de l'Europe s'est fondue en une découverte des, lois de l'esprit humain. Ces lois mentales, quand on les aura établies d'une manière certaine, deviendront la base de l'histoire de l'Europe... » (t. I., p. I77). Et l'on se rend compte des sentences lapidaires des profonds penseurs ; d'un Lamennais qui dit: « Tout sort des doctrines : les mœurs, la littérature, les consti¬tutions, les lois, la félicité des Etats et leurs désastres, la civilisation, la barbarie et ces crises effrayantes qui emportent les peuples ou qui les renouvellent... » (Essai sur l'indif.) D'un Ernest Hello : « Ce sont les principes qui mènent le inonde, sans que le monde sache par qui il est mené. La plus légère négation religieuse se traduit par des catastrophes matérielles et épouvantables. » (Le Siècle, p. 218). D'un Cardinal Deschamps : « Le mal n'est que l'erreur mise en pratique et les désordres publics ne sont que les fausses idées mises en action. » «Œuvres or., P. 372).

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La conclusion s'impose : qui tient l'idée sociale, tient la société. Qui s'attribue la mission de déformer la société doit apporter ses soins à nuancer et corrompre insensible¬ment l'idée sociale. Qui a la charge de former ou de reformer la société doit d'abord former l'idée sociale. La Ligue Apostolique, avec l'approbation du Pontife Suprême, s'est attribuée la mission de rendre la société à Jésus-Christ et à la Sainte Eglise. Nécessairement, elle a contracté le devoir de former dans la société une mentalité catholique. Elle doit créer et contribuer, dans toute la mesure de son pouvoir, à créer l'idée sociale catholique, dans l'univers entier. Quiconque prend à cœur de sauver la société, de ramener à Dieu les nations, doit nécessairement recourir au même procédé. Et ici encore, la conclusion est tout indiquée : dans nos temps qui ont renié Dieu et Jésus-Christ et la Sainte Eglise, il est de toute nécessité que par un travail cons¬tant se forme la seule mentalité vraie qui ramène les Nations, l'Ordre social tout entier, les générations et les siècles, à Dieu et à son Christ par la Sainte Eglise.


CHAPITRE II

OBJET DE CE TRAVAIL


En d'autres termes : en quoi faut-il que la mentalité moderne soit réformée ? Pour le comprendre, rappelons-¬nous les origines du mal que nous combattons. Dans tout l'organisme social, l'homme a pris la place de Dieu, de Jésus-Christ et de l'Eglise. Les « droits de l'homme » sont la proclamation officielle de cette substitution blas¬phématoire. Nous l'avons constaté ci-dessus. De là, nous avons déduit la liberté officielle de la pensée de l'homme, dans tous les domaines. Certes, bien avant cet acte social solennel, la pensée avait élaboré sa propre défor¬mation. Certains travaux intellectuels de philosophes de renom, avaient préparé les esprits dans le monde entier. Personne, toutefois, ne s'était rendu compte de la révolution profonde, que, d'un coup, les principes et le droit nouveaux apportaient à la France et à l'Univers.

Désormais, juridiquement, la pensée sera maîtresse souveraine et absolument libre. L'esprit de chacun sera créateur indépendant de sa pensée ; et la pensée puisera dans le droit absolu et respectif de chacun, sa propre indépendance, que ne pourra limiter aucun autre droit. Logiquement, nous l'avons dit, les droits de la loi sont nuls et en contradiction, sinon avec les principes moder¬nes pratiques, du moins, avec les principes modernes fondamentaux desquels dérive toute pratique effective. Conséquemment à cet état déplorable de la mentalité moderne, nous déterminons l'objet du travail à réa¬liser. ( ).

I. — Existence de la vérité et du bien; leur indépendance à l'endroit de la pensée et de la volonté de l'homme.

Ce point est fondamental. Si la vérité objective et si le bien existent indépendamment de la pensée et de la volonté humaine, il est de toute évidence que les principes du droit moderne sont renversés. Ce n'est pas l'homme qui fait la vérité et le bien, mais c'est l'homme qui doit acquérir la vérité et s'attacher au bien. Il devra donc les rechercher, les découvrir, là où ils sont, et non pas les créer à sa façon. « Comme le bien (bonum), dit S. Thomas, est, ce vers quoi tend la volonté ; ainsi le vrai (verum), est, ce vers quoi tend l'intelligence. » (I a. q. 16, a. I). Le bien est l'objet de la volonté, comme le vrai est l'objet de l'intelligence. Le bien et le vrai existent donc, indépendamment de l'intelligence et de la volonté. Sup¬posons que, d'un coup, toutes les intelligences soient bannies de la terre, le vrai et le bien objectifs n'en res¬teraient pas moins ce qu'ils sont en eux-mêmes. Pour que l'intelligence soit vraie, c'est-à-dire, pos¬sède la vérité, il est requis qu'elle soit conforme à son objet vrai. Ainsi, se forme la vérité dans l'intelligence de l'individu. C'est la doctrine qu'expose admirablement S. Thomas. Une chose, un objet, est vrai parce qu'il se trouve être dans les conditions suivantes : Dieu l'a conçu pour le créer ; l'objet créé correspond au concept que Dieu s'est formé à son sujet ; il correspond à l'idéal divin; il est vrai. — Pour que l'intelligence humaine soit vraie à son tour, qu'est-il requis ? Il est nécessairement requis, que le concept de l'homme corresponde à la réalité vraie préexistante, et, conséquemment, il faut qu'il y ait une adéquation entre la réalité objective et l'intelligence. C'est pourquoi, S. Thomas dit encore, que chaque chose est connaissable dans la mesure où elle participe à l'être, parce que, dans cette mesure elle est l'objet de l'intelligence. Et le grand Docteur ajoute : « Il y a la vérité de l'intelligence chez l'homme, dans la mesure où l'intelligence est conforme à son principe, c'est-à¬-dire, aux réalités dont elle reçoit la connaissance, comme il y a la vérité dans les réalités selon que les réalités sont elles-mêmes conformes à leur principe, c'est-à-dire, à l'intelligence divine qui les a conçues et créées ». (Ia q. XVI, a I. c.-afl 3, c.-a. 5, ad 2m). Tel est le travail primordial à accomplir dans les intelligences si l'on veut réformer la mentalité. Ce n'est pas l'esprit de l'homme qui fait la vérité, le bien, la loi éternelle. C'est l'esprit de l'homme qui apprend à les connaître et les propage ensuite.

II. - L'autorité et le droit de la vérité et du bien.

Si pour réformer la mentalité moderne, il est pri¬mordial d'inculquer les principes que nous venons d'énoncer, il est primordial, au même titre, d'établir le droit unique de la vérité et du bien et conséquemment le non-droit et l'injustice de l'erreur et du mal. S'il est vrai, que chaque réalité est connaissable dans la mesure où elle participe à l'être, et, que, dans la même mesure elle est l'objet de l'intelligence, il est de toute évidence que tout ce qui est, est l'objet de l'intelligence. Il est pareillement évident, que toute réalité existante, étant objectivement vraie, rend vraie par rapport à elle, l'intelligence qui la perçoit adéquatement. Il est conséquemment évident, que lorsqu'il n'y a pas cette correspondance, cette adéquation entre la réalité existante et l'intelligence, celle-ci n'est pas vraie. Mais elle n'est pas vraie précisément dans la mesure où l'adé¬quation fait défaut, c'est-à-dire, dans la mesure où le concept intellectuel ne correspond pas à la réalité objec¬tivement vraie. Donc elle n'est pas vraie dans la mesure où le concept intellectuel représente une non-réalité, c'est-à-dire, le néant. Mais quel droit attribuer au néant ? Le néant, n'étant pas, ne peut avoir de droit. Le concept intellectuel qui veut lui donner l'être ne peut lui donner ni un droit, ni l'être. Le seul droit du concept faux, est d’être reconnu tel qu'il est c'est-à-dire, faux, erroné, répondant au néant dans sa totalité ou partiellement, conséquemment en tant que tel, ne pouvant, de droit, avoir aucune in¬fluence, aucune autorité sur qui ou quoi que ce soit d'existant. Au contraire, ce qui est, possède l'être dans la mesure où Dieu le lui a donné. Nécessairement il a le droit d'être intellectuellement perçu dans la mesure où il est. Dieu en effet, en lui donnant l'être, l'a fait objective¬ment vrai, et par le fait, il a le droit d'être partout ce que Dieu l'a fait. Par conséquent la vérité objective jouit d'un plein droit. Pareillement, la vérité subjective, c'est-à-dire, la vérité telle qu'elle est dans mon intelligence, jouit d'un droit nécessaire résultant du droit de la réalité objec¬tive d'être vraie partout. Faite pour posséder la vérité concernant les réalités vraies, l'intelligence qui ne peut être vraie que dans la mesure où l'objet vrai est intel¬lectuellement en elle, a comme seul droit et seul devoir d'être conforme à la réalité objective. En outre, l'intelligence, faite pour percevoir le vrai, n'est pas faite pour avoir le concept de ce qui n'est pas et répond au néant. Dès lors, soit qu'on la considère objectivement, soit qu'on la considère subjectivement, seule la vérité et conséquemment le bien ont des droits ; l'erreur et le mal (qui n'est que l'erreur mise en pratique) ne peu¬vent en avoir.

  • *

Les choses en étant là, c'est un devoir de justice stricte d'attribuer à la vérité tous ses droits, comme c'est une injustice d'accorder des droits à l'erreur. L'acte de justice posé en pareille occurrence, ou l'acte d'injustice commis, s'adressent à Dieu lui-même. C'est Dieu, qui a conçu de toute éternité la réalité objective vraie en Lui, et par Lui, vraie en elle-même ; destinée à former la vérité dans l'intelligence. En vertu de sa puissance infinie, Dieu a créé l'être tel. Tel seulement l'être formera la vérité dans l'intelligence de la créa¬ture. Bien plus, en vertu de son domaine souverain, Dieu impose à l'intelligence de concevoir les choses selon qu'Il les a conçues. Sur l'Etre de Dieu, sur son Œuvre et sa Loi, l'homme est obligé d'avoir des idées vraies. Ne pas les concevoir telles, est injurieux à Dieu et constitue une injustice à son endroit. Pas de quartier donc pour l'erreur. Après ces considérations faut-il insister encore sur l'importance de ne pas tolérer que la vérité de la Foi Catholique soit dégradée au point que, socialement, elle passe pour une opinion, et sur la nécessité de faire dis¬paraître cette mentalité actuellement accréditée chez plusieurs, et, qui est la ruine de la vérité.



II. — Conséquemment, il faut une auto¬rité, un pouvoir pour faire respecter la vérité et le bien. Tout pouvoir, quel qu'il soit, est revêtu de cette mission dans la me¬sure de son étendue. — La Politique.


La vérité est exposée à la ruine, et conséquemment le bien aussi. Elle a, pour se défendre contre les pré¬tentions de l'esprit humain, l'impérieuse clarté de sa lumière. Malgré cet éclat, certains membres de la so¬ciété veulent ne pas la voir, ou simplement, peuvent vouloir ne pas la voir. De ce fait, il résulte qu'au point de vue social il y a un double péril pour la vérité : péril de n'être pas connue : péril d'être viciée par la pensée de l'homme ; et, viciée, d'être présentée telle aux âmes qu'elle doit éclairer dans leur marche vers la Béatitude, et conséquemment danger d'égarer ces âmes. Pour empêcher ce double mal, il faut une autorité compétente établie par Dieu lui-même. Cette autorité, c'est l'Eglise d'abord, à laquelle est confié le dépôt des vérités surnaturelles apportées par Jésus-Christ au monde, et qu'elle a mission d'enseigner et de protéger ; — à laquelle aussi est confiée la sau¬vegarde des vérités morales d'ordre naturel. « Nous avons été établi interprète du droit naturel et divin dans toute l'étendue de l'univers », disait Pie IX, le 15 mai 1871. Que de fois, Léon XIII a répété le même ensei¬gnement, renouvelé encore par Benoît XV, à l'occasion de la guerre. Cette autorité, c'est ensuite l'Etat. Nous servant des termes de Léon XIII, nous avons assigné le rôle res¬pectif et les rapports mutuels de l'Eglise et de l'Etat. Qu'on nous permette d'insister sur un point en parti¬culier : L'Etat, en vertu de son institution, a le devoir de protéger socialement la vérité et le bien. Tout pou¬voir dans l'État, doit réaliser cette même mission. Ce que nous avons dit jusqu'à présent, le prouve claire¬ment. Pratiquement, au point de vue social, la vérité ne peut être protégée que par la force au service du droit. Cette force extérieure ne se trouve pas dans la vérité elle-même ; elle n'est pas suffisante dans l'Eglise ; elle ne se rencontre que dans l'Etat, devenu le bras droit de l'Eglise. Or, la mentalité actuelle la plus bénigne à l'endroit de la vérité, c'est qu'il faut laisser l'Eglise « se tirer d'affaires ». C'est là d'ailleurs une conséquence fatale de la suppression de la vérité dans l'ordre social. C'en est une autre que la mentalité complètement fausse en matière politique.

La Politique.

La politique, que l'on entende par elle, la manière de conduire les affaires de l'Etat, ou que l'on entende l'action, qui, par la voie des élections ou de quelque autre manière, mène au Pouvoir, ne peut pas ne pas tenir compte de la vérité, c'est-à-dire, de la Foi catho¬lique. Du fait qu'elle est le pouvoir dans son exercice ou qu'elle mène au pouvoir, elle est strictement obligée d'envisager la vérité et le bien auxquels l'Etat, c'est-à-dire, le pouvoir doit sa protection. La politique doit avoir en vue de créer un pouvoir et de s'organiser en pouvoir, vraiment, et selon toute la force du terme, catholique. L'Eminent Cardinal Boggiani le disait dans sa su¬perbe lettre pastorale au peuple de Gênes, en date du 25 juillet I92o : « C'est une erreur très grave en soi et des plus pé¬rilleuses par ses conséquences que de faire abstrac¬tion de la religion dans l'action politique... « Le catholique qui aborde le terrain de la vie publique et politique, en protestant de vouloir suivre et appliquer le programme chrétien-catholique, et qui pourtant fait abstraction de la religion dans ses actes, non seulement ne remplit pas son devoir, mais, il y manque gravement. Il se trompe lui-même, il trompe son prochain; et, s'il ne les trompe pas, il se moque du moins de l'Eglise et de Dieu. « Faire abstraction de la religion dans la vie publi¬que ? Mais si vous, qui vous dites catholiques, re¬courez à cette voie oblique pour y réfugier votre action plus ou moins « amorphe », « aconfessionnelle », comment pourrez-vous combattre, comme c'est votre plus strict devoir; l'erreur aujourd'hui dominante, l'erreur qui a engendré toutes les «moutonneries » dont nous nous plaignons, à savoir : la séparation de l'Eglise d'avec l'Etat, et l'Etat laïque ? Comment pourrez-vous combattre toutes les autres erreurs du libéralisme ? Qu'est-ce donc que les libéraux ont toujours voulu et dit d'autre, sinon : Indépendance à l'égard de la religion dans la vie publique et poli¬tique ? Ne savez-vous pas qu'une fois admis un principe, vous en devez absolument suivre toutes les conséquences?» C'est dire la gravité de la faute de ceux, qui, détenant le pouvoir, n'en usent pas selon Dieu, en faveur de la vérité et du bien. C'est dire, aussi, l'insanité des systèmes modernes d'élections d'après lesquels le mandataire du peuple est tenu de représenter l'erreur dont est infecté ce peuple lui-même, erreurs telles que le libéralisme, le socia¬lisme, etc., etc. C'est dire encore, la gravité du péché que commet¬tent les électeurs qui confient le pouvoir à ceux qui sont dans des dispositions d'esprit telles, qu'ils en abuseront contre la vérité, c'est-à-dire contre Dieu, Jésus-Christ, l'Église et les âmes. C'est dire enfin que les partis tels qu'ils sont constitués généralement de nos jours, devraient ne pas exister. Il ne pourrait y avoir qu'un seul parti, celui de Dieu et de son Eglise, auquel tous seraient ralliés et dans lequel les intérêts les plus divers pourraient aisément se grou¬per selon l'esprit de Dieu. « Dieu n'a pas de partis ; il est le Père universel. Jésus-Christ n'a pas de partis ; il est le Maître, le Sauveur du monde entier. L'Eglise n'a pas de partis : elle est la Mère de tous les hommes : tous elle les attire amoureusement sur son sein, à tous elle tend les bras. « Le Pape n'est d'aucun parti : Vicaire de Jésus¬-Christ et Chef visible de l'Eglise, il porte à tous les hommes un même amour ; tous il les appelle au bercail, à tous il ouvre ses bras paternels. » (Card. Boggiani).

  • *

Mais puisque, grâce aux principes modernes, de fait, il y a des partis constitués contre l'Eglise de Jésus¬-Christ et la vérité divine, il est de toute nécessité que se forme le parti de Dieu et de l'Eglise dont la mission principale sera de prendre en mains la défense et la protection de l'œuvre de Jésus-Christ en ce monde. Il accomplira le rôle qui, selon les desseins de Dieu, revient à l'Etat catholique aboli, et, par son action, remplacera celui-ci dans toute la mesure de sa puis¬sance et de sa force sociales.

C'est ce qu'enseigne Pie XI, dans sa lettre aux Evêques de Lithuanie ( ).

« Nous parlions des catholiques... comme citoyens en effet, on ne peut les empêcher d'user de leur droit de vote. Bien plus, ils manqueraient gravement à leur devoir si, dans la mesure de leurs moyens, ils ne contribuaient à diriger la politique de leur cité, de leur province, de leur nation ; d'autant plus que, pour Nous servir encore des paroles de ce même Pontife Léon XIII (encyclique Immortale Dei), « Les ca¬tholiques, du fait même de la doctrine qu'ils professent, sont tenus d'agir d'une façon intègre et consciencieuse. Au contraire s'ils demeurent oisifs, les rênes du gouvernement tomberont aux mains de ceux dont les opinions n'offrent que de faibles perspectives de salut. » Ces enseignements des Papes et des Evêques trouvent leur entière justification dans les procédés des Loges maçonniques.


Franc-Maçonnerie et Politique.

La Franc-Maçonnerie par les Bulletins du Grand¬-Orient, déclare formellement :

« La minorité intelligente, (les fr∴ maçons) ne peut lutter contre l'influence de l'Eglise qu'en se servant « de l'Etat comme d'une arme. » (Bull, G. O. de Belgique 1886, p. 96). « Si la fr∴ maç∴ tient au progrès du monde, elle ne peut le réaliser que par la politique. Non, on ne peut séparer la F∴-M∴ de la politique... Notre propagande sera politique ou elle ne sera pas. » (Bull., G. O. de Belgique, 1885, p. 144). « Il n'est qu'une voie ouverte pour ne pas retomber dans les serres rapaces de Rome, celle des réformes politiques et sociales. » (Bull., 1887, p. 85).


Le rapport officiel du Congrès maçonnique tenu à Paris en 1924, a traité entr'autres questions celle de la nationalisation de l'Enseignement. Il déclare : «Au point de vue politique, la Nationalisation sauvera la République du péril clérical. Quand l'enseignement sera nationalisé, l'Eglise perdra un des moyens les plus sûrs et les plus puissants d'étendre sa domination sur la grande masse des Français. Son grand rôle politique et social sera terminé et on verra en France une vie de paix religieuse et sociale. » Le même Convent du point de vue politique réclame l'unité de la morale, c'est-à-dire qu'il demande la pra¬tique de la morale humanitaire en opposition avec la morale du Christ.

Le Convent de 1923 traite la question de l'édu¬cation des citoyens. Voici en quels termes il s'exprime :

« Par éducation civique, il faut entendre la partie de l'éducation générale, ayant pour but la formation progressive et rationnelle de la conscience du citoyen chez l'individu considéré comme membre actif de la Société et à l'effet de le rendre capable de par¬ticiper en parfaite connaissance de cause, au pouvoir dont il détient par son suffrage, une part effective de souveraineté. « Jusqu'ici, nul éducateur ne s'est soucié de cette science que l'on pourrait appeler le «civisme» et qui serait l'art de former des citoyens éclairés. » Et voici les considérations émises par le Convent :

« Les L. L∴ de la fédération française de l'obédience mixte le D∴ H∴ conviées à établir le programme d'une éducation civique à donner aux citoyens et citoyennes, considérant :

« I° Que le civisme est la base, indispensable à la vie en société ;

« 2° Que la Société parfaite ne peut être constituée avec des êtres imparfaits et qu'une organisation sociale n'a de valeur qu'en raison des individus qui la composent ;

« 3° Que le peuple est souverain dans une démocratie ;

« 4° Que l'idée républicaine fléchit par inexistence ou insuffisance de conscience civique, que la majorité des citoyens est dépourvue de sens social et politique ; « 5° Que l'avenir du pays dépend du choix de ses représentants et que le bulletin de vote doit être l'aboutissant de l'éducation civique ; « 6° Que les libertés publiques, l'égalité, la propriété, sont mises en péril par les profiteurs de l'igno¬rance du peuple et ne sont plus effectivement garanties, que l'intérêt, l'égoïsme triomphent, et que la bonté, l'altruisme sont obligés de se cacher ; « 7° Que l'homme et la femme sont ensemble et indivisiblement les constructeurs de l'humanité, que l'union intellectuelle de l'homme et de la femme sera aussi féconde pour la conduite des affaires publiques que pour l'administration de la famille, et que l'avènement politique de la femme française ne saurait se faire attendre plus longtemps ; « 8° Que les partis politiques conçoivent diversement les affaires publiques et l'organisation sociale ; « 9° Que les moyens d'information civique par la presse et la parole sont insuffisants, Définissent « ainsi l'objet et le but de l'éducation civique :

« Objet et but :de l'éducation civique :

« Elle sera basée effectivement sur l'esprit de liberté, de justice, de solidarité, de tolérance et de paix. Elle devra édifier le caractère individuel dans le sens le plus favorable, non à l'individu mais à la collectivité ; développer chez le citoyen le sentiment de sa responsabilité, dans l'évolution individuelle et sociale ; lui faire acquérir toutes les vertus civiques ; restituer la notion du droit, du devoir, de la foi politique ; renforcer l'esprit démocratique ; satisfaire aux aspirations du peuple; lui donner toutes notions de droit civil, pénal, constitutionnel, de nature à lui permettre de juger et de contrôler, tant en politique intérieure, qu'extérieure.

« Emettent les vœux suivants :

Vœux généraux ou vœux de base demandés par toutes les Loges : « L'éducation civique sera donnée sur les bases « définies ci-dessus :

« I° Aux enfants : des deux sexes pendant leur séjour à l'école primaire ;

« 2° Aux adolescents : dans les écoles normales, lycées, écoles spéciales, cours post-scolaires ;

« 3° Aux adultes : dans les cours d'adultes, à la caserne, dans les usines, ateliers, tous centres uni¬versitaires, tous groupements républicains ;

« a) A l'école primaire, de 6 à II ans, la morale so¬ciale se donnant comme but de former chez tous les enfants (sans distinction de sexe, ni de rang) le sentiment social, le besoin de la solidarité, sera la prépa¬ration à l'éducation civique proprement dite.

« b) De II à 16 ans, cette éducation s'appuiera sur la « Déclaration des Droits de l'Homme — devenue selon « l'heureuse initiative de notre vénéré fondateur, la « Déclaration des Droits humains — et sur le programme actuel d'instruction civique, modifié selon les voeux des At∴ At∴

« c) Dans les écoles spéciales et techniques, elle initiera les adolescents aux lois, coutumes, pratiques relatives à leur profession.

« d) Pour les adultes, des causeries familières sur des sujets appropriés au milieu donneront des notions de droit civil, usuel, de législation ouvrière, de droit international. S'adressant aux électeurs et aux électrices, elles leur montreront l'importance d'un suffrage éclairé et les initieront à l'exercice du droit de vote, à la procédure, qui préside à la confection et à l'application des lois.

« Dans nos Loges de fréquentes discussions sur la « législation et la politique devront parfaire notre « éducation civique.

Sujets à traiter dans les discussions des Loges.

I. — La Déclaration des Droits de l'Homme ou plutôt du D∴ H∴ considérée comme préface d'une législation future et commentée en se plaçant au point de vue pratique — en recherchant ce qui, dans la société actuelle, ne répond pas ou répond mal à ses principes, à son idéal — et si l'idéal qui y est formulé répond aux besoins et aux aspirations de l'heure présente.

II. — L'enseignement de l'Histoire réformé dans le but de donner une plus large place à l'histoire de la civilisation, du développement social et économique de l'humanité. L'histoire générale et l'histoire nationale étudiées au point de vue de l'émancipation des peuples ; savoir au nom de quels principes et de quels prétextes d'économie politique, les peuples se sont fait, se font et peuvent encore se faire la guerre ; étudier le droit constitutionnel de son pays comparé à celui des autres pays, connaître l'origine, le but, et les moyens des grands problèmes politiques : poli¬tique de l'instruction publique, de l'hygiène sociale, de la défense nationale politique et religieuse en sorte que chaque citoyen connaisse sa situation comparée à celle des citoyens des autres pays.

III. - Le programme modifié de morale sociale :

« a) Devoirs envers soi-même, — Harmonie né¬cessaire de l'âme et du corps : le Beau, le Vrai, le Bien, reflétés par la tenue, les gestes, la voix, la maîtrise de soi-même. Probité intellectuelle.

«, b) Devoirs envers la famille, — Egalité du Père, de la mère, du frère et de la sœur, élévation morale des serviteurs. Respect de la vie des animaux, suppression des jeux barbares ;

« c) Devoirs envers la Société. — Respect de la vie : suppression de la guerre. Liberté de pensée tolérance. La solidarité sociale : la coopération.

« d) Devoirs envers l'humanité. — L'égalité des races, l'humanitarisme opposé au militarisme. La Société des Nations, l'arbitrage international. Fédération des Nations vers la Paix par le droit.

IV. — Modifications à apporter au programme actuel d'instruction civique :

« — Etudier : du groupement en communes à celui en nations, selon leur évolution dans l'histoire ; Ajouter: l'école unique, la vérification des impôts, la Société des Nations, l'arbitrage.

« — Un peu d'économie politique : production de la richesse, rôle du capital dans l'industrie, le commerce, l'agriculture : répartition des richesses : syndicats, coopératives, assurances sociales.

« — Suivant les régions : législation agricole, industrielle, commerciale, travail des enfants, des femmes.

« — Connaître actes et formalités de l'état civil, actes d'enregistrement, baux, prêts.

Vœux particuliers exprimés par quelques loges :

« — Etude de l'histoire des religions pour amener à la plus large tolérance.

« — Historique de la condition de la femme tra¬vers les âges et les pays.

« — Education sexuelle des jeunes gens (les droits et les devoirs de chacun ; responsabilité des parents dans la procréation des enfants au point de vue hygiène physique et morale) et éducation ménagère dans leurs rapports avec le civisme.

« — Etude des divers partis politiques, leurs attaches historiques, leurs doctrines, leur programme : examen et critiques de faits précis s'y rapportant.

Vœux complémentaires :

« a ) Création dans chaque commune d'une Maison du Peuple indépendante de la Mairie, - où fonctionne¬raient les œuvres d'assistance communale : consulta¬tions gratuites, crèches, etc... — où les compétences locales réuniraient les adultes pour les causeries devant parfaire leur éducation civique. Cette Maison du Peuple aurait : bibliothèque, salles de réunion, salle de spectacle et serait entretenue par la com¬mune ;

« b) Que les municipalités favorisent la construction de maisons ouvrières avec jardins pour favoriser la lutte contre les taudis, l'alcoolisme ;

« c) Que les LL∴ mixtes du Droit Humain poursuivent elles-mêmes l'éducation de leurs membres; qu'elles consacrent, dès à présent, quelques tenues à l'école des moyens pratiques permettant aux femmes de révéler leurs aptitudes aux affaires publiques ;

« d) Que soit demandé au Conseil supérieur de l'Instruction publique d'inscrire l'instruction civique comme une matière distincte, notée à part dans tous les examens ; que cette étude soit obligatoire dans les cours d'adultes ; qu'un certificat de fréquentation de ces cours soit exigé comme sanction, pour avoir droit à l'inscription sur les listes électorales. »

Le même Convent traite longuement la question de l’Ecole unique.

Nous y relevons le paragraphe concernant la laïcité :

« L'Ecole nationale de demain ne sera pas confessionnelle, pas plus d'ailleurs que l'école actuelle ; elle devra être ouverte à tous les enfants, sans s'inquiéter de leur situation sociale, pas plus que des opinions politiques et religieuses de leurs familles, la confession religieuse des enfants et des jeunes gens n'ayant aucun rapport avec leurs études. L'école nationale sera nécessairement, comme l'État, neutre. L'instruc¬tion religieuse des enfants pourra être continuée ; mais en dehors et indépendamment de l'école na¬tionale qui sera essentiellement laïque. L'école unique aura pour but, non d'imposer un dogme, dogme reli¬gieux ou dogme d'Etat ; mais au contraire de former des hommes qui, ayant reçu une instruction basée sur la tolérance et devant servir au progrès de l'humanité, auront conscience des sentiments d'égalité et de fraternité qui doivent unir tous les hommes. »

Par ces données nous devons comprendre ce qu'il faut penser des systèmes de compromissions, de conces¬sions, de transactions et de conciliations qui, de nos temps, pullulent et sont devenus les procédés systémati¬ques de trahison de la vérité.

Qu'on inédite le saint Evangile et l'on se rendra compte que Dieu demande, non des hommes aux conces¬sions, mais des apôtres et des martyrs.

Est-il un seul pays où en matière de politique et d'élection, la mentalité ne doive être totalement réfor¬mée ? — Nouvelle tâche assumée par la Ligue Apos¬tolique.

IV. — L'homme est libre. Il y a une loi tracée à cette liberté : la loi de la vérité et du bien; et conséquemment, la loi de l'autorité.

L'homme est libre. Il y a une loi tracée à son action par la nature. Il ne peut ni se suicider, ni commettre le meurtre, ni se rendre coupable d'injustice, etc. Pourquoi? Parce qu'il y a une limite tracée à sa liberté. Sa liberté a donc une loi, et, que l'homme le veuille ou ne le veuille pas, cette loi est imposée à sa liberté. Si pareille loi existe, il existe aussi, et nécessairement un droit qui la dicte, et sans lequel elle ne pourrait être. Le droit de l'homme cesse, là où un autre droit l'arrête. Or, le premier et le plus fondamental de tous les droits, base de tous les autres, revient à la vérité et conséquem¬ment au bien. Chacun est obligé de respecter intégra¬lement le droit de la vérité. — La question n'est pas de savoir s'il s'agit d'une vérité d'ordre inférieur ou supé¬rieur, d'ordre naturel ou surnaturel ; la question est de savoir si nous sommes devant la vérité, quel que soit le qualificatif qu'on y ajoute. Or, à la vérité, il faut appliquer ce que nous avons dit des droits de la vérité. Personne ne peut la nier ; c'est le premier devoir du respect que chacun a l'obligation de lui porter. Si la vérité, non seulement existe, mais est faite pour l'homme ; de droit, toute entière elle s'adresse à l'homme. Sa raison d'être alors, c'est l'homme. Celui-ci, non seulement ne peut la nier, mais doit l'adopter comme lumière et principe de direction de sa vie. Or, l'Etre Suprême et Eternel, Dieu, ne s'est pas contenté de se manifester à la raison humaine par les voies naturelles ; il s'est communiqué par la révélation de la vérité surnaturelle directement destinée à éclairer l'homme et à le diriger dans toute sa vie. La révélation est faite pour l'homme. La loi naturelle, faite elle aussi pour l'homme, a été surélevée par Jésus-¬Christ dans la promulgation de la loi surnaturelle. En l'homme, et indépendamment de lui, il y a donc tous les droits émanant de la vérité, soit naturelle, soit surnaturelle, communiquée par Dieu au monde, et il n'en est point d'autres. Pour l'homme, il y a la loi, nécessairement intangible, de la vérité du bien. Contre cette loi il ne peut y avoir de droit. La vérité et le bien, tels que Dieu les a faits, sont donc une limite nécessaire tracée à la liberté de l'homme. En outre, Dieu, ayant préposé à la sauvegarde de la vérité et du bien, l'autorité, la liberté se trouve néces¬sairement limitée par elle. — Nous disons : « limitée ». Logiquement, on ne peut dire que la vérité, le bien, l'autorité resserrent ou compriment la vraie liberté. Avoir la faculté de pécher n'est pas un privilège attaché à la liberté, mais une résultante de l'infirmité de la vo¬lonté et de son libre arbitre. La vraie liberté consiste dans la faculté de choisir dans l'ordre de la vérité et du bien, en vue d'une fin bonne. La volonté et l'intelligence ne peuvent qu'évoluer à l'aise, dans le bien et la vérité, qui, en Dieu, sont sans limite. Les vrais limites résultent du non-être qui se rencontre dans l'erreur et le mal, comme nous l'avons exposé. On ne peut logiquement, selon les simples lois de la nature, s'attacher à ce qui n'est pas, ni évoluer dans ce qui n'est pas. Le néant c'est le néant. Tout attachement à lui, ou toute évolution en lui, constituent une réalité dans le sujet qui s'attache, puisqu'il y a là un mouvement imprimé à l'âme, mais sont sans objet réel vu qu'ils s'appliquent au néant, que, intentionnellement, ils mettent à la place de Dieu et de sa Loi. Dans ce cas, la liberté reste donc subjective. Du côté de l'objet elle est fictive puisqu'en réalité on n'évolue pas dans le néant que sont l'erreur et le mal. Seule, l'imagination de se croire libre, surnage au nau¬frage de la vraie liberté. Dans la Béatitude, les Saints se trouvent dans l'impossibilité de s'attacher à l'erreur ou de faire le mal, ils jouissent de la plus absolue liberté dans la plénitude de l'Etre divin qui se communique à eux. Dans les enfers, les damnés appliqués dans leur volonté au mal, c'est-à-dire, au néant comme fin suprême, n'ont aucune liberté. Ils sont arrêtés par lui !

Ces quelques considérations, ajoutées à celles que nous avons faites sur la vérité, feront saisir sur le vif, la culpabilité de l'individu et de la société qui abusent de ce grand mot : liberté !

Individuellement, l'homme a le choix entre le bien et le mal, entre l'erreur et la vérité. Imitant la sagesse de Dieu, 1'Eglise s'interdit de violenter sa conscience. Pour l'amener au bien elle lui remettra sous les yeux les splendeurs de la vérité, la béatitude de l'Eternité, le malheur final de ceux qui s'attachent au mal. S'il s'obstine à se refuser à Dieu, il se condamne lui-même au châtiment éternel ; c'est son affaire.

Au point de vue social, il n'est est pas de même. L'organisation sociale peut devenir et devient effecti¬vement, nous l'avons dit, l'occasion et la cause de la damnation de millions d'âmes. Il est donc requis d'employer tous les moyens licites pour éclairer sa conscience sociale et l'amener à s'appli¬quer exclusivement à la vérité et au bien. La société, tous les Pontifes le répètent, a la mission de protéger la vérité, le bien, et l'œuvre de Dieu qui en est l'expres¬sion pratique, la sainte Eglise. Quelle terrible responsabilité pour ceux qui ont la mission d'éclairer les peuples, pour ceux aussi qui sont préposés au gouvernement des peuples. Or, la mentalité faite par les constitutions modernes et conformes à ces constitutions, ne peut s'allier à la mentalité qui veut que Dieu, Jésus-Christ, la Sainte Eglise règnent dans la société et dans les âmes. Cette mentalité contemporaine use de la notion fausse de liberté, selon les suggestions maçonniques, pour aboutir à la corruption sociale complète, à l'anarchie. Les Organes officiels des Loges sont remplis de témoi¬gnages qui établissent ce fait. Nous nous bornons aux enseignements du décalogue sacré, connu des seuls initiés et que voici :

1er précepte : « Dieu ( ) a créé les hommes avec une liberté pleine, commune et égale à tous. Il suit de là qu'on ne pourra resserrer, limiter ou restreindre cette liberté, sans faire une injure intolérable à Dieu et non moins grande et intolérable aux hommes... »

2e précepte : « ...Dieu est très jaloux de sa domination absolue sur cette terre... il considère comme vou¬lant s'égaler à lui quiconque prétend participer à cette domination. Ce serait faire à Dieu une injure très grave que de ne reconnaître aucune juridiction ni autorité particulière ; ce serait une offense très grave et contre sa majesté suprême et contre la liberté naturelle de l'homme qui est son œuvre. »

3e précepte : « La liberté naturelle a été presque détruite par la méchanceté et surtout par certains Assyriens qui, les premiers, ont inventé les noms de Principauté et de sacerdoce. Mais il y eut heureusement des hommes qui virent que le principe de cette violence de quelques usurpateurs était dans l'ignorance dans laquelle se trouvait la plus grande partie des hommes. C'est cette ignorance qui a rendu possible de telles usurpations sur les droits de ce Dieu à qui les hommes doivent tant. »

4e précepte : « La grande entreprise des hommes qui ont le cœur bien placé et l'honneur en recommanda¬tion est donc de rebâtir le temple entièrement, abattu et de sortir enfin des ténèbres de l'ignorance. C'est de s'armer et de s'élever contre les indignes usurpateurs jusqu'à les tuer, si cela est nécessaire; comme des vrais tyrans sur terre et en punition d'avoir usurpé les droits de Dieu et une puissance qui est égale pour chaque homme et commune à tous... »

7e précepte : Cette entreprise est la plus difficile qui fût et qui sera jamais ; car elle consiste à combattre la Principauté et le sacerdoce qui sont en possession de la tyrannie sur la liberté de l'homme. Il s'ensuit qu'il nous faut la protection assurée des gens les plus puissants et les plus respectables dans toutes les classes. »

8e précepte : « Mais surtout et avant tout, un secret sacré et inviolable doit être la fondation de cette difficile entreprise... »

9e précepte : « Le secret est si inviolable qu'aucune puissance publique soit de la principauté, soit du sacerdoce ne peut jamais y avoir aucun droit. La Principauté et le Sacerdoce devant être tous détruits et anéantis en sapant leurs fondations, en enlevant leurs appuis et en les renversant définitive¬ment, ne peuvent avoir de raison qui les défende et qui les garantisse. « Aussi, pour assurer l'exécution de cette révolution, mettra-t-on toujours en avant dans les actes, procédés et entretiens de la société et de ses membres : rien contre les lois, — rien contre la religion — rien contre les bonnes mœurs... »

Enfin le Ioe précepte : « Et parce que ce secret est de si haute importance, il doit résider chez les seuls architectes qui doivent diriger l'édification, du Temple entièrement ruiné. Dans les loges on fait savoir seulement que l'objet de la société est une charité sûre et réciproque, etc... »

L'enseignement maçonnique fondamental, — car il est un enseignement concomitant en loge, celui du culte de l'humanité et de la nature ; il faut en effet donner à l'esprit de l'homme comme aliment intellectuel quelque chose de positif, — est donc le suivant : Il faut la liberté absolue. Il ne peut y avoir, sur la terre, ni juridiction, ni autorité, ni souveraineté, ni supériorité quelconque. Comme il est deux institutions qui incarnent l'autorité, le sacerdoce et la royauté ou le pouvoir quel qu'il soit, elles sont nécessairement le point de mire de la haine et de la vengeance maçonniques ( ). D'autres documents nous révèlent que pour parvenir à supprimer toute autorité, la maçonnerie doit s'ingé¬nier à supprimer insensiblement le droit de propriété. Or, au point de vue social, le programme maçonnique ¬que nous venons d'exposer, se réalise en principe dans les constitutions modernes. Nous l'avons établi dans la première partie. Ce même programme se réalise dans la mentalité ou l'opinion publique qui en dérive. Cette mentalité règne actuellement. Il est de toute nécessité de créer une mentalité opposée à celle qui procède des Constitutions modernes, une mentalité qui aille à l'encontre des principes et du droit modernes et principa¬lement des grandes libertés constitutionnelles issues des droits de l'homme.

V. — Conséquemment, il faut former dans les esprits et y maintenir intangibles, les vérités primordiales de la foi, comme vérités strictement nécessaires à la base et au maintien de l'ordre social, à sa vérité et à sa justice : Dieu, Jésus-Christ, l'Église, il faut amener les volontés à agir avec énergie selon la vérité.


La raison de ce dernier et suprême travail sur les esprits, c'est que Dieu, Jésus-Christ et la Sainte Église sont la vérité qui sauve les individus, la famille, la société, l'ordre social et les peuples. Tout ce qui a été dit précédemment concernant la vérité et la liberté, a été dit à cause d'eux et pour eux. Les intelligences, donc, doivent être convaincues que Dieu est le Dieu des Nations et de la Société, comme Il l'est des individus. Les volontés doivent être résolues à ne pas s'accorder de repos, jusqu'à ce que les Constitu¬tions et les Chartes des Peuples, soumises à Dieu et à son Christ, proclament leur Souveraineté absolue, jusqu'à ce que Jésus-Christ ait repris son empire sur la Société toute entière, jusqu'à ce que l'Église et le Pape aient, dans la Société, la place qui leur revient. IL faut, particulièrement, que ces convictions et ces résolutions aient comme objet, les prérogatives de la Sainte Eglise :

Sa vérité divine à l'encontre de toutes les inven¬tions humaines ; Sa mission divine à l'endroit de l'individu comme à l'endroit des familles, des nations et des gouverne¬ments ; à l'encontre des théories sociales modernes ; Tout spécialement sa mission de vérité et de charité : Jésus-Christ n'a pas seulement apporté au monde la vérité, mais encore la charité. Il les a confiées l'une et l'autre à son Eglise : « C'est mon commande¬ment que vous vous aimiez... » À qui a-t-il pu trans¬mettre « son » commandement si ce n'est à celle qui Le remplace sur la terre, son Eglise ? Cet enseignement est d'une importance majeure. Parce que la société s'est soustraite à Dieu, partout la charité est laïcisée. On la transforme, en une philanthropie neutre, c'est-à-dire, maçonnique, imitation contrefaite et difforme de l’œuvre de Jésus-Christ. Il ne nous est pas permis d'abandonner ni aux socialistes, ni aux francs-maçons ce qui appar¬tient à Jésus-Christ et a été légué par Jésus-Christ à la Sainte Eglise : « non possumus ». Ce qui, à ce point de vue, s'est passé pendant la guerre mondiale, est un vrai scandale. Pareillement il est nécessaire d'affirmer la mission de l'Eglise à l'endroit de la loi naturelle . «Elle est non seulement la gardienne des vérités révélées, mais la sauvegarde nécessaire de la loi naturelle.» (lettre du S. Siège, à l'Archev. de Tours). Cette doctrine doit être dite et redite à une époque où les gouvernements, em¬boîtant le pas à certains rationalistes libres-penseurs, ont créé, pour l'enseigner dans les écoles, un système de morale humanitaire et indépendante de la foi catho¬lique, conséquence de la religion de l'humanité. Certains catholiques de nos jours se font prendre au piège et vont jusqu'à déclarer : il vaut mieux que les enfants entendent l'exposé de la morale indépendante que de ne rien emporter de l'école. C'est une aberration.

  • *

Pour obtenir le résultat attendu : la réforme de la mentalité moderne et l'établissement d'un état d'esprit catholique, c'est-à-dire, vrai et juste, à l'égard de Dieu, de Jésus-Christ, de l'Eglise et de la Société, il est de toute nécessité, pour tout catholique, de s'armer de dis¬positions telles, qu'elles soient de nature à nous faire aboutir certainement. Il faut former la mentalité catholique ; Il faut aussi que cette mentalité, formée ou en voie de formation, ne soit pas soumise à l'action des causes dissolvantes qui ont produit l'étai actuel des esprits. A cette fin, il est requis : Premièrement : de ne pas voiler la vérité. Tout ce que désire la franc-maçonnerie, c'est que la vérité ne soit pas produite au grand jour ; que les droits de la vérité catholique ne soient pas affirmés; que lorsqu'il est question de Dieu, des droits et prérogatives de l'Eglise dans l'ordre social, les catholiques aient recours à un système de prétérition et d'oubli, — système qui apparemment sauve les droits de la conscience croyante et donne satisfaction aux susceptibilités des incroyants qui ont décidé de ne pas tolérer l'action de l'Eglise dans la société. Hésiter, tergiverser, à plus forte raison se taire ou passer sous silence, permet à la loge maçonnique, d'une part, d'opérer l'effacement de l'Eglise et du coup d'empêcher l'accomplissement de sa mission, d'autre part, de s'emparer de l'idée sociale, de la former à sa manière, de la répandre partout et de maçonniser les masses. Ainsi, à la faveur de l'union dite « sacrée », et pour ne pas froisser libres-penseurs, libéraux ou autres, on s'est abstenu d'étaler ouvertement les prérogatives divines de l'Eglise. Les conséquences étaient inévitables : au point de vue social, Eglise, franc-maçonnerie, socialisme, etc., sont dignes d'un égal respect. Cette conclusion, il est vrai, est implicitement exprimée dans les libertés constitutionnelles. L'attitude des catholiques a fait qu'elle est pratiquement appliquée. Ce que nous venons de dire au sujet de l'Église; il faut le répéter au sujet du droit moderne. On n'ose pas affir¬mer la vérité le concernant. On recourt à des distinctions, à des transactions parfois pires que le silence. Entre temps les francs-maçons couverts par nos lâchetés, qui souvent sont une approbation implicite, peuvent faire passer les constitutions modernes comme les plus par¬faites. Malheur désormais à qui s'en prendra au droit moderne et aux libertés constitutionnelles ! Ainsi toutes les manœuvres anti-catholiques s'établis¬sent sous l'égide de la Constitution du pays. Et les catho¬liques de reconnaître que tout est conforme au droit, et d'ajouter qu'à l'encontre des procédés maçonniques, ils ne peuvent faire valoir les droits de la vérité catholique ! Ne s'exposerait-on pas, n'exposerait-on pas l'Eglise, à des représailles un jour ?... O félonie !

Deuxièmement : Il est de toute nécessité d'affirmer la vérité entière. Il faut proclamer ouvertement et hautement les droits de Dieu, de Jésus¬-Christ et de l'Eglise Catholique, et les devoirs si complets et si absolus de la créature, c'est-à-dire de l'homme, de l'ordre social et des nations. Il faut affirmer la vérité toute entière, concernant les constitutions des peuples et les libertés modernes, et les déclarer cause initiale de tous les malheurs de la société. Ne pas agir de la sorte, c'est permettre, à l'ennemi de Dieu et de la société, de trouver chez nous un côté par lequel il pourra nous surprendre, c'est lui donner toute facilité de s'adapter à notre mentalité craintive, d'inspirer ses idées et insensiblement de nous perdre.

Troisièmement : Et tout spécialement, il faut affirmer le rôle prépondérant de la politique et sa dépen¬dance absolue à l'égard de Dieu.

L'Etat a la mission de protéger la vérité, donc l'Église catholique. Il n'accomplit pas son devoir. Son rôle est nécessairement dévolu à ceux qui, pratiquement, détiennent le pouvoir. L'organisation du pouvoir est la résul¬tante des élections et de la politique. En conséquence, la politique, doit, non seulement, être théoriquement sou¬mise à Dieu, mais il faut qu'elle se mette sur le pied de la défense des intérêts de l'Eglise. Il le faut d'autant plus que comme nous l'avons vu ci-dessus la franc-maçonnerie déclare elle-même qu'elle recourt à la politique comme à un moyen suprême. Tel est le travail qui s'impose.

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CONCLUSIONS :


Croisade nécessaire ! Dieu le veut !


L'immortel Pontife Léon XIII, écrit dans son ency¬clique « Sapientiæ Christianæ » :

« L'homme qui a, comme il le doit, embrassé la foi chrétienne est, par ce fait même, soumis à l'Église, sa Mère, et devient membre de la société la plus haute et la plus sainte, que, sous Jésus-Christ, son Chef invisi¬ble, le Pontife de Rome, avec une pleine autorité, a la mission de gouverner. Or, si la loi naturelle nous ordonne d'aimer d'un amour de prédilection et de dévouement le pays où nous sommes nés et où nous avons été élevés, jusque là que le bon citoyen ne craint pas d'affronter la mort pour sa Patrie, à plus forte raison, les chrétiens doi¬vent-ils être animés de pareils sentiments à l'égard de l'Eglise. Car elle est la cité sainte du Dieu vivant et la Fille de Dieu lui-même, de qui elle a reçu sa constitution. C'est sur cette terre, il est vrai, qu'elle accomplit son pèlerinage. Mais, établie institutrice et guide des hommes, elle les appelle à la félicité éternelle. I1 faut donc aimer la patrie terrestre, qui nous a donné de jouir de cette vie mortelle; mais il est nécessaire d'aimer d'un amour plus ardent l'Eglise, à qui nous sommes redevable de la vie immortelle de l'âme, parce qu'il est raisonnable de préférer les biens de l'âme aux biens du corps, et que les devoirs envers Dieu ont un caractère plus sacré que les devoirs envers les hommes. »

Après la guerre la plus horrible que le monde ait connue, les Peuples se sont réunis, dans la personne de leurs représentants, en une conférence dite conférence de la paix. De ces assises solennelles et majestueuses entre toutes, Dieu fut exclu, le Rédempteur du monde, le Roi des rois, le Maître-Suprême des dirigeants des Nations est rejeté. L'Œuvre du Fils de Dieu fait homme, l'Eglise, est de par la volonté de Dieu la grande éducatrice des Peuples ; elle est honnie et dédaignée par les Maîtres de la terre (Art. 15 du pacte de Londres qui prononce l'exclusion de toute intervention Pontificale). Le salut de l'homme, doit se trouver dans l'homme ; le salut de l'humanité est et doit être dans l'humanité seule. Tels sont les principes des dirigeants qui veulent être des hommes d'ordre. Dès l'ouverture de la Conférence de la Paix, il fut dit : « Le cœur même de l'humanité a été atteint par la guerre... Il faut pour le monde entier des garanties qui assurent la sécurité de l'humanité par l'union des esprits et des cœurs. La Ligue des nations, c'est-à-dire l'humanité asso¬ciée dans la personne de ses chefs est le moyen de fournir à l'humanité les garanties permanentes de paix. L'avenir du monde est entre les mains du peuple. » (Discours d'ouverture de la Conférence, 25 jan¬vier 1919).

La conférence de la paix fonda la Ligue des Nations. Et de cette Ligue encore, Dieu, Jésus-Christ, la Sainte Eglise sont exclus. Telle qu'elle est conçue, la réorganisation des Peuples est donc l'affirmation de la souveraine indépendance de l'humanité toute entière à l'égard de Dieu, — elle est la proclamation de la puissance suprême de cette même humanité en dehors de toute puissance divine et contre cette puissance. Ce n'est donc plus un individu, ce n'est plus une fa¬mille, ce n'est plus une Nation, c'est le concert des Nations, c'est le genre humain organisé, qui tout entier déclare que Dieu, le Christ et la Sainte Eglise sont étrangers aux Peuples, étrangers au Monde. Ce n'est plus l'injustice suprême d'un Peuple c'est l'injustice concertée de tous les Peuples. Ce n'est plus l'injustice d'un Pays, c'est l'injustice organisée de l'Uni¬vers et de tout ce qu'il contient, lancée solennellement et injurieusement à l'adresse de l'Éternel. Les conséquences de cet acte sont capitales. L'injustice et l'injure du genre humain exigent une réparation... une expiation... Que sera cette expiation ? Si le Cardinal Mercier disait au sujet de la guerre : « Il n'en faut point douter, le principal crime que le monde expie en ce moment, c'est l'apostasie officielle des Etats et de l'opinion publique », que devrait-il dire devant cette apostasie pratique de l'universalité des Peuples? Au point de vue des Nations, c'est la consécration officielle par le genre humain, de l'Apostasie de chaque Peuple en particulier. C'est l'impossibilité pour chaque Nation d'accomplir à l'égard de Jésus-Christ et de la Sainte Eglise un rôle Providentiel. Le Pape Grégoire IX, écrivait à Saint Louis et dans sa personne à la France : « il est évident que le Rédempteur a choisi le béni royaume de France comme l'exécuteur spécial de ses divines volontés. Par lui, Il veut défendre la liberté de l'Eglise et de la Foi, broyer l'impiété et protéger la justice. » À quel pays, à quel peuple ces paroles pour¬ront-elles jamais être adressées à l'avenir ? Les in¬fluences et les directions internationales doivent émaner de « l'humanité » seule et sans Dieu.

  • *

Il faut n'avoir sur la conférence de la paix et sur la Ligue des Nations, d'autre pensée que celle inspirée par l'Esprit-Saint : « Nisi Dominus aedificaverit domum, in vanum laboraverunt qui aedificant eam », (ps. 126). Si Dieu ne bâtit la paix, si Dieu n'élève cet édifice de la Société des Peuples, c'est en vain que tra¬vaillent ceux qui consacrent leur génie et leurs talents, leur vie et leur temps à l'édifier. Nouvelle tour de Babel. elle sera un monument de plus qui témoignera aux siè¬cles à venir, l'impuissance de l'homme qui veut se passer du Tout-Puissant. Mais ce qui mérite l'attention de tous et de chacun, c'est l'extension que prend la laïcisation de toutes cho¬ses, laïcisation et négation de Dieu et de son Christ, d'autant plus générale que l'institution humaine qui les professe est plus universelle. C'est, autant qu'il le peut, l'Univers qui en tant qu'Uni¬vers se sépare de Dieu et le renie. Voilà où nous conduit le libéralisme. Or pour la Société, pour les Peuples, pour les Ames, le salut est en Jésus-Christ seul et dans l'Eglise de Jésus-¬Christ. Telle est l'unique vérité. Ayons le courage de le reconnaître et d'adapter pratiquement notre vie à ces convictions.

C'est pourquoi nous disons et nous répétons : il faut, oui il faut entreprendre une Croisade :

Croisade nécessaire : le salut des âmes et l'œuvre de Jésus-Christ sur la terre sont en cause.

Croisade urgente : les progrès de la laïcisation universelle sont effrayants et s'accentuent chaque jour. D'autre part, l'anarchie envahit le monde avec une rapi¬dité qui consterne et sème partout la terreur.

Il est temps d'entendre la voix de Jésus-Christ disant à ses Apôtres, « Allez, enseignez !... » Il est temps que le prêtre se rende compte de la stricte néces¬sité d'une action apostolique intelligente, forte et cons¬tante, sur tout l'Ordre Social. Il est temps que le laïque se constitue le bras droit du prêtre agissant sur la société.

Il est temps que chacun se rende compte de la lourde part de responsabilités qui pèse sur lui.

Il est temps enfin que, prêtres et laïques sachent que les récompenses promises en ce monde aux Apôtres de Jésus-Christ non à ceux qui s'arrêtent et qui s'endor¬ment, mais à ceux qui vont et enseignent, sont la haine et la malédiction, les tribunaux et la prison, la trahison et le glaive. Heureux les prudents selon Jésus-Christ ! ceux-là seuls sont jugés dignes de la récompense promise par le Verbe de Dieu fait homme. Car le Verbe de Dieu fait homme a dit :

« Je suis, moi, pour l'individu et pour la Société, la voie, la vérité et la vie ». (Joan. XIV, 6.) « Dieu a tant aimé le monde qu'il a livré son Fils unique, afin que celui qui croit en Lui ne périsse pas, mais obtienne la vie éternelle. Celui qui ne croit pas est déjà condamné. (Joan III, 13).

Et Jésus-Christ, Verbe de Dieu, dit encore : « Allez, par le monde entier, prêchez l'Evangile à toute créature » Allez enseignez toutes les nations, c'est-à-dire les Peuples, la Société ». « Qui vous écoute, m'écoute, qui vous méprise, nie méprise ». (Luc. X, 16).

Et Jésus-Christ, Verbe de Dieu, dit toujours : « Tu es Pierre, sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise, les puissances de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle ». (Math. XVI, 18).

  • *

Et Jésus dit aussi : « Vous rendrez témoignage à la vérité de ma doctrine, à la vérité de mon Eglise, à la Pierre sur laquelle je L’ai bâtie..., ce témoignage vous le rendrez jusqu'à la fin des temps et devant tous les peuples ». (Act I, 8 - Math. 28-29).

Et Jésus continue : « Ne craignez pas !... Quiconque confessera devant les hommes, mon nom et mon œuvre, je lui rendrai témoignage devant mon Père. Mais devant mon Père aussi, je renierai celui qui devant les hommes m'aura renié et méconnu, moi et mon Eglise. Je n'ai pas apporté la paix, j'ai apporté le glaive. (Math. X, 31 seq). « La moisson est abondante... Allez, je vous envoie comme de tendres agneaux au milieu des loups... Les hommes vous traîneront devant leurs tribunaux... ils vous flagelleront... à cause de moi et à cause de mon Eglise. Vous serez livrés aux Chefs d'Etat... vous serez emprisonnés... vous serez mis à mort... le frère sera trahi par son frère... les fils s'insurgeront contre leurs parents... Ne vous effrayez pas ; pour la cause de mon nom, pour la cause de mon Eglise et de la Pierre qui est sa base, vous serez un objet de haine pour tous... (Luc, Math., X, 16 seq).

O vous qui aimez Dieu. « allez, ne vous arrêtez ni devant les difficultés, ni devant la mort, rendez la So¬ciété et les Nations à Dieu !. .. »

O vous qui aimez Jésus-Christ, « allez », ne vous arrêtez ni devant les difficultés, ni devant la mort, rendez la Société et les Nations à Jésus-Christ ! ...

O vous qui aimez la Sainte Eglise et son auguste Chef, Pierre, « allez », ne vous arrêtez ni devant les difficultés, ni devant la mort; rendez la Société et les Nations à la Sainte Eglise et à son auguste Chef, Pierre !...

Allez, enseignez ! et, s'il le faut, pour le triomphe de Jésus-Christ, de sa Doctrine, de son Evangile, de son Eglise, allez au devant de la contradiction, de la haine, du martyre !... Dieu le veut !

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Et maintenant, Ligue Apostolique, Fille de Dieu et de la Sainte Eglise, allez par le monde, ne vous arrêtez ni devant la chaumière du pauvre, ni devant les palais des princes, pénétrez dans les assemblées publiques et privées, ne vous arrêtez ni au seuil des parlements et des sénats, ni à la porte des diplomates qui recouvrent les plus secrètes combinaisons. Partout, allez, enseignez et dites: Vous mourrez de mort, si vous ne revenez au Seigneur « Morte morieris » (4 Reg. I. 4) car il n'est de salut pour vous que dans le Christ et son Eglise : « non est in alio aliquo salus ». (Act. IV, 12). ( ).


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