Sillon

De Christ-Roi
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Mouvement de laïcs du début du XXè s., fondé par Marc Sangnier qui entendait agir - dans le cadre du "plus grand Sillon" - en collaboration avec des non-catholiques et des incroyants afin de "porter à son maximum la conscience et la responsabilité civiques de chacun, d'où découlera la démocratie économique et politique, et le règne de la justice, de la liberté, de l'égalité et de la fraternité" (Saint Pie X, Lettre Notre charge apostolique, 1910).

Ce mouvement montra dès sa naissance bien des mabiguïtés et dériva bientôt vers la politique, ce qui finit par inquiéter de nombreux évêques et le Saint Siège lui-même. La condamnation sembla alors inévitable.

"Tous les évêques de France ne partageaient pas les critiques romaines. Dans les années 1909- 1910, il se trouva trois évêques (Mgr Gibier, évêque de Versailles, Mgr Chapon, évêque de Nice, Mgr Mignot, archevêque d'Albi) pour non seulement défendre le Sillon mais aussi pour tenter d'empêcher une condamnation romaine".

"Inversement, une des plus hautes autorités de l'épiscopat, le cardinal Luçon, archevêque de Reims, publia en février 1909 une lettre pastorale pour mettre en garde contre les théories "erronées" et "dangereuses" du Sillon. C'est le rapport envoyé à Rome la même année par un autre évêque, Mgr Sevin, archevêque de Châlons, qui servira de base à la lettre de condamnation du Sillon" (Yves Chiron, La condamnation du Sillon, Fideliter, juillet-août 2000, n° 136, p. 53).

LA CONDAMNATION DU SILLON PAR SAINT PIE X DANS LA LETTRE "NOTRE CHARGE APOSTOLIQUE", 1910

Le 25 AOÜT 1910, Pie X signait une longue lettre, Notre charge apostolique, où la doctrine du Sillon était condamnée.

Les théories étaient condamnées parce que "sous leurs apparences brillantes et généreuses, (elles) manquent trop souvent de clarté, de logique et de vérité, et, sous ce rapport, ne relèvent pas du génie catholique et français".

L'erreur première du Sillon est d'avoir "la prétention... d'échapper à la direction de l'autorité ecclésiastique".

Ses théories sociales sont gravement erronées. Pie X les résumait ainsi: "Porter à son maximum la conscience et la responsabilité civiques de chacun, d'où découlera la démocratie économique et politique, et le règne de la justice, de la liberté, de l'égalité et de la fraternité".

Le Sillon place à la base de son action la liberté et la conscience; or, rappelle le pape... : "On bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l'a bâtie; on n'édifiera pas la société, si l'Eglise n'en jette les bases et ne dirige les travaux; non, la civilisation n'est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est; c'est la civilisation chrétienne, c'est la cité catholique. Il ne s'agit que de l'instaurer et de la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l'utopie malsaine, de la révolte et de l'impiété: Omnia instaurare in Christo" (Tout restaurer en Christ).

... Le Sillon entend agir - dans le cadre du "plus grand Sillon" - en collaboration avec des non-catholiques et des incroyants: "Quand on songe, écrit le pape, à tout ce qu'il a fallu de forces, de science, de vertus surnaturelles pour établir la cité chrétienne, (...) on est effrayé de voir de nouveaux apôtres s'acharner à faire mieux avec la mise en commun d'un vague idéalisme et de vertus civiques. Que vont-ils produire? Qu'est-ce qui va sortir de cette collaboration? Une construction purement verbale et chimérique, où l'on verra miroiter pêle-mêle et dans une confrontation séduisante les mots de liberté, de justice, de fraternité et d'amour, d'égalité et d'exaltation humaine mal comprise. Ce sera une agitation tumultueuse, stérile pour le but proposé et qui profitera aux remueurs de masses moins utopistes. Oui, vraiment, on peut dire que le Sillon convoie le socialisme, l'oeil fixé sur une chimère" (Saint Pie X, Lettre Notre charge apostolique, 1910, cité in Yves Chiron, La condamnation du Sillon, Fideliter, juillet-août 2000, n° 136, p. 53-56).

"Si l'on considère le demi-siècle écoulé, celui que n'a pas vécu Marc Sangnier (mort en 1950), on ne peut que s'interroger sur la "révolution profonde et véritable" dont il rêvait. Il y a bien eu, dans ce demi-siècle, une révolution, ou pplusieurs révolutions (des moeurs, de l'Eglise, de la pensée, etc.) Sont-ce ces révolutions-là dont rêvaient Marc Sangnier quand il préconisait de "se laisser faire par la vie"? En tout cas, en ne définissant pas ce qu'est la vie, en ne se référant pas avec fidélité à l'enseignement de l'Eglise sur le sujet (à quelles lois naturelles la vie doit obéir, à quelles fins surnaturelles elle doit tendre), Marc Sangnier et le Sillon ont erré.

"Pas de vraie civilisation sans civilisation morale, et pas de vraie civilisation morale sans la vraie religion", avait averti Pie X" (Yves Chiron, La condamnation du Sillon, Fideliter, juillet-août 2000, n° 136, p. 54).