Liberté religieuse

De Christ-Roi
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Liberté religieuse, c'est-à-dire traditionnellement, liberté de l'Eglise, liberté de l'homme, de louer, d'honorer et de servir Dieu.

Depuis le XIXe s. est apparu avec le libéralisme, un virage opéré par la "nouvelle théologie anthropologique" (Rahner), une nouvelle acception de la "liberté religieuse" qui modifie le sens traditionnel de cette liberté (la tolérance) pour donner à l'homme le droit de ne pas être contraint, de la part soit des individus, soit des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, forcé d'agir ou empêché d'agir, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres. [...] "Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l'ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu'il constitue un droit civil ." (Source: DÉCLARATION DIGNITATIS HUMANÆ SUR LA LIBERTÉ RELIGIEUSE, site du Vatican.

Or, le nouveau sens donné à la "liberté religieuse" s'oppose directement aux deux premiers commandements:

Un seul Dieu tu adoreras et aimeras parfaitement.

  • Piété. - Omissions ou négligences des devoirs de piété, spécialement dans la fréquentation des Sacrements; irrévérence à l'Eglise.
  • Foi. - Ecouter ou proférer des paroles contre la Foi ou l'Eglise.
  • Espérance. - Murmurer contre la Providence; désespérer de notre salut, pécher par présomption...
  • Charité. - Mépris du prochain, haine, désirs de vengeance, refus de pardonner; scandales...
  • Religion. - Superstitions, vaines observances. Faux cultes; consulter les cartes, les devins; profaner les Sacrements (Communion et Confession sacrilèges); se moquer des choses saintes; tourner en dérision les personnes consacrées à Dieu; entraver l'action du prêtre...

Dieu en vain tu ne jureras...

  • Jurements, imprécations; blasphèmes .
  • Tu ne proconceras pas à tort le nom du Seigneur.

Commandements qui ont traditionnellement toujours impliqué:

  • le droit pour l'Eglise de sanctionner les errements et les erreurs en matière religieuse
  • et le droit pour la société - l'Etat -, de se protéger, de réprimer et de pourchasser les infractions à la loi de Dieu, homicides, hérésies etc., et donc d'empêcher un mal de se produire, une personne ou un groupe "d'agir en privé comme en public, seul ou associé à d'autres."

De plus, cette liberté religieuse ne se trouve nulle part dans la Sainte Ecriture.

Mgr Lefebvre eut cette formule à laquelle il restera fidèle:

 "Dans le texte sur la liberté religieuse, 
  on affirme au début qu'on ne change rien à la tradition et, en fait, 
  rien dans le texte ne correspond à la tradition" 
  (Source: Fideliter,  mars-avril 2001, n° 140, p. 28).

LA "LIBERTE RELIGIEUSE" TELLE QUE DEFINIT AU CONCILE VATICAN II N'EST EN RIEN CONFORME A LA TRADITION

La liberté religieuse ne se trouve pas dans l'Ecriture sainte

Les pères progressistes au Concile ont prétendu que:

1° "Cette liberté (religieuse) consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part soit des individus, soit des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience, ni empêché d'agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres" (Dignitatis humanae 2 [1].

2° "cette doctrine de la liberté (religieuse) a ses racines dans la révélation divine" (Dignitatis humanae 9 [2])

Or, dans la Sainte Ecriture, ce droit de "ne pas être empêché en matière religieuse", n'est mentionné nulle part.

Le Père Y. Congar avouait lui-même : « Le point précis de la liberté religieuse telle que l'entend notre Déclaration ne se trouve pas tel quel dans la Sainte Écriture. » (Unam sanctam n° 60, p. 13) Il faudrait savoir...

"J'ai collaboré aux derniers paragraphes de la Déclaration sur la liberté religieuse, déclarait le cardinal Congar, spécialiste s'il en est, quelques mois avant sa mort. Il s'agissait de montrer que le thème de la liberté religieuse apparaissait déjà dans l'Ecriture. Or il n'y est pas" (Source: Eric Vatré, La droite du Père, Trédaniel, 1994, p. 118, cité in Revue Fideliter, janvier-février 2000, n° 133, p. 6.)

C'est qu'en effet nulle part dans la Sainte Bible, Dieu donne à l'homme le droit à l'erreur, le droit de ne pas être être empêché, le droit de ne pas être contraint en matière religieuse. Au contraire, Dieu demande avec insistance aux rois, sous peine de fléaux, de chasser de leur royaume les fausses religions, les idoles, les prêtres des faux cultes et de renverser leurs autels pour ne rendre un culte, n'adorer et ne servir que Lui seul, ce qui constitue la vraie "liberté religieuse", traditionnelle, et donc se trouve être l'exact inverse de ce que prône la nouvelle théologie dans la Déclaration sur la "liberté religieuse".

La preuve par les textes:

  • (Vulgate) Juges II,1-2 Or l'ange du Seigneur… dit: "j'ai promis que je ne rendrais jamais vaine mon alliance avec vous, 2. à condition seulement que vous ne feriez point d'alliance avec les habitants de cette terre; mais que vous renverseriez leurs autels; et vous n'avez pas voulu entendre ma voix; pourquoi avez-vous fait cela? 3. C'est pourquoi je n'ai pas voulu les exterminer de votre face, afin que les ayez pour ennemis, et que leurs dieux vous soient une ruine…

(Traduction du même passage dans la Bible "oecuménique" - TOB: "Alors je dis; "Je ne les chasserai pas devant vous; ils seront pour vous un traquenard et leurs dieux seront pour vous un piège...")

Dans le livre des Rois, le prophète Elie donna l'ordre de mettre à mort des faux prophètes de Baal après qu'ils eussent tenté en vain de faire un miracle au nom de Baal:

  • (Vulgate) Ier livre des Rois XVIII, 30-40 "Elie leur dit: Saisissez maintenant les prophètes de Baal; que pas un d'entre eux n'en échappe! Ils mirent la main sur eux et Elie les fit descendre dans le Val de Cison où il les mit à mort."
  • (Vulgate) III Rois XVIII, 40 Alors Elie leur dit: Prenez les prophètes de Baal, et qu'il n'en échappe pas même un seul d'entre eux. Lorsqu'ils les eurent pris, Elie les mena au torrent de Cison, et il les tua là.

Cette narration est compilée au Ier livre des Rois dans la TOB et la Bible Crampon: I R XVIII, 30-40:

  • (Bible Crampon) I Rois XVIII, 21 Alors Elie s'approcha de tout le peuple et dit: «Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés? Si Yahweh est Dieu, allez après lui; si c'est Baal, allez après lui!» Le peuple ne lui répondit rien. 22 Et Elie dit au peuple: «Je suis resté seul des prophètes de Yahweh, et il y a quatre cent cinquante prophètes de Baal. 23 Que l'on nous donne deux taureaux; qu'ils choisissent pour eux l'un des taureaux, qu'ils le coupent par morceaux et qu'ils le placent sur le bois, sans y mettre le feu; et moi je préparerai l'autre taureau, et je le placerai sur le bois, sans y mettre le feu. 24 Puis invoquez le nom de votre dieu, et moi j'invoquerai le nom de Yahweh. Le dieu qui répondra par le feu, celui-là est Dieu». Tout le peuple répondit en disant: «C'est bien!» 25 Elie dit aux prophètes de Baal: «Choisissez pour vous l'un des taureaux, préparez-le d'abord, car vous êtes les plus nombreux, et invoquez le nom de votre dieu, mais ne mettez pas le feu». 26 Ils prirent le taureau qu'on leur donna et le préparèrent; et ils invoquèrent le nom de Baal depuis le matin jusqu'à midi, en disant: «Baal, réponds-nous!» Mais il n'y eut ni voix ni réponse. Et ils sautaient devant l'autel qu'ils avaient fait. 27 A midi, Elie se moqua d'eux et dit: « Criez à haute voix, car il est dieu; il est en méditation, ou il est occupé, ou il est en voyage; peut-être qu'il dort, et il se réveillera». 28 Et ils crièrent à haute voix, et ils se firent, selon leur coutume, des incisions avec des épées et avec des lances, jusqu'à ce que le sang coulât sur eux. 29 Lorsque midi fut passé, ils prophétisèrent jusqu'au moment où l'on présente l'oblation. Mais il n'y eut ni voix, ni réponse, ni signe d'attention. 30 Elie dit à tout le peuple: «Approchez-vous de moi». Tout le peuple s'étant approché de lui, Elie rétablit l'autel de Yahweh, qui avait été renversé. 31 Elie prit douze pierres, d'après le nombre des tribus des fils de Jacob, auquel la parole de Yahweh avait été adressée en ces termes: «Israël sera ton nom». 32 Il bâtit avec ces pierres un autel au nom de Yahweh; puis,ayant fait autour de l'autel un fossé de la capacité de deux mesures de semence, 33 il arrangea le bois, coupa le taureau par morceaux et le plaça sur le bois. 34 Et il dit: «Remplissez d'eau quatre cruches, et versez-les sur l'holocauste et sur le bois». Il dit: «Faites-le une seconde fois»; et ils le firent une seconde fois. Il dit: «Faites le une troisième fois»; et ils le firent une troisième fois. 35 L'eau coula autour de l'autel, et il fit remplir aussi d'eau le fossé. 36 A l'heure où l'on offre l'oblation du soir, Elie, le prophète, s'avança et dit: «Yahweh, Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, que l'on sache aujourd'hui que vous êtes Dieu en Israël, que je suis votre serviteur et que j'ai fait toutes ces choses sur votre parole. 37 Exaucez-moi, Yahweh, exaucez-moi! Afin que ce peuple reconnaisse que vous, Yahweh, êtes Dieu, et que c'est vous qui ramenez leur coeur en arrière». 38 Alors le feu de Yahweh tomba, et il consuma l'holocauste, le bois, les pierres et la terre, et absorba l'eau qui était dans le fossé. 39 Quand tout le peuple vit cela, ils tombèrent sur leur visage et ils dirent: «C'est Yahweh qui est Dieu! C'est Yahweh qui est Dieu!» 40 Et Elie leur dit: «Saisissez les prophètes de Baal; que pas un d'eux n'échappe!» Ils les saisirent, et Elie les fit descendre au torrent de Cison, où il les tua (Bible Crampon)

Question: elle est où la liberté religieuse qui puise sa source dans la Bible?

  • (Vulgate) III Rois XIX, 13-18: les adorateurs en Israël de faux Dieux sont punis de mort par le Seigneur. 13. Ce qu'ayant entendu, Élie couvrit son visage de son manteau, et étant sorti, il se tint à l'entrée de la caverne; et voilà q'une voix vint à lui, disant: Que fais-tu là, Élie? Et lui répondit: 14. Je brûle d'un grand zèle pour vous, Seigneur Dieu des armées, parce que les enfants d'Israël ont abandonné votre alliance; ils ont détruit vos autels, ils ont tué vos prophètes par le glaive, et je suis resté moi seul, et ils cherchent mon âme pour la détruire. 15. Et le Seigneur lui dit: Va, et retourne en ta voie par le désert, à Damas; et, lorsque tu y seras arrivé, tu oindras Hazaël roi su la Syrie. 16. Tu oindras encore Jéhu, fils de Namsi, roi sur Israël; mais Élisée, fils de Saphat, qui est d'Abelméhula, tu l'oindras prophète en ta place. 17. Et il adviendra que quiconque aura échappé au glaive d'Hazaël, Jéhu le tuera; et quiconque aura échappé au glaive de Jéhu, Élisée le tuera.

La peine de mort ici est décrétée par le Seigneur contre les adorateurs de faux dieux: Dieu demande donc absolument le contraire de ce qu'enseigne la déclaration conciliaire sur la "liberté religieuse" prônée par Dignitatis humanae qui a encore la prétention de dire que cette liberté a sa source dans la Révélation divine (DH 9) [3]... (On se demande laquelle...)

  • (Vulgate) IV Rois X, 18 Ensuite Jéhu assembla tout le peuple et il leur dit: Achab a honoré un peu Baal; mais moi je l'honorerai davantage. 19 Maintenant donc, appelez vers moi tous les propjètes de Baal, tous ses serviteurs et tous ses prêtres; qu'il n'y en ait aucun qui ne vienne; car c'est un grand sacrifice que je veux faire à Baal: quiconque y manquera, ne vivra plus. Or, Jéhue faisait cela insidieusement pour perdre les adorateurs de Baal (elle est où ici la liberté de ne pas être empêché en matière religieuse?... On se le demande encore.); [...] 25 Il arriva donc que lorsque l'holocauste eut été achevé, Jéhu donna cet ordre à ses soldats et à ses officiers: Entrez, tuez, et qu'aucun n'échappe. Et les officiers et les soldats les frappèrent du tranchant du glaive, et les jetèrent dehors; ensuite ils allèrent dans la ville où était le temple de Baal, 26 Et ils enlevèrent la statue de Baal du temple, et ils la brûlèrent, 27. Et la réduisirent en poudre. Ils détruisirent aussi le temple de Baal, et firent à sa place des latrines qui ont subsisté jusqu'à ce jour. 28 C'est ainsi que Jéhu extermina Baal du milieu d'Israël (Question aux modernistes: elle est où cette "liberté a ses racines dans la révélation divine" (DH 9 [4]) ?
  • 30 Le Seigneur dit donc à Jéhu: Parce que tu as fait avec zèle ce qui était droit et plaisait à mes yeux, et que tout ce qui était en mon coeur, tu l'as fait contre la maison d'Achab, tes enfants, jusqu'à la quatrième génération, seront assis sur le trône d'Israël [...]
  • (Vulgate) IV Rois XVII, 13 Le Seigneur protesta dans Israël et dans Juda par l'entremise de tous les prophètes et des voyants, en disant: Revenez de vos voies très mauvaises, et gardez mes préceptes et mes cérémonies... 14 Et ils n'écoutèrent point;... 15 Et ils rejetèrent ses lois, et l'alliance qu'il fit avec leurs pères; ... ils suivirent les nations qui étaient autour d'eux, et au sujet desquelles le Seigneur leur avait ordonné de ne pas faire comme elles-mêmes faisaient. 16 Ils abandonnèrent tous les préceptes du Seigneur leur Dieu; et ils se firent deux veaux de fonte et des bois sacrés, adorèrent toute la milice du ciel, et servirent Baal; 17 Puis ils consacrèrent leurs fils et leurs filles par le feu (= immolation aux démons); et ils se livraient à des divinations et aux augures, et ils s'abandonnèrent à faire le mal devant le Seigneur, en sorte qu'ils l'irritèrent... 19 Or Juda lui-même ne garda point les commandements du Seigneur son Dieu; mais il marcha dans les erreurs qu'Israaël avait commises. 20 Et le Seigneur rejeta toute la race d'Israël; et il les affligea, et les livra à la main des pillards, jusqu'à ce qu'il les rejetât de devant sa face... 24 or le roi des Assyriens amena des habitants de Babylone, de Cutha, d'Ava, d'Emath et de Sépharvaïm, et les établit dans les villes de la Samarie, en la place des enfants d'Israël: et ils possédèrent la Samarie, et habitèrent dans les villes... (c'est le fléau de l'immigration: les enfants d'israël sont envahis jusque dans leurs villes... On ferait bien d'y réflechir...) 29 chaque nation se fabriqua son Dieu (= liberté religieuse qui voit toutes les religions se fabriquer son Dieu...), et elles le mirent dans les temples des hauts lieux qu'avaient faits les Samaritains, chaque nation dans ses villes, dans lesquelles elle habitait... 41 Ainsi ces nations ont servi leurs idoles... (Ce passage tiré de la Vulgate est compilé dans la T.O.B au livre II des Rois, chapitre 15).
  • (Vulgate) IV Rois XXI, 1 Manassé avait douze ans lorsqu'il commença à régner, et il régna cinquante ans dans Jérusalem... 2 Et il fit le mal devant le Seigneur, selon le culte des idoles des nations que le Seigneur avait exterminées à la face des enfants d'Israël.

Ici à nouveau, il est évident que le Seigneur ne tolère pas les faux culte dans Israël et donc dans un Etat: Il les extermine de sa face. On est loin de la prétendue "liberté religieuse", droit de non contrition comme disent les partisans de la nouvelle théologie, droit ne pas être contraint ou empêché en matière religieuse...

  • 3 Et il (Mannasé) en revint à bâtir les hauts lieux qu'avait détruit Ezéchias son père, il dressa des autels à Baal;... 6 Et ... il aima les divinations, observa les augures, et établit des pythoniens et multiplia les aruspices, pour faire le mal devant le Seigneur et l'irriter... 12 C'est pourquoi le Dieu d'Israël dit ceci: 14 ... Je les livrerai aux mains de leurs ennemis, et ils seront un objet de ravage et de rapine pour tous ceux qui les haïssent.

La ressemblance avec ce qui se passe aujourd'hui en France est frappante (immigration, zones de non-droit, agressions anti-françaises, anti-chrétiennes, etc). Ce passage tiré de la Vulgate est compilé dans la T.O.B. à cette référence: II Rois XXI.

  • (Vulgate) IV Rois XXII, 17 Parce qu'ils m'ont abandonné, qu'ils ont sacrifié à des dieux étrangers, et qu'ils m'ont irrité par toutes les oeuvres de leurs mains; mon indignation s'allumera en ce lieu, et elle ne s'éteindra pas.

Ce passage de la Vulgate est compilé dans la T.O.B. à cette référence: II Rois XXI, 14-15.

  • (Vulgate) IV Rois XXII, 1 Josias (fils d'Amon, fils de Manassé) avait huit ans lorsqu'il commença à régner, et il régna trente-un ans à Jérusalem... 2 Et il fit ce qui était agréable devant le Seigneur, et marcha dans toutes les voies de David son père, et il ne se détourna ni à droite ni à gauche.... (Vulgate) IV Rois XXIII, 3 Et le roi (Josias) se tint debout dans la tribune, et fit l'alliance devant le Seigneur, afin qu'ils marchassent à la suite du Seigneur, qu'ils observassent ses préceptes, ses lois et ses cérémonies en tout leur coeur et en toute leur âme, et qu'ils rétablissent toutes les paroles de l'alliance qui étaient écrites dans ce livre: et le peuple acquiesça à l'alliance. 4 Alors le roi ordonna... de jeter hors du temple du Seigneur tous les vases qui avaient appartenu à Baal, au bois sacré et à toute l'armée du ciel, et il les brûla hors de Jérusalem, dans la vallée de Cédron, et il emporta la poussière à Béthel. 5 Et il détruisit les aruspices qu'avaient établis les rois de Juda pour sacrifier sur les hauts lieux, dans les villes de Juda et autour de Jérusalem, et ceux qui brûlaient de l'encens à Baal, au Soleil, à la Lune, aux douze signes et à toutes les milices du ciel. 7 Il détruisit aussi les petites maisons des effeminés... 14 Et il brisa les statues et coupa les bois sacrés... 19 De plus, tous les temples mêmes des hauts lieux qui étaient dans les villes de Samarie, qu'avaient faits les rois d'Israël pour irriter le Seigneur, Josias les détruisit... 20 Et il tua tous les prêtres des hauts lieux qui étaient les préposés aux autels, et il brûla des ossements humains sur ces autels, et il retourna à Jérusalem. 21 Et il ordonna à tout le peuple, disant: Faites une Pâque du Seigneur votre Dieu, selon ce qui est écrit dans le livre de cette alliance. 22 Car il n'a été fait aucune Pâque depuis les jours des Juges qui jugèrent Israël, et pendant tous les jours des rois d'Israël et des rois de Juda... 24 Mais aussi ceux qui avaient un esprit de python, les devins et les figures des idoles, les impuretés et les abominations qui avaient été dans la terre de Juda et de Jérusalem, JOSIAS LES FIT DISPARAÎTRE POUR ACCOMPLIR LES PAROLES DE LA LOI qui sont écrites dans le livre que trouva Helcias, le prêtre, dans le temple du Seigneur.

Face à ces destructions agréables au Seigneur (verset 2), il faut avouer qu'on est très très loin de la (fausse) "liberté religieuse" conciliaire prétendant donner un droit de ne pas être empêché ou contraint en matière religieuse...

  • (Vulgate) IV Rois XXIII, 25 IL N' Y A POINT EU AVANT JOSIAS DE ROI SEMBLABLE, QUI SOIT RETOURNE COMME LUI AU SEIGNEUR EN TOUT SON COEUR, EN TOUTE SON ÂME, ET EN TOUTE SA FORCE, SELON TOUTE LA LOI DE MOÏSE, et après lui, il n'y en a pas eu de semblable à lui.

Cette parole élogieuse au sujet du roi Josias (compilée dans la T.O.B. à II Rois, chapitre XXIII) suffit à elle seule pour anéantir et enterrer à jamais toute la nouvelle théologie libérale moderniste.

  • (Vulgate) II Paralipomènes XXXIV 3 (Josias) purifia Juda et Jérusalem des hauts lieux, des bois sacrés, des simulacres et des images taillées au ciseau. 4 Et on détruisit devant lui les autels des Baalim, et quant aux simulacres qui avaient été posés dessus, on les démolit; les bois sacrés aussi, et les images taillées au ciseau, il les coupa et les mit en pièces, puis il en dispera les débris...

L'Ecriture sainte nous enseigne donc que le roi doit détruire et démolir les autels et les simulacres des dieux étrangers, les couper et les mettre en pièces, puis en disperser les débris. Il semble que la nouvelle théologie en ait décidé autrement! Or,

  • (Vulgate) II Paralipomènes XXXIV, 24 Le Seigneur dit ceci: Voilà que moi j'amènerai sur ce lieu et sur ces habitants des maux, et toutes les malédictions qui sont écrites dans ce livre qu'on a lu devant le roi de Juda; 25 Parce qu'ils m'ont abandonné, et qu'ils ont sacrifié à des dieux étrangers, pour me provoquer au courroux par toutes les oeuvres de leurs mains, c'est pourquoi mon courroux s'épanchera sur ce lieu, et il ne s'apaisera point...
  • (Vulgate) II Paralipomènes VII, 19 Si vous détournez, et que vous abandonniez mes lois et mes préceptes que je vous ai proposés, et que, vous en allant, vous serviez des dieux étrangers et les adoriez, (Aujourd'hui, ces dieux étrangers sont le laïcisme, le matérialisme, l'argent-roi, l'individualisme, le culte de l'homme au travers des droits de l'homme, etc.) 20 Je vous arracherai de ma terre que je vous ai donnée; et cette maison que j'ai consacrée à mon nom, je la rejetterai de ma face, et je la livrerai en proverbe et en exemple à tous les peuples. 21 Ainsi cette maison sera en dérision à tous ceux qui passeront, et ils diront, frappés d'étonnement: Pourquoi le Seigneur a-t-il fait ainsi à cette terre et à cette maison? 22 Et l'on répondra: Parce qu'ils ont abandonné le Seigneur Dieu de leurs pères,... et qu'ils ont pris des dieux étrangers, et qu'ils les ont adorés et servis: c'est pour cela que sont venus sur eux tous ces maux...

On ferait bien d'y réfléchir en méditant sur tous les maux qui se sont abattus sur la pauvre France depuis qu'elle a apostasié son Dieu en 1789. Notons au passage, que le livre des Paralipomènes a été enlevé dans la T.O.B.

  • (Vulgate) II Paralipomènes XIX, 3 [...] Vous donnez du secours à l'impie et vous vous liez d'amitié avec ceux qui haïssent le Seigneur; et c'est pour cela certainement que vous méritiez la colère de Dieu.
  • (Vulgate) II Paralipomènes XXIV, 18 [...] Et ils abandonnèrent le temple du Seigneur Dieu de leurs pères ( apostasie ), et s'attachèrent au culte des bois sacrés et des images taillées au ciseau; et la colère du Seigneur s'alluma contre Juda et contre Jérusalem, à cause de ce péché.

Le fléau de l'apostasie est le suivant:

  • (Vulgate) II Paralipomènes XXIV, 23 Or, lorsque l'année se fut écoulée, l'armée de Syrie monta contre lui, et elle vint en Juda et à Jérusalem; elle tua tous les princes du peuple, et elle envoya tout le butin du roi à Damas.

C'est l'invasion.

  • (Vulgate), II Paralipomènes XXVIII, 1 Achaz avait vingt ans quand il commença à régner, et il régna seize ans à Jérusalem. Il ne fit point ce qui était droit en la présence du Seigneur, comme David son père; 2. [...] il fondit même des statues aux Baalim. 3. C'est lui qui brûla de l'encens dans la vallée de Bénennom, et qui fit passer ses enfants par le feu, selon les coutumes des nations que détruisit le Seigneur à l'arrivée des enfants d'Israël. [...] 5. Et le Seigneur son Dieu le livra à la main du roi de Syrie, qui le battit, et enleva de son royaume un grand butin, et l'emporta à Damas. 6. Phacée, fils de Romélie tua cent vingt mille hommes de Juda en un seul jour, tous hommes d eguerre, parce qu'ils avaient abandonné le Seigneur Dieu de leurs pères.
  • (Vulgate), II Paralipomènes XXXIII, 1 Manassé avait douze ans quand il commença à régner et il régna cinquante-cinq ans à Jérusalem. 2 Or il fit le mal devant le Seigneur, suivant les abominations des nations que le Seigneur avait détruites devant les enfants d'Israël. 3 Et il en revint à restaurer les hauts lieux qu'avaient démolis Ezéchias, son père; il construisit des autels aux Baalim (constructions de temples aux faux dieux)... 6 Et il fit passer ses fils par le feu dans la vallée de Bénennon: il fit observer les songes, il suivait les augures, il s'adonnait à l'art magique, il avait avec lui des magiciens et des enchanteurs, et il commit de grand maux devant le Seigneur, jusqu'à l'irriter. 11 C'est pourquoi Dieu amena sur eux les princes de l'armée du roi des Assyriens (invasion); ils prirent donc Manassé, et après l'avoir lié de chaînes et lui avoir mis des entraves, ils l'emmenèrent à Babylone. 12 Lorsque Manassé se trouva dans cette détresse, il pria le Seigneur son Dieu, et fit beaucoup de pénitence devant le Dieu de ses pères. 13 Et il l'implora, et le supplia avec isntance; et le Seigneur exauça sa prière, et le ramena à Jérusalem dans son royaume; et Manassé reconnut que le Seigneur était le vrai Dieu. [...] 15 ET IL ENLEVA LES DIEUX ETRANGERS ET LE SIMULCARE DE LA MAISON DU SEIGNEUR ET DANS JERUSALEM, ET IL JETA TOUT HORS DE LA VILLE.

Ici encore, l'Ecriture sainte nous enseigne que le roi doit enlever les dieux étrangers de la cité et les jeter dehors : à nouveau, c'est l'exact inverse du soit-disant droit à être soustrait "à toute contrainte de la part soit des individus, soit des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience, ni empêché d'agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public" prôné par Dignitatis humanae 2 [5].

La liberté religieuse ne se trouve pas non plus dans la Tradition de l'Eglise

Le Cardinal Ratzinger,... le dit sans ambages: "Le problème des années 60 était d'acquérir les meilleures valeurs exprimées par deux siècles de culture libérale" (mensuel Jésus de novembre 1984, p. 72.) Si l'Eglise doit les acquérir, c'est évidemment qu'elle ne les possédait pas encore...

La (fausse) liberté religieuse est donc une idée qui arrive du dehors de l'Eglise, qui vient, au milieu du XXe siècle, s'ajouter au dépôt de la foi. Car le cardinal Ratzinger poursuit: "Ce sont en fait des valeurs qui sont nées en dehors de l'Eglise." (Source: Revue Fideliter, janvier-février 2000, n° 133, p. 7.)

La (fausse) liberté religieuse a pour origine première la franc-maçonnerie et la Révolution française

La franc-maçonnerie et la Révolution française sont le point de départ de ces "deux siècles de culture libérale" dont parle le cardinal. La lecture comparée de ces trois documents successifs est édifiante sur ce pojnt:

Déclaration des droits de l'homme en 1789

1) Déclaration des droits de l'homme en 1789: "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits... (art. 1). Ces droits sont la liberté... (art. 2). La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement... (art. 11.) Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public... (art. 10.)"

Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948

2) Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948: "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits... (art. 1.) Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente déclaration, sans disticntion aucune... de religion... (art. 2.) Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion... Ce droit implique la liberté de changer de religion ou sa conviction, seul ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites... (art. 18.) Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions... (art. 19.)"

Déclaration sur la liberté religieuse de Vatican II en 1965

Déclaration sur la liberté religieuse de Vatican II en 1965: Le Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part soit des individus, soit des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience, ni empêché d'agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres. Il déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'a fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même. Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l'ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu'il constitue un droit civil" (Source: Site du Vatican, Déclaration Dignitatis Humanae 2.)

L'encyclique Quanta Cura de Pie IX (1864) utilise mot pour mot les expressions de la Révolution française, de l'ONU et de Vatican II, mais pour les condamner

L'encyclique Quanta cura de Pie IX, en 1864, utilise mot pour mot les expressions que nous venons de découvrir dans la Révolution française, l'ONU et Vatican II, mais pour les condamner de la façon la plus explicite et la plus sévère: "A partir de cette idée tout à fait fausse du gouvernement des sociétés, ils ne craignent pas de soutenir cette opinion erronée, funeste au maximum pour l'Eglise catholique et le salut des âmes, que Notre prédecesseur le pape Grégoire XVI qualifait de délire: "La liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme"...

(Source: Abbé Guy Castelain, Fideliter, Janvier-Février 2000, n° 133, p. 5-9).

La liberté religieuse : un doit... qui "avait été constamment et solennellement condamné jusque-là,... notamment par l’encyclique Quanta cura (8 décembre 1864)" (Père Joseph de Sainte-Marie)

Voici, extrait d’Itinéraires n° 315 (pp. 100 sqq.) un article du Père Joseph de Sainte-Marie (fils de Louis Salleron), qui fut jusqu’à sa mort professeur au Theresianum, université carme de Rome. Il est en outre auteur de l’ouvrage L’Eucharistie, salut du monde (éditions du Cèdre).

Source: Le Forum catholique

 La liberté religieuse 
 Un texte posthume du P. Joseph de Sainte-Marie 

Le « Courrier de Rome » a publié dans son numéro de mai 1987 une note théologique qu’il avait reçue en son temps du P. Joseph de Sainte-Marie. Nous la reproduisons intégralement.

La Déclaration nie que le pouvoir civil puisse intervenir par des lois en matière religieuse au profit de la religion catholique, ce qui avait été constamment enseigné auparavant

L’analyse de la « Déclaration sur la liberté religieuse » du IIe concile du Vatican montre comment, sur trois points essentiels, la dite « Déclaration » est en contradiction avec l’enseignement traditionnel en la matière. Elle nie, en effet, que le pouvoir civil puisse intervenir par des lois en matière religieuse au profit de la religion catholique, ce qui avait été constamment enseigné auparavant, elle affirme, sans autre limitation que celle de « l’ordre public », que la liberté religieuse au for externe est un droit inscrit dans la nature de la personne humaine et dans la révélation divine, ce qui avait été constamment et solennellement condamné jusque-là, – sauf une exception, qui en est à peine une, et que nous relèverons dans un instant ; enfin, la « Déclaration » conciliaire demande que ce droit, absolu sur le plan religieux, soit inscrit dans la loi civile, ce qui avait été également sévèrement condamné, notamment par l’encyclique Quanta cura (8 décembre 1864), où Pie IX engageait manifestement dans toute sa force son autorité apostolique de successeur de Pierre.

La contradiction est indéniable et justifie, non pas l’accusation, mais la simple constatation : cette déclaration marque « un revirement de l’Église sans exemple dans son histoire ». Déjà R. Laurentin l’avait relevé, en un langage différent mais qui dit la même chose : « Bref, avec ses limites et en dépit de ses imperfections, la déclaration marque une étape, elle assure à la fois la rupture de certaines amarres avec un passé révolu, et l’insertion réaliste de l’Église et de son témoignage à la seule place possible dans le monde d’aujourd’hui. » (Bilan du Concile, Paris, Seuil, 1966, pp. 329-330.)

Si nous voulons résumer en quoi consiste cette rupture, nous pouvons le faire autour des deux points suivants : proclamation, pour l’individu, d’un droit à la liberté religieuse inscrit dans la nature humaine, voulu par l’ordre divin, et s’étendant aux actes du culte public au même titre qu’aux actes du culte privé ; négation, pour la société, de tout devoir religieux envers Dieu et envers le Christ. Car c’est bien à ces deux principes fondamentaux que se ramènent les trois propositions relevées plus haut, la première et la troisième niant, à travers les droits, les devoirs de la société envers le Christ, la seconde étant l’affirmation même du droit naturel à la liberté religieuse dans le sens universel que le contexte explicite.

Un précédent : « Pacem in terris »

Cette proclamation n’était pourtant pas une nouveauté absolue. Chroniqueur bien au fait de ces choses, Laurentin en témoigne, et les textes avec lui : « Ce droit de la personne », écrit-il, « n’est pas une acquisition conciliaire ». Acquisition, ou « conquête » ? « Le décret (qui est une déclaration) l’a repris de Pacem in terris et la formule de cette encyclique, qui avait d’abord été assumée telle quelle, n’a pu être maintenue qu’au prix d’atténuations.

Pourtant, la déclaration prise dans son ensemble n’est pas en retrait, et lève même certaines ambiguïtés qui avaient été volontairement maintenues dans Pacem in terris. » Voilà un aveu qui est à retenir. Laurentin dit de qui il le tient : P. Pavan, Libertà religiosa e Publici poteri, Milano, 1965, p. 357 (op. cit., p. 326). Et voilà une étrange manière d’enseigner la vérité.

Quelle était donc la formule de Pacem in terris, la dernière encyclique de Jean XXIII, – elle est du 11 avril 1963 – ? « Chacun a le droit d’honorer Dieu suivant la juste règle de la conscience et de professer sa religion dans la vie privée et publique », (AAS 55, 1963, p. 260). Suivaient une citation de Lactance et une autre de Léon XIII, ni l’une ni l’autre ne prouvant la proclamation faite, car Lactance parlait du droit des chrétiens à pratiquer leur religion dans l’empire romain et Léon XIII précisait de quelle liberté il parlait, ce que ne fait pas l’encyclique de Jean XXIII. Dans celle-ci, en effet, l’absence de toute précision fait que la proclamation du droit de chaque homme à professer sa religion peut tomber sous les coups de la condamnation du libéralisme faite par Léon XIII, précisément dans l’encyclique Libertas dont on cite ici un passage. Disons-le comme il faut le dire ; de tels procédés ne sont pas intellectuellement honnêtes. Sans doute trouvons-nous ici une des « ambiguïtés volontairement maintenues » dont parle Laurentin.

Il ne sert à rien d’invoquer l’expression « suivant la juste règle de la conscience » pour dire qu’il s’agit ici de la liberté religieuse bien comprise, car, là encore, nous nous trouvons en face d’une ambiguïté. Chacun sait, en effet, que la morale catholique reconnaît le droit et proclame le devoir, pour chaque homme, de suivre le jugement de la « conscience droite » : « conscientia recta ». On entend par là le jugement d’une conscience qui s’est formée selon les règles de la vertu de prudence et qui s’est conformée à la vérité. Cette notion classique se retrouve même dans la constitution Gaudium et spes (n° 16). De cette conscience droite, on proclame la « dignité », laquelle est étendue même à la conscience « invinciblement » erronée, celle d’une personne qui est dans l’impossibilité morale et pratique de se défaire de l’erreur dans laquelle elle se trouve. Par contre, lorsque cette erreur est le fait d’une négligence coupable, la conscience perd sa dignité, et il est heureux de voir cette doctrine reprise dans Gaudium et spes (ibid.).

L’ambiguïté de Pacem in terris apparaît dans la rédaction latine du texte. Il y est parlé, en effet, de la « rectam conscientiae suae normam », c’est-à-dire de « la norme droite de sa conscience ». Faut-il entendre qu’il s’agit de la norme de la « conscience droite » ou bien de cette « norme droite » que serait tout jugement de la conscience ? Chacun pourra l’entendre comme il le voudra, et c’est en cela que consiste l’ambiguïté. Chacun la lèvera donc également dans le sens qu’il voudra, mais l’encyclique porte en elle-même un mouvement interne qui nous dit dans quel sens, selon elle, cette « liberté » est à entendre. C’est le sens retenu par Laurentin et par P. Pavan, ainsi que par les experts conciliaires de la « liberté religieuse ». C’est le sens qu’avait déjà perçu le P. Rouquette, qui écrivait dans les Études de juin 1963 : « Elle (l’encyclique) est en effet un événement qui, pour les historiens de l’avenir marquera un tournant dans l’histoire de l’Église » (p. 405).

Sans doute, poursuit-il immédiatement : « Non pas un changement des principes d’une anthropologie catholique, fondée sur la Révélation, mais une prise de position nouvelle vis-à-vis du monde moderne. » Seulement cela ? Peut-être pouvait-on le dire encore après Pacem in terris, à la faveur des « ambiguïtés volontairement maintenues », mais ce n’est plus possible après Dignitatis humanae, titre de la déclaration conciliaire, où ce sont bien les principes eux-mêmes qui ont été changés.

De « Pacem in terris » à « Dignitatis humanae »
cardinal Bea, l’auteur du passage central de la « Déclaration (conciliaire) sur la Liberté religieuse

De l’encyclique à la déclaration, la continuité est évidente, les textes le montrent autant que les témoignages, irréfutables en la matière, de Laurentin et de Rouquette. Nous avons vu comment le premier la souligne. Voici ce que disait le second, dans la même – chronique de juin 1963, c’est-à-dire entre la première et la deuxième session du concile :

« Parmi les droits découlant de la dignité de la personne humaine, l’encyclique insiste sur le droit à une recherche libre de la vérité » (non pas simple « tolérance », mais « libre exercice du culte », cela étant dit dans une confusion des plans et des points de vue soigneusement entretenue).

« Les positions prises en cette matière par l’encyclique rejoignent celles que propose le Secrétariat pour l’Unité dans un projet de schéma De libertate religiosa ; le cardinal Bea, dans une interview dont nous avons rendu compte déjà, en a indiqué l’esprit. Ce schéma consacre la théorie traditionnelle qui a son fondement dans saint Thomas et qui est tenue par presque tous les théologiens catholiques contemporains qui ont traité de la question : en un mot, la personne humaine, douée d’intelligence et de volonté, a le droit et le devoir de suivre sa conscience en matière religieuse au risque de se tromper, sans qu’on puisse lui imposer du dehors l’adhésion à une foi ; la personne humaine étant de nature sociale, ce droit implique la possibilité légale d’association, de culte et d’expression publique de la foi, selon la conviction de la conscience, à condition que cette expression ne nuise pas au bien commun. » (art. cit. pp. 410-411)

Qu’on relise maintenant le n° 3 de la « Déclaration » conciliaire :

« De par son caractère même, en effet, l’exercice de la religion consiste avant tout en des actes intérieurs volontaires et libres par lesquels l’homme s’ordonne directement à Dieu : de tels actes ne peuvent être ni imposés ni interdits par aucun pouvoir purement humain. Mais la nature sociale de l’homme requiert elle-même qu’il exprime extérieurement ces actes internes de religion, qu’en matière religieuse il ait des échanges avec d’autres, qu’il professe sa religion sous une forme communautaire. C’est donc faire injure à la personne humaine, et à l’ordre même établi par Dieu pour les êtres humains que de refuser à l’homme le libre exercice de la religion sur le plan de la société, dès que l’ordre public juste est sauvegardé. »

La comparaison parle d’elle-même et nous permet d’identifier dans la personne du cardinal Bea, l’auteur du passage central de la « Déclaration (conciliaire) sur la Liberté religieuse », ou du moins son inspirateur principal. Dans les deux cas, nous retrouvons le même sophisme consistant à passer indûment de l’affirmation indéniable, évidente et fondamentale, de la liberté essentielle de l’acte de foi, liberté faisant que toute pression sur cet acte en détruit la nature même, à l’affirmation nullement évidente, et de fait niée traditionnellement par l’Église, d’une liberté également essentielle et illimitée a priori en matière d’exercice public du culte religieux, quel qu’il soit. Non pas que l’Église dénie absolument, dans la pratique, tout droit d’expression publique à des religions autres que la sienne.

On sait, au contraire, que sa tolérance s’est faite de plus en plus large dans ce domaine. Mais sans jamais aller, du moins jusqu’à Pacem in terris et jusqu’au concile, jusqu’à remettre en cause les principes eux-mêmes.

C’est en cela, très précisément, que consiste la nouveauté et le très grave problème posé par le texte conciliaire : en cette affirmation d’un droit à la liberté religieuse au for externe inscrit dans la nature humaine et dans « l’ordre même établi par Dieu », droit qui se voit limité uniquement par les exigences de « l’ordre public ». De cet « ordre public » il sera dit un peu plus loin (au n° 7) qu’il implique « le bien commun ». Mais il faut bien avouer que dans une telle confusion de pensée, la notion de « bien commun » devient très floue et qu’il ne reste guère, comme critère pratique de l’inévitable réglementation de la liberté religieuse, que « l’ordre public » assuré par l’État, souverain maître en ses affaires.

Notons encore, car le fait est d’une importance majeure, une autre ressemblance entre l’encyclique de Jean XXIII et la déclaration de Vatican II : dans les deux cas, en effet, ces textes, qui ont été si lourds de conséquences dans l’histoire récente de l’Église, et qui le restent pour celle de son magistère, n’ont pu voir le jour qu’à la suite de fautes graves de procédure. Pour ce qui est de Pacem in terris, voici encore le témoignage du P. Rouquette :

Pacem in terris a été publiée à l’insu du Saint-Office, ayant été rédigée et gardée dans le secret jusqu’à sa publication par le petit groupe d’experts – et de pression – dont elle était l’œuvre.

« Je crois savoir de bonne source que le projet en a été rédigé par Mgr Pavan, animateur des Semaines sociales d’Italie ; l’élaboration en a été menée avec un grand secret ; le texte n’aurait pas été soumis au Saint-Office, dont les dirigeants ne font pas mystère de leur opposition au neutralisme politique du pape. On a voulu éviter ainsi que le Saint-Office ne retardât indéfiniment la publication de l’encyclique, comme cela s’est produit pour Mater et Magistra. Mais les rédacteurs de l’encyclique ont pris leurs garanties dogmatiques et ont fait revoir leur texte par le théologien officiel du pape, consulteur au Saint-Office, qui porte le titre archaïque de « Maître du Sacré Palais » ; le texte a été soumis à quelques autres experts » (art. cit., p. 407).

La dernière phrase, qui se veut rassurante, ne fait que confirmer le fait majeur révélé par ce qui précède : cette encyclique n’a pas été rédigée conformément aux règles de la prudence, et plus immédiatement, aux règles de l’exercice du magistère dans l’Église.

La « Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office », comme elle s’appelait encore à l’époque, non seulement n’a pas été consultée, mais elle a été soigneusement évitée. Or c’est elle qui doit se prononcer en matière de doctrine et de morale. Sans doute cette règle n’est pas une obligation stricte pour le pape. S’y conformer n’en relève pas moins de la prudence de sa part, surtout lorsqu’il est conscient de ses limites personnelles en matière doctrinale, comme c’était le cas de Jean XXIII, et plus encore lorsqu’on sait être en présence de tendances rivales dans l’Église. Pacem in terris a donc été publiée à l’insu du Saint-Office, ayant été rédigée et gardée dans le secret jusqu’à sa publication par le petit groupe d’experts – et de pression – dont elle était l’œuvre.

Quelque chose d’analogue et de plus grave encore s’est produit pour Dignitatis humanae, le décret conciliaire sur la liberté religieuse. En juin 1965, une quatrième édition en fut diffusée. Au nom du Cœtus internationalis Patrum, Mgr de Proença-Sigaud, archevêque de Diamentina, au Brésil, Mgr Marcel Lefebvre, alors Supérieur Général des Pères du Saint-Esprit, et Mgr Carli, adressèrent au souverain pontife une lettre datée du 25 juillet. S’appuyant sur le règlement du concile, ils demandaient que des dispositions soient prises afin que les Pères conciliaires de la minorité puissent réellement exprimer leurs points de vue ; et ils exposaient leurs objections au projet de décret. Le 11 août, le cardinal Cigognani, secrétaire d’État, leur répondait en repoussant leur requête, sous prétexte qu’un groupe comme celui du Cœtus internationalis Patrum menaçait, par sa nature, la sérénité du concile. Or cet argument allait directement contre le règlement intérieur du concile approuvé par le pape, et qui « encourageait formellement la formation de groupes partageant les mêmes points de vue en matière de théologie et de pastorale ».

De nouveau, le 18 septembre, le même groupe de Pères rédigea une lettre à l’adresse des modérateurs. S’appuyant sur l’article 33, paragraphe 7 du règlement, ils demandaient à donner lecture à l’Assemblée générale d’un rapport sur la liberté religieuse « qui exposerait et défendrait, de manière complète et systématique, une autre manière de concevoir et d’exposer cette doctrine ». Le règlement leur donnait effectivement le droit le plus strict de faire cette demande et d’être entendus par l’Assemblée conciliaire.

Or, pas plus que la précédente, cette requête n’a été écoutée (cf. R. Wiltgen, Le Rhin se jette dans le Tibre, Paris, Cèdre (1973), pp. 243-247). Comme l’encyclique pontificale, par conséquent, et plus encore qu’elle, la déclaration conciliaire a été publiée par suite de violations expresses des règles de procédure. C’est pour le moins une exigence de prudence qui n’a pas été respectée dans le premier cas ; dans le second, c’est un droit strict qui a été bafoué.

Conséquences et implications des erreurs imposées à l’Église par ces groupes de pression

Ces faits ayant été rappelés, ce qu’il faudrait montrer ensuite, ce sont les conséquences et les implications des erreurs imposées à l’Église par ces groupes de pression et par ces voies fort troubles, sous le couvert de l’autorité pontificale ou conciliaire. Le discours serait immense. Nous nous limiterons à indiquer les principales têtes de chapitre sous lesquelles la réflexion serait à poursuivre.

si l’Église enseigne solennellement aujourd’hui le contraire de ce qu’elle avait enseigné jusqu’à 1963, c’est donc qu’elle s’était trompée avant.

1. La première conséquence concerne l’autorité du magistère : si l’Église enseigne solennellement aujourd’hui le contraire de ce qu’elle avait enseigné jusqu’à 1963, c’est donc qu’elle s’était trompée avant. Mais si elle s’était trompée avant, c’est donc qu’elle est faillible, et qu’elle l’est aujourd’hui autant qu’hier. Alors, quelle raison aurais-je de la croire aujourd’hui plus qu’hier ? Cette conclusion est terrible, d’autant plus qu’elle est celle qui s’impose immédiatement au bon sens populaire.

La « Déclaration » conciliaire porte une condamnation de masse non seulement sur l’enseignement précédent de l’Église, mais encore sur sa manière d’agir.

2. La seconde conséquence, ou implication, est qu’en proclamant aujourd’hui comme principe absolu le droit naturel à la liberté religieuse, la « Déclaration » conciliaire porte une condamnation de masse non seulement sur l’enseignement précédent de l’Église, mais encore sur sa manière d’agir ; ce qui met en cause non plus simplement sa « potestas docendi », mais encore l’usage de sa « potestas regendi ». Pendant des siècles, l’Église aurait agi en méconnaissant et même en violant un droit naturel fondamental de la personne humaine. C’est une condamnation analogue de tous les papes de ces derniers siècles qui se trouve impliquée dans la négation conciliaire des droits et des pouvoirs de la société civile en matière religieuse.

Par la conception non seulement « laïque » mais très « laïcisante » qu’elle offre, la déclaration conciliaire nie les droits du Christ sur la société civile, ce qui est non seulement en contradiction avec l’enseignement constant de l’Église, mais encore avec les vérités les plus fondamentales de la doctrine chrétienne de la Rédemption. Il y a là une impiété.

3. Pire encore, par la conception non seulement « laïque » mais très « laïcisante » qu’elle offre, la déclaration conciliaire nie les droits du Christ sur la société civile, ce qui est non seulement en contradiction avec l’enseignement constant de l’Église, mais encore avec les vérités les plus fondamentales de la doctrine chrétienne de la Rédemption. Il y a là une impiété, au sens propre du mot, non pas explicitement, peut-être, mais par voie d’implication immédiate.

Il faut distinguer entre « laïcité » et « laïcisme », pour autant que ce dernier mot implique, dans l’usage, l’idée d’un agnosticisme antireligieux.

Si par « laïcité » on entend signifier simplement l’autonomie du pouvoir civil dans son ordre propre, le concept est parfaitement recevable. Mais le mot reste dangereux, car le plus souvent il tend à faire passer une autre idée, celle de la neutralité de principe de l’État, ce qui n’est plus conforme à la doctrine catholique, même si une neutralité de fait peut être, dans la pratique, la solution la moins mauvaise.

Cette séparation indue et fausse de ce qui regarde la religion révélée et de l’ordre de la société civile aboutit à la ruine totale des fondements mêmes de cet ordre, à une exaltation de l’État comme réalité suprême et ultime.

4. Enfin, pour redescendre au plan de l’ordre naturel, cette séparation indue et fausse de ce qui regarde la religion révélée et de l’ordre de la société civile aboutit à la ruine totale des fondements mêmes de cet ordre. À la limite, c’est à une exaltation de l’État comme réalité suprême et ultime que conduiront les principes ici posés. N’est-ce pas lui, en dernière analyse, qui jugera des exigences de « l’ordre public », au nom duquel il sera habilité à réglementer « la liberté religieuse » ? On parle bien d’un « ordre moral objectif » (n° 7) pour fonder ces droits du pouvoir civil. Mais dans quoi se fondera cet ordre lui-même à partir du moment où on ne reconnaît plus à l’État aucun devoir envers la religion en tant que telle et envers la religion révélée en particulier ?

Certes, on voit bien, en recoupant tous les textes, comment, de renvoi en renvoi, on arriverait, avec beaucoup de bonne volonté et en passant par bien des contradictions plus ou moins latentes, à retrouver un certain nombre des vérités de la doctrine catholique.

Mais pas toutes. Notamment, les devoirs de la société civile envers le Christ, si puissamment affirmés par Pie XI dans Quas primas|Quas primas]], ne sont nulle part réaffirmés.

Par ailleurs, pris tels qu’ils sont, les textes concernant « la liberté religieuse » tombent immédiatement sous le coup des condamnations portées contre le libéralisme par tous les papes précédents, jusqu’à Jean XXIII exclusivement. Car, selon cette doctrine constante de l’Église, autant il est vrai que la liberté sacrée de l’acte de foi interdit toute pression sur la conscience de la personne humaine pour lui imposer ou pour lui interdire cette adhésion religieuse de l’âme à Dieu, autant il est certain que le Christ a institué une religion à laquelle tous les hommes ont le devoir de tendre et que la société civile elle-même a le devoir de servir et de protéger dans la juste distinction entre ce qui est de son domaine et ce qui relève de l’Église. D’où les droits et même les devoirs de l’État en matière de législation en faveur de la religion et de l’Église catholique, non seulement au nom du bien commun et de l’ordre public, mais en outre et immédiatement au nom des droits plus que tous autres sacrés du Christ et de son Église. Cette affirmation ne relève pas simplement de l’autorité du magistère antérieur à Jean XXIII : elle est une conséquence directe de la doctrine catholique en ce qui concerne l’œuvre de rédemption accomplie par le Christ.

Le jugement de l’histoire et notre requête présente

Le jugement que l’histoire portera sur notre époque ne peut faire de doute, et le pape Paul VI l’a résumé lui-même dans le terme d’« auto-démolition ».

Mais peut-être, nous fera-t-on remarquer, serait-il plus logique, et en tout cas plus respectueux, de commencer par présenter la présente requête au magistère de l’Église : Le concile Vatican II échappe-t-il à l’accusation de libéralisme que les textes analysés font peser sur lui ? Nos analyses mêmes ne nous permettent pas de voir comment il serait possible de réfuter cette accusation. Cependant, nous posons quand même notre question, et c’est à la « Commission pour l’interprétation des décrets du concile Vatican II » que nous l’adressons.

Si nous avons erré en quelque chose, qu’on nous le montre, car notre intention n’est nullement de nous substituer au magistère de l’Église. Elle est, au contraire, de l’écouter, de lui obéir et, éventuellement de le servir. Mais comme c’est précisément en nous mettant à son écoute qu’il nous apparaît impossible de lui obéir, pour les raisons que nous avons dites – contradiction entre hier et aujourd’hui, conséquences et implications ruineuses des Principes professés aujourd’hui – nous soumettons nos difficultés au magistère dans le désir de pouvoir lui obéir sans réserve et éventuellement, avec l’espoir de le servir.

En attendant cette réponse, et dans l’évidence des contradictions et erreurs que nous avons relevées, nous pouvons dès maintenant envisager ce que sera le jugement de l’histoire, d’autant plus que la parole du pape est déjà là pour nous le dire. Mais dans ce jugement global, il est un point qui mérite un examen particulier : comment sera-t-il possible de sauvegarder l’infaillibilité du « magistère » de l’Église ? La réponse est simple, et il importe de la donner dès maintenant. Cette infaillibilité, pour être engagée, exige que certaines conditions soient remplies. Or, ni l’encyclique Pacem in terris ni la Déclaration du concile ne les remplissent.

Bien plus, nous avons vu les graves erreurs de raisonnement dont elles sont entachées, et les irrégularités non moins flagrantes dont leur genèse a été marquée. Dans ces conditions, il est un point au moins sur lequel les fidèles n’ont pas à être troublés : l’infaillibilité de la « potestas docendi » de l’Église est intacte.

Ce qui nous reste à découvrir, par contre, ce sont les limites, sans cesse repoussées plus loin, de la fragilité de ceux qui assument en elle la « potestas regendi ».

Mais la parole du Christ suffit à notre paix dans la tourmente présente : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien. Mais parce que vous n’êtes pas du monde et qu’en vous choisissant je vous ai retirés du monde, à cause de cela le monde vous hait. Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté ils vous persécuteront vous aussi. (…) Je vous ai dit ces choses afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde vous aurez à souffrir, mais courage, le monde, je l’ai vaincu. » (S. Jean XV, 18-20 ; XVI, 33.) Et c’est dans la même confiance en la parole du Christ (S. Luc XXII, 32) que nous attendons d’être confirmés dans notre foi par Pierre.

Père Joseph de Sainte-Marie, OCD.

Fin de la reproduction intégrale du texte posthume du P. Joseph de Sainte-Marie publié par le « Courrier de Rome » de mai 1987.

LES SAINTS CONTRE LA (FAUSSE) "LIBERTE RELIGIEUSE"

Saint Polycarpe

Polycarpe répondit à l'hérétique gnostique Marcion qui lui demanda: « Me reconnaissez-vous? » — « Oui, je vous reconnais pour le fils aîné de Satan », et l'accusa de rejeter "la croix, la résurrection, le jugement".

Saint Rémi

  • Saint Rémi lança menaces, avertissements, malédictions, anathèmes et excommunications contre les rois prévaricateurs, hérétiques et persécuteurs de l'Eglise (Testament de Saint Rémi.)

Citation:

"[...] si quelque jour, cette famille (royale), tant de fois consacrée au Seigneur par mes bénédictions, rendant le mal pour le bien, usurpe, ravage ou détruit les églises de Dieu, et s'en déclare l'ennemie o ula persécutrice, [...], si au mépris de toutes les remontrances, il (le roi) ne dépose pas cet esprit d'obstination incorrigible, s'il refuse de se soumettre à Dieu et de participer aux bénédictions de l'Eglise, que tous prononcent contre lui la sentence pronconcée il y a longtemps par le roi prophète David, sous l'inspiration du même Esprit-Saint qui anime aujourd'hui les évêques: "Parce qu'il a persécuté, dit-il, le pauvre, l'indigent, et l'homme au coeur navré de douleurs, parce qu'il n'a pas songé à la miséricodre, et qu'il a aimé la malédiction, la malédiction retombera sur lui; parce qu'il a rejeté la bénédiction, la bénédiction lui sera refusée" (Ps., 108, v. 13, 14, et 15.) Que dans chaque église on prononce contre lui les malédictions que l'Eglise prononce contre la personne de Judas qui a trahi Notre-Seigneur Jésus-Christ. [...] Que ses jours soient abrégés, et qu'un autre reçoive l'autorité royale." (Saint Rémi, Testament, cité in Abbé Dessailly, Authenticité du Grand Testament de Saint Rémy, Livres d'autrefois, Condé-sur-Noireau 1996, p. 64-67.)

Les malédictions prononcées dans chaque église contre le roi prévaricateur constituent un exemple signalé contre la (fausse) "liberté religieuse", entendue comme droit de ne pas être contraint, de la part soit des individus, soit des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, forcé d'agir ou empêché d'agir, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres. [...] "Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l'ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu'il constitue un droit civil ." (Source: DÉCLARATION DIGNITATIS HUMANÆ SUR LA LIBERTÉ RELIGIEUSE, site du Vatican.)


Saint Thimothée

Saint Timothée protesta contre une fête païenne en l'honneur de Diane qu'il dénonça comme acte d'idolâtrie (son zèle fut puni; on l'accabla sous une grêle de pierres...)


Saint Front

Saint Front, premier évêque de Périgueux, brisa la statue de Mars au moment où les sénateurs s'apprêtait à lui rendre un culte...


Saint Martin

Saint Martin abattit les arbres adorés par les païens...


Saint Benoît

Saint Benoît détruisit le temple d'Apolon en arrivant au Mont-Cassin.


Saint Ambroise

Saint Ambroise obtint des empereurs romains des lois civiles restreignant... puis interdisant l'exercice des faux cultes.

Et on pourrait continuer ainsi longtemps à travers l'histoire de l'Eglise...


Sources

  • Fideliter, janvier-février 2000, n° 133, p. 9.
  • Anne Bernet, Saint Ambroise, Clovis 1999.
  • Mgr Paul Guérin, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Argentré-du-Plessis 2003.

LES PAPES CONTRE LA (FAUSSE) "LIBERTE RELIGIEUSE"

"La liberté civile de tous les cultes propage la peste de l’indifférentisme" (Pie IX) 

Le Syllabus de Pie IX

Dans le Syllabus, catalogue des erreurs modernes condamnées par Pie IX, au chapitre V sur les "erreurs relatives à l'Église et à ses droits", le pape condamne la proposition XXIV suivante :

XXIV. L'Église n'a pas le droit d'employer la force ; elle n'a aucun pouvoir temporel direct ou indirect (9). (Lettre apostolique Ad apostolicae, 22 août 1851)

L'Encyclique Mirari vos de Grégoire XVI (1832)

Les Apôtres, pour l'extinction des mauvais livres, ont brûlé publiquement une grande quantité de livres (Ve Concile de Latran; Léon X)

Mais bien différente a été la discipline de l'Église pour l'extinction des mauvais livres, dès l'âge même des Apôtres. Nous lisons, en effet, qu'ils ont brûlé publiquement une grande quantité de livres (Act. Apost. XIX). Qu'il suffise, pour s'en convaincre, de lire attentivement les lois données sur cette matière dans le Ve Concile de Latran et la Constitution publiée peu après par Léon X, notre prédécesseur d'heureuse mémoire, pour empêcher "que ce qui a été heureusement inventé pour l'accroissement de la foi et la propagation des arts utiles, ne soit perverti en un usage tout contraire et ne devienne un obstacle au salut des fidèles"] (Act. conc. Lateran. V. sess. X, ubi refertur Const. Leonis X. Legenda est anterior Constitutio Alexandri VI, Inter multiplices, in qua multa ad rem).

(Lettre encyclique Mirari vos de SS le pape Grégoire XVI du 15 août 1832)

Il faut "exterminer de toutes ses forces le fléau de tant de livres funestes ; jamais on ne fera disparaître la matière de l'erreur, si les criminels éléments de la corruption ne périssent consumés par les flammes"

Ce fut aussi l'objet des soins les plus vigilants des Pères de Trente ; et pour apporter remède à un si grand mal, ils ordonnèrent, dans le décret le plus salutaire, la confection d'un Index des livres qui contiendraient de mauvaises doctrines (Conc. Trid. sess. XVIII et XXV). "Il faut combattre avec courage", disait Clément XIII, notre prédécesseur d'heureuse mémoire, dans sa lettre encyclique sur la proscription des livres dangereux, "il faut combattre avec courage, autant que la chose elle-même le demande, et exterminer de toutes ses forces le fléau de tant de livres funestes ; jamais on ne fera disparaître la matière de l'erreur, si les criminels éléments de la corruption ne périssent consumés par les flammes" (Lit. Clem. XIII, Christianæ, 25 nov. 1766.)

(Lettre encyclique Mirari vos de SS le pape Grégoire XVI du 15 août 1832)

"Fausse, téméraire, injurieuse au Siège Apostolique, et féconde en grands malheurs pour le peuple chrétien, la doctrine de ceux qui, non contents de rejeter la censure comme trop pesante et trop onéreuse, ont poussé la perversité, jusqu'à proclamer qu'elle répugne aux principes de la justice et jusqu'à refuser audacieusement à l'Église le droit de la décréter et de l'exercer"

Par cette constante sollicitude avec laquelle, dans tous les âges, le Saint Siège Apostolique s'est efforcé de condamner les livres suspects et dangereux et de les arracher des mains des hommes, il apparaît clairement combien est fausse, téméraire, injurieuse au Siège Apostolique, et féconde en grands malheurs pour le peuple chrétien, la doctrine de ceux qui, non contents de rejeter la censure comme trop pesante et trop onéreuse, ont poussé la perversité, jusqu'à proclamer qu'elle répugne aux principes de la justice et jusqu'à refuser audacieusement à l'Église le droit de la décréter et de l'exercer.

(Lettre encyclique Mirari vos de SS le pape Grégoire XVI du 15 août 1832)

Autres sources:

LA LIBERTE RELIGIEUSE EST POUR L'EGLISE CATHOLIQUE "UN DROIT" ET "UN DEVOIR", TANDIS QU'ELLE EST, POUR LES FAUSSES RELIGIONS, UN NON-SENS ET UNE INJUSTICE

"Lorsque l'Eglise catholique, dans la personne de ses Evêques et de ses prêtres, signale aux chrétiens la propagande protestante comme une agression injuste et odieuse, on voit les journaux hérétiques, et avec eux les organes du rationalisme et de la Révolution, se plaindre amèrement de ce procédé, accusant l'Eglise d'avoir deux poids et deux mesures, et d'interdire tyranniquement aux autres ce qu'elle ne cesse de pratiquer depuis son origine. Ces récriminations méritent une réponse; elle est simple et rapide.

Les sectes protestantes reconnaissent toutes qu'on peut faire son salut dans l'Eglise catholique. L'Eglise catholique, au contraire, a toujours hautement professé qu'elle est la seule vraie religion, et qu'il faut lui appartenir pour être enfant de DIEU.

Les protestants sont en contradiction avec leurs principes lorsqu'ils cherchent à arracher des âmes à l'Eglise catholique; l'Eglise catholique se mettrait en contradiction flagrante avec les siens, si elle n'employait toute sa puissance et toute son ardeur à ramener à JESUS-CHRIST ceux que de funestes erreurs ont séparés de son troupeau.

Quand l'Eglise catholique s'efforce d'éclairer un protestant et de le ramner à la vraie foi, elle lui laisse toutes les vérités qu'il possède déjà et lui fournit celles qui lui manquent. C'est un pauvre homme à moitié vêtu qu'elle achève de vêtir; le peu qu'il a déjà, joint à ce qu'elle lui donne, forme un chrétien complet.

Le contraire arrive quand la propagande protestante travaille à séduire un catholique; elle ne fait autre chose que de lui enlever une partie de ses croyances, sans rien lui donner en retour. Elle le laisse à demi nu, comme ces malheureux passants que les voleurs dépouillent de leurs habits et de leurs manteaux sous le spécieux prétexte de les débarrasser de superfluités gênantes, et sans leur jeter seulement quelques guenilles pour les garantir du froid.

C'est, du reste, une chose avouée par les protestants, qu'en fait de vérités religieuses, ils n'ont rien à donner aux catholiques que ces derniers ne possèdent déjà; bien plus, ils confessent que tout ce qu'ils retiennent du christianisme, ils l'empruntent à l'Eglise. Ecoutons Luther, le fougueux patriarche de la "Réforme", donner son avis en ce point. Au Colloque de Marbourg (dispute entre Luther et Zwingle: Luther y défendait contre ses adversaires le dogme de la sainte Eucharistie...), Zwingle lui objectait que la présence réelle de Notre-Seigneur dans le Saint-Sacrement était un dogme du papisme...

"Mais alors, dit Luther, niez aussi la Bible, car c'est du Pape que nous la tenons. Nous sommes bien obligés d'avouer, tout protestants que nous sommes, que dans le papisme il est des vérités de salut, oui, TOUTES les vérités du salut, et que c'est de lui que nous les tenons, car c'est dans le papisme que nous trouvons la vraie Ecriture sainte, le vrai baptême, le vrai Sacrement de l'autel, les vraies clefs qui remettent les péchés, la vraie prédication, le vrai catéchisme, les vrais articles de foi. J'ajoute, en outre, que dans le papisme se trouve le VRAI CHRISTIANISME." (Je crois utile de donner le texte de cet aveu si frappant: Luther, Oeuvres, édition protestante d'Iéna, p. 408-409: "Hoc enim facto negare oporteret totam quoque Scripturam sacram et praedicandi officium: HOC ENIM TOTUM A PAPA HABEMUS. Nos autem fatemur sub Papatu plurimum esse boni christianismi, imo OMNE bonum christianismum, atque etiam illinc ad nos devinisse. Quippe fatemur in papatu veram esse Scripturam sacram, verum Baptisma, verum Sacramentum altaris, veras claves ad remissionem peccatorum, verum praedicandi officium, verum catechismum, ut sunt: Oratio dominica, articuli fidei, decem praecepta... Dico INSUPER IN PAPATUT VERUM CHRISTIANISMUM ESSE...")

De cet aveu que l'Eglise catholique a le vrai christianisme, il faut conclure nécessairement que les sectes protestantes ne l'ont point, puisque l'Eglise affirme ce que les sectes nient.

Mais il faut conclure, en outre, et cela saute aux yeux, que la propagande est pour l'Eglise catholique un droit et un devoir, tandis qu'elle est, de la part des protestants, un non-sens et une injustice."

(Source: Mgr de Ségur, Causeries sur le protestantisme d'aujourd'hui, Libraie Saint-Joseph, Tolra libraire-éditeur, Rennes 1894, réédité aux Editions Saint-Rémi