La liberté et l'égalité

De Christ-Roi
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Ce que recouvre liberté et égalité maçonniques (A. Barruel)

Le grade maçonnique où le voile se déchire: celui de Kadosch ou l'homme régénéré

"C'était à ce grade qu'avait été admis l'adepte dont j'ai parlé plus haut. Je ne suis pas surpris de l'état d'épuisement auquel il se trouvait réduit par les épreuves qu'il venait de subir. Quelques adeptes du même grade m'ont appris qu'il n'est point de ressources dans les moyens physiques, dans les jeux des machines, pour effrayer un homme, point de spectres affreux, point de terreurs, dont on n'emploie les ressources pour éprouver la confiance de l'aspirant. M. Montjoie nous parle d'une échelle à laquelle on fit monter le duc d'Orléans, & dont on l'obligea de se précipiter. Si c'est là que son épreuve fut réduite, il est à croire qu'il fut bien ménagé. Qu'on imagine un profond souterrain, un véritable abyme, d'où s'élève une espèce de tour fort étroite jusqu'au comble des loges. C'est au fond de cet abyme qu'est conduit l'initié, à travers des souterrains où tout respire la terreur. Là, il est enfermé, lié & garotté. Abandonné à cet état, il se sent élevé par des machines qui font un bruit affreux. Il monte lentement, suspendu dans cet abyme ténébreux; il monte quelquefois des heures entières, retombe tout-à- coup, comme s'il n'était plus soutenu par ses liens... Cette description ne rend que bien imparfaitement une partie des épreuves dont nous parlent des hommes qui les ont subies eux-mêmes. Ils ajoutent qu'il leur est impossible d'en faire une excate description; que leur esprit se perd; qu'ils cessent quelquefois de savoir où ils sont; qu'il leur faut des breuvages, & que souvent on leur en donne qui ajoutent à leurs forces épuisées, sans ajouter à leur pouvoir de réflechir; ou plutôt qui n'ajoutent à leurs forces que pour ranimer tantôt le sentiment de la terreur, tantôt celui de la fureur".

"Par bien des circonstances qu'ils disent de ce grade, j'aurais cru qu'il appartenait à l'Illuminisme; mais le fond en est encore pris de l'allégorie maçonnique. Il faut encore ici renouveler l'épreuve du grade où l'initié se change en assassin; mais le Maître des Frères à venger n'est plus Hiram; c'est Molay, le Grand maître des Templiers; & celui qu'il faut tuer, c'est un Roi, c'est Philippe le Bel, sous qui l'ordre des Chevaliers du Temple fut détruit." (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. II, p. 318-319).

"Au moment où l'adepte sort de l'antre, portant la tête de ce Roi, il s'écrie Nékom, je l'ai tué. Après l'atroce épreuve, on l'admet au serment. Je sais d'un des adpetes qu'à cet instant il avait devant lui un des Chevaliers Kadosch, tenant un pistolet, & faisant signe de le tuer s'il refusait de prononcer ce serment... Ce même adepte interrogé s'il croyait que la menace fût sérieuse, répondit: 'Je ne l'assurais pas, mais je le craindrais bien'" (Augustin Barruel, ibid., t. II, p. 319-320).

"Enfin le voile se déchire, l'adepte apprend que jusqu'alors la vérité ne lui a été manifesté qu'à demi; que cette liberté & cette égalité dont on lui avait donné le mot dès son entrée dans la Maçonnerie, consistent à ne reconnaître aucun supérieur sur la terre; à ne voir dans les Rois & les Pontifes que des hommes égaux à tous les autres, & qui n'ont d'autres droits sur le trône ou auprès de l'autel que celui qu'il plaît au peuple de leur donner, que ce même peuple peut leur ôter quand bon lui semblera... On lui dit encore que depuis trop long-temps les Princes & les Prêtres abusent de la bonté, de la simplicité de ce peuple; que le dernier devoir d'un Maçon, pour bâtir des temples à l'égalité & à la liberté, est de chercher à délivrer la terre de ce double fléau, en détruisant tous les autels que la crédulité & la supersitition ont élevés; tous les trônes, où l'on ne voit que des tyrans régner sur des esclaves.

Barruel précise: "Je n'ai point pris ces connaissances du grade des Kadosch simplement dans les livres de M. Montjoie ou de M. le Franc, je les tiens des initiés eux-mêmes..." (Augustin Barruel, ibid., t. II, p. 320-321).

Rapprochement des grades maçonniques

"Dans les deux premiers, c'est-à-dire ceux d' apprenti & de compagnon, la secte commence par jeter en avant son mot d' égalité, de liberté. Elle n'occupe ensuite les novices que de jeux puérils ou de fraternité, de repas maçonniques; mais déjà elle les accoutume au plus profond secret par un affreux serment.

"Dans celui de Maître, ellle raconte son histoire allégorique d'Adoniram qu'il vaut venger, & de la parole qu'il faut retrouver.

"Dans le grade d' Elu, elle accoutume ses adeptes à la vengeance, sans leur dire celui sur qui elle doit tomber. Elle les rapelle aux patriarches, au temps où tous les hommes n'avaient, suivant les prétentions, d'autre culte que celui de la religion naturelle, où tous étaient également Prêtres & Pontifes; mais elle ne dit pas encore qu'il faille renoncer à toute religion révélée depuis les Patriarches. Ce dernier mystère se dévoile dans les grades Ecossais. Les Maçons y sont enfin déclarés libres; la parole si long-temps cherchée est celle du Déiste; c'est le culte de Jéhovah, tel qu'il fut reconnu par les Philosophes de la nature. Le vrai Maçon devient Pontife de Jéhovah; c'est là le grand mystère qui lui est présenté comme laissant dans les ténèbres tous ceux qui n'y sont pas initiés... (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. II, p. 322). "Ici on vous déclare que cette fameuse parole découverte par les Maçons est Jéhovah. [...] Jéhovah est simplement pour eux le Dieu commun du genre humain..." (Augustin Barruel, ibid., t. II, p. 326-327).

"Dans les grades des Chevaliers Rose-Croix, celui qui a ravi la parole, qui a détruit le vrai culte de Jéhovah, c'est l'auteur même de la Religion Chrétienne; c'est-à-dire Jésus-Christ & de son Evangile qu'il faut venger les Frères, les Pontifes de Jéhovah.

"Enfin, dans le grade de Kadosch, l'assassin d'Adoniram (qui possédait la parole et qui l'a perdue) devient le Roi qu'il faut tuer pour venger le Grand-Maître Molay, & l'Ordre des Maçons successeurs des Templiers. La religion qu'il faut détruire, pour retrouver la parole ou la doctrine de la vérité, c'est la Religion de Jésus-Christ, c'est tout culte fondé sur la Révélation. Cette parole, dans toute son étendue, c'est la liberté & l' égalité à rétablir par l'extinction de tout Roi & par l'abolition de tout culte.

"Telle est la liaison & la marche, tel est l'ensemble du système maçonnique; & c'est ainsi que, par le développement successif de son double principe d' égalité & de liberté, de son allégorie du Maître des Maçons à venger, de la parole à retrouver, la secte conduisant les adeptes de secrets en secrets, les initie enfin à tout le code de la Révolution & du jacobinisme..." (Augustin Barruel, ibid., t. II, p. 323).