Différences entre les versions de « Ignace d'Antioche »

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         Saint Ignace d'Antioche (v. 35- mort entre 100 et 117, sous [[Trajan|Trajan]]).  
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         Saint Ignace d'Antioche (v. 35- mort entre 100 et 117 sous [[Trajan|Trajan]]).  
  
Evêque d'Antioche de Syrie et martyr, mis à mort à Rome l'an 107, est un des Pères apostoliques. "Saint Ignace fut condamné à être dévoré par les fauves lors d'une persécution sous Trajan dont on situe mal la date exacte, v. 110 ap. J.-C., probablement" ([[Régine Pernoud|Régine Pernoud]], ''Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?'', Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 40).  
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Evêque d'Antioche de Syrie et martyr, mis à mort à Rome l'an 107, est un des Pères apostoliques (Encyclopédie théologique, Nicolas Bergier (1718-1790), publ. par M. l'abbé Migne,  Ateliers catholiques au Petit-Montrouge, tome II, Paris 1850-1851, p. 1292).
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"Saint Ignace fut condamné à être dévoré par les fauves lors d'une persécution sous Trajan dont on situe mal la date exacte, v. 110 ap. J.-C., probablement" ([[Régine Pernoud|Régine Pernoud]], ''Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?'', Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 40).  
  
 
"Saint Ignace est le deuxième successeur de Pierre (l’Apôtre de Jésus-Christ) comme évêque d’Antioche, selon une liste communiquée par [[Eusèbe|Eusèbe]] de Césarée, Ignace ne nous est guère connu que par ses ''Lettres'' qui ont été conservées et dont l'authenticité est indiscutable" ([[Régine Pernoud|Régine Pernoud]], ''Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?'', Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 40).
 
"Saint Ignace est le deuxième successeur de Pierre (l’Apôtre de Jésus-Christ) comme évêque d’Antioche, selon une liste communiquée par [[Eusèbe|Eusèbe]] de Césarée, Ignace ne nous est guère connu que par ses ''Lettres'' qui ont été conservées et dont l'authenticité est indiscutable" ([[Régine Pernoud|Régine Pernoud]], ''Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?'', Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 40).
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Et encore: "Ne méprise pas les esclaves hommes ou femmes" ([[Régine Pernoud|Régine Pernoud]], ''Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?'' Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 44).
 
Et encore: "Ne méprise pas les esclaves hommes ou femmes" ([[Régine Pernoud|Régine Pernoud]], ''Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?'' Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 44).
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==Interrogatoire d'Ignace devant l'empereur Trajan==
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Conduit devant l'empereur Trajan, il subit un long interrogatoire:
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"C'est donc toi, vilain démon, qui insultes nos dieux?
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-- Nul autre que vous n'a jamais appelé Théophore un mauvais démon.
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-- Qu'entends-tu par ce mot Théophore?
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-- Celui qui porte Jésus-Christ dans son coeur.
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-- Crois-tu donc que nous ne portons pas nos dieux dans notre coeur?
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-- Vos dieux! Ce ne sont que des démons; il n'y a qu'un Dieu Créateur, un Jésus-Christ, Fils de Dieu, dont le règne est éternel.
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-- Sacrifie aux dieux, je te ferai pontife de Jupiter et père du Sénat.
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-- Tes honneurs ne sont rien pour un prêtre du Christ."
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Trajan, irrité, le fait conduire en prison.
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"Quel honneur pour moi, Seigneur, s'écrie le martyr, d'être mis dans les fers pour l'amour de Vous!" et il présente ses mains aux chaînes en les baisant à genoux.
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L'interrogatoire du lendemain se termina par ces belles paroles d'Ignace: "Je ne sacrifierai point; je ne crains ni les tourments, ni la mort, parce que j'ai hâte d'aller à Dieu."
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Condamné aux bêtes, il fut conduit d'Antioche à Rome par Smyrne, Troade, Ostie. Son passage fut partout un triomphe; il fit couler partout des larmes de douleur et d'admiration:
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"Je vais à la mort avec joie, pouvait-il dire. Laissez-moi servir de pâture aux lions et aux ours. Je suis le froment de Dieu; il faut que je sois moulu sous leurs dents pour devenir un pain digne de Jésus-Christ. Rien ne me touche, tout m'est indifférent, hors l'espérance de posséder mon Dieu. Que le feu me réduise en cendres, que j'expire sur le gibet d'une mort infâme; que sous la dent des tigres furieux et des lions affamés tout mon corps soit broyé; que les démons se réunissent pour épuiser sur moi leur rage: je souffrirai tout avec joie, pourvu que je jouisse de Jésus-Christ." Quel langage et quel amour!
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Saint Ignace, dévoré par un lion, répéta le nom de Jésus jusqu'au dernier soupir. Il ne resta de son corps que quelques os qui furent transportés à Antioche.
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[http://magnificat.ca/cal/fran/02-01.htm Abbé L. Jaud, ''Vie des Saints pour tous les jours de l'année'', Tours, Mame, 1950.]

Version actuelle datée du 8 octobre 2005 à 14:08

                             Ignace d\'Antioche, martyr.jpg
        Saint Ignace d'Antioche (v. 35- mort entre 100 et 117 † sous Trajan). 

Evêque d'Antioche de Syrie et martyr, mis à mort à Rome l'an 107, est un des Pères apostoliques (Encyclopédie théologique, Nicolas Bergier (1718-1790), publ. par M. l'abbé Migne, Ateliers catholiques au Petit-Montrouge, tome II, Paris 1850-1851, p. 1292).

"Saint Ignace fut condamné à être dévoré par les fauves lors d'une persécution sous Trajan dont on situe mal la date exacte, v. 110 ap. J.-C., probablement" (Régine Pernoud, Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?, Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 40).

"Saint Ignace est le deuxième successeur de Pierre (l’Apôtre de Jésus-Christ) comme évêque d’Antioche, selon une liste communiquée par Eusèbe de Césarée, Ignace ne nous est guère connu que par ses Lettres qui ont été conservées et dont l'authenticité est indiscutable" (Régine Pernoud, Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?, Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 40).

"Nous avons de lui six lettres à différentes Eglises, une à saint Polycarpe, et les actes de son martyre écrits par des témoins oculaires. Comme saint Ignace a été disciple de saint Jean l'Evangéliste, et a souffert peu de temps après la mort de cet apôtre, ses écrits sont des monuments précieux de la doctrine et de la discipline de l'Eglise primitive; ils sont rassemblés dans le second tome des Pères apostoliques, de l'édition de Coletier.

"Malheureusement pour les Protestants, ils y ont trouvé la condamnation claire de plusieurs de leurs erreurs" (Encyclopédie théologique, Nicolas Bergier (1718-1790), publ. par M. l'abbé Migne, Ateliers catholiques au Petit-Montrouge, tome II, Paris 1850-1851, p. 1292).

Reconnu comme successeur des Apôtres, il garda la foi, présida au culte, stimula et surveilla la fidélité de chacun. Chaque communauté prit bientôt elle-même le nom d’Église, et ainsi le livre de l’Apocalypse se présente-t-il comme une lettre aux sept Églises.

Mais chacune des Eglises entend bien demeurer en communion avec les Églises voisines; les évêques d’une même région s’écrivent, se consultent et, à l’occasion, se réunissent en synodes provinciaux.

Ses Lettres sont adressées à plusieurs églises locales (Éphèse, Magnésie, de Tralles, Philadelphie, à Smyrne, aux Romains) au moment même où Ignace est conduit à Rome pour y subir le martyre. À ces Lettres un thème commun: l'exhortation à l'unité – une unité très nettement incarnée dans la hiérarchie établie:

  • "Celui qui agit à l'insu de l'évêque, des prêtres et des diacres, celui-là n'a pas la conscience pure…";
  • "Soucieux de cette divine unité, respectez-vous mutuellement… Aimez-vous toujours en Jésus-Christ"…

Sa fête est le 17 octobre

Les Lettres d'Ignace d'Antioche constituent le document le plus important qui nous soit parvenu sur les origines chrétiennes au tout début du IIe siècle

Lettre aux chrétiens de Smyrne

Les lettres d’Ignace représentent, pour l’ecclésiologie, le dogme et la spiritualité, le document le plus important qui nous soit parvenu sur les origines chrétiennes au tout début du IIe siècle.

  • Le chef d’Église y exprime avec autant d’autorité que d’insistance son souci, presque son obsession, de l’unité à garder pour chaque Église autour de son évêque et pour toutes les Églises entre elles.
  • Ignace éprouva une crainte en apprenant que les chrétiens de Rome agissaient pour tenter de le soustraire au martyre et la lettre brûlante qu’il leur écrit pour les supplier de n’en rien faire est étonnante: « Votre silence fera de moi une parole de Dieu; mais si vous aimez trop ma chair, je ne serai plus qu’une voix ordinaire [...]. Il est beau de me coucher pour me lever en Dieu [...] ».
  • Ignace s’appelait lui- même Théophoros, en grec, «porteur de Dieu».

C'est à Ignace que l'on doit le mot grec «kajolik´ov», catholicos (Encyclopédie Univsersalis)

C’est à Ignace que l’on doit le mot grec «catholicos» pour définir l'Eglise de Jésus-Christ. Le terme grec, kajolik´ov, catholicos qui avait déjà chez les auteurs grecs (Aristote, Zénon, Polybe) le sens d’universel, de total, de général, est employé, depuis le début du IIe siècle donc, presque exclusivement par les auteurs chrétiens, et pour la première fois par Ignace d’Antioche donc dans sa Lettre aux chrétiens de Smyrne, 112, pour désigner l’Église de Jésus-Christ. Dès ce moment, le mot a un double sens: il désigne la foi catholique commune à toute l'Eglise déjà répandue dans de nombreux pays, par opposition aux communautés ayant assez tôt dévié de la foi apostolique (nicolaïtes, gnostiques, etc.).

  • «Là où est le Christ, là est l’Église catholique», écrit Ignace d’Antioche qui le premier veut expliquer par ce mot l’universalité du salut.

Cette unique Église se réalise en chaque cité dans la communion de charité fraternelle qui unit les croyants entre eux autour de l’évêque, que les lettres d’Ignace d’Antioche considèrent comme le chef de toute communauté chrétienne.

Lettre aux chrétiens de Philadelphie: "Veillez à ne participer qu'à une seule eucharistie...

"... Une en effet est la chair de Notre-Seigneur Jésus-Christ, un le calice qui nous unit à son sang, un l'autel, un aussi l'évêque avec son collège de prêtres et de diacres, mes compagnons de service"

Lettre aux Romains: "cette église préside dans la région de Rome"

Ignace salue l'Eglise catholique romaine plus particulièrement: "Elle est aimée et illuminée par la volonté de Celui qui a voulu tous ceux qui existent selon la foi et l'amour de Jésus-Christ Notre Dieu… Sa charité la met au premier rang, c'est elle qui porte la loi du Christ et le nom du Père" (France Quéré, Les Pères apostoliques. Écrits de la primitive Église, cité in Régine Pernoud, Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?, Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 40).

Selon Ignace d’Antioche, une vénération spéciale entoure déjà l’Église romaine, «présidente de l’alliance divine».

L’évêque de Rome, successeur de Pierre, croit pouvoir en plusieurs circonstances imposer son point de vue dans des conflits de quelque importance.

«L’ensemble des croyants de tous les pays, doit demeurer en accord avec l’Église de Rome» écrit saint saint Irénée de Lyon.

D’autre part, au plan de la discipline et surtout de la foi, l’Eglise de Rome est un modèle pour les autres Églises ; on y vient de partout (Irénée, Adversus haereses, III, III, 2).

Lettre aux gens d'Éphèse

Ses vibrants appels à l'unité sont assortis de précisions vigoureuses du point de vue de la doctrine; il insiste sur la réalité de l'Incarnation, sur le Christ vrai Dieu et vrai homme, sur Sa naissance de Marie "selon le plan de Dieu"; la virginité de Marie, il l'enseigne expressément dans sa Lettre adressée aux gens d'Éphèse. Et pour lui, tout hérétique est adultère. Il est surprenant de voir exprimé avec tant de vigueur et de clarté l'essentiel de la foi des chrétiens. (Régine Pernoud, Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ? Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 41).

Lettre à Polycarpe

"Ecrivant à Polycarpe, l'évêque de Smyrne, Ignace d'Antioche précise dans les premières années du IIe s.: "Ne néglige pas les veuves; c'est toi, après le Seigneur, qui dois veiller sur elles".

Et encore: "Ne méprise pas les esclaves hommes ou femmes" (Régine Pernoud, Les saints au Moyen Age, la sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ? Plon, Mesnil-sur-l'Estrée 1984, p. 44).

Interrogatoire d'Ignace devant l'empereur Trajan

Conduit devant l'empereur Trajan, il subit un long interrogatoire:

"C'est donc toi, vilain démon, qui insultes nos dieux?

-- Nul autre que vous n'a jamais appelé Théophore un mauvais démon.

-- Qu'entends-tu par ce mot Théophore?

-- Celui qui porte Jésus-Christ dans son coeur.

-- Crois-tu donc que nous ne portons pas nos dieux dans notre coeur?

-- Vos dieux! Ce ne sont que des démons; il n'y a qu'un Dieu Créateur, un Jésus-Christ, Fils de Dieu, dont le règne est éternel.

-- Sacrifie aux dieux, je te ferai pontife de Jupiter et père du Sénat.

-- Tes honneurs ne sont rien pour un prêtre du Christ."

Trajan, irrité, le fait conduire en prison.

"Quel honneur pour moi, Seigneur, s'écrie le martyr, d'être mis dans les fers pour l'amour de Vous!" et il présente ses mains aux chaînes en les baisant à genoux.

L'interrogatoire du lendemain se termina par ces belles paroles d'Ignace: "Je ne sacrifierai point; je ne crains ni les tourments, ni la mort, parce que j'ai hâte d'aller à Dieu."

Condamné aux bêtes, il fut conduit d'Antioche à Rome par Smyrne, Troade, Ostie. Son passage fut partout un triomphe; il fit couler partout des larmes de douleur et d'admiration:

"Je vais à la mort avec joie, pouvait-il dire. Laissez-moi servir de pâture aux lions et aux ours. Je suis le froment de Dieu; il faut que je sois moulu sous leurs dents pour devenir un pain digne de Jésus-Christ. Rien ne me touche, tout m'est indifférent, hors l'espérance de posséder mon Dieu. Que le feu me réduise en cendres, que j'expire sur le gibet d'une mort infâme; que sous la dent des tigres furieux et des lions affamés tout mon corps soit broyé; que les démons se réunissent pour épuiser sur moi leur rage: je souffrirai tout avec joie, pourvu que je jouisse de Jésus-Christ." Quel langage et quel amour!

Saint Ignace, dévoré par un lion, répéta le nom de Jésus jusqu'au dernier soupir. Il ne resta de son corps que quelques os qui furent transportés à Antioche.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.