Gnostiques

De Christ-Roi
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« Les gnostiques détournent la parole de Dieu 
 'au nom d’une connaissance profonde de Dieu' » 
    (Jean-Paul II, Entrez dans l’Espérance.)

Gnostiques divers

Ils nous sont connus par saint Irénée de Lyon qui les réfuta dans son Adversus haereses, Contre les hérésies (v. 180).

Simon le Magicien

Il pratiquait la magie et jetait le peuple de Samarie dans l’émerveillement » (Ac 8.9). Il est vu comme le premier hérétique et l’ancêtre de toutes les hérésies. Ménandre, son disciple, introduisit le gnosticisme à Antioche. Son héritier, Satornil, fut actif à Antioche de 100 à 130. À Antioche, également, Nicolas le diacre.

Saturninus (ou Sartornil)

Saturninus (ou Sartornil) à Antioche, au début du IIe siècle, enseigne une gnose qui se rattacherait à la tradition de Simon le Magicien.


Basilide

Basilide à Alexandrie, dans la première moitié du IIe siècle entre 120 et 155, professe une doctrine - synthèse des doctrines enseignées par les disciples de Simon le Magicien - qui comporte des éléments philosophiques très importants et très curieux : séparation absolue entre le monde et le Dieu du Bien, infiniment éloigné: trois cente soixante-cinq cieux séparent l'homme de son Dieu. Seuls ceux qui ont la connaissance des formules et des mots de passe secrets sont en mesure de les franchir, en dépassant le barrage des puissances mauvaises.

Carpocrate

Carpocrate en Égypte, vers la même époque, et de son fils Epiphane. Voir Clément d'Alexandrie, fin IIe. S.


Isidore

Isidore aurait, dans son écrit Sur la justice, professé le communisme des biens et des femmes...


Valentin

Il naquit en Égypte et fut éduqué à Alexandrie. Il enseigna à Rome entre 135 et 160 en y fondant une école qui aura une influence dans tout l'empire. L’Évangile de Vérité, ainsi que d’autres textes découvert à Nag Hammadi, se rattachent à l’école valentinienne. La pensée de Valentin a influencé des générations de penseurs, sa doctrine a perduré jusqu'au VIIe s., malgré l'opposition de l'Église et de l'État romain devenue chrétien. Son œuvre est connue par de rares fragments transmis par saint Clément d'Alexandrie. Ses disciples les plus célèbres sont, en Occident, Ptolémée (l’auteur de la Lettre à Flora) et Héracléon (commentateur de l’Évangile de Jean) dans la seconde moitié du IIe s. ; en Orient, Théodote (dont on connaît assez bien l’enseignement grâce à Clément d’Alexandrie) et Marc le Mage.

Marcion

Marcion (85-160), né dans une famille chrétienne, voyagea beaucoup et s’établit à Rome vers 135. Il devint membre influant de l’église en y faisant une importante donation.

Il rejetait les anciennes Écritures, ne gardant qu’une sélection des nouveaux écrits. Exclu de l’église de Rome en 144, il se lance dans des campagnes missionnaires, fonda de nombreuses églises où l’on pratiquait une morale très austère, comportant la renonciation à la sexualité et à la vie de famille, tout en se préparant au martyre.

Marcion, ayant été à la rencontre de saint Polycarpe lui dit : «Me reconnaissez-vous? — Oui, répondit Polycarpe, je vous reconnais pour le fils aîné de Satan.»

Dès le milieu du IIIe siècle, le marcionisme est en déclin et disparut en moins de 100 ans.

Point de vue de l'historienne Anne Bernet sur les gnostiques : "de faux prophètes, de vrais escrocs, des illuminés en tout genre, enseignant une parodie d'Evangile"

C'est pour bien se distinguer d'eux que l'Eglise commence à reprendre, au début du IIe s., la formule d'Ignace d'Antioche et à se dire catholique

"Dans l'ombre des apôtres ont déjà commencé à sévir de faux prophètes, de vrais escrocs, des illuminés en tout genre, enseignant une parodie d'Evangile.

"Ils ont entraîné à leur suite de petits groupes qui ont vite sombré dans l'hérésie. Ces gens ne sont pas chrétiens ; ils ne l'ont jamais été ou ne le sont plus. Mais ils prétendent l'être ; ils prétendent même être (déjà) les seuls vrais chrétiens.

"C'est pour bien se distinguer d'eux que l'Eglise commence à reprendre, au début du IIe s., la formule d'Ignace d'Antioche et à se dire "catholique".

"Quoi de commun, en effet, entre les vrais fidèles et l'extravagant mouvement carpocratien qui enseigne aux siens que le salut réside dans le péché ?

"On soutient que le Bien et le mal n'ont aucune importance, que les actes sont indifférents… [Sources en note 1. Saint Irénée de Lyon, Les hérésies, I, VI, 25,28; Clément d'Alexandrie, Stromates III,24, saint Justin I Apologétique 4,26-27; Dialogue avec Tryphon, 35 ; et saint Epiphane, Panarion XXVI, 2-3; XXVII; XXX; XXXII,3 ; sans parler des témoignages de Tertullien, Minucius Felix et Eusèbe de Césarée.]

"... Quoi de commun encore entre les catholiques et ces gnostiques qui interprètent le christianisme à la lumière du néo-platonisme ou à celle des mystères égyptiens ? Quoi de commun entre eux et ces syncrétistes qui rendent un culte conjoint à Sérapis et à Jésus ? Rien et les évêques ne cessent de mettre en garde contre ces hérétiques, qui empoisonnent les âmes" (Anne Bernet, Les chrétiens dans l'empire romain, des persécutions à la conversion, Ier – IVe s., Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 79).

LE GRAND ARGUMENT DE PRESCRIPTION de TERTULLIEN CONTRE LES GNOSTIQUES

Tertullien.JPG

Tertullien de Carthage

(v. 160- 240 ap. J.-C.)


"Et de fait, dès second siècle, les hérétiques repoussèrent la Tradition, et disputèrent à l'Eglise la possession de la vraie doctrine qu'ils revendiquaient pour eux-mêmes...

"A cet effet, ils voulurent être reçus à discuter avec les catholiques sur les Ecritures, c'est-à-dire à plaider la cause au fond, moyennant un examen critique des textes de la Bible. Tertullien refusa net d'engager un tel combat. Il déclarait les hérétiques non recevables à formuler leur demande, qu'il écarte a priori, en leur opposant une exception péremptoire basée sur une possession paisible et non interrompue. - "Nous n'avons pas besoin, leur dit-il, d'examiner en détail, ni de réfuter vos opinions, l'une après l'autre. Toute la question entre vous et nous consiste à savoir où se trouve la doctrine du Christ. Or, cette doctrine, le Christ l'a communiquée aux Apôtres qui, à leur tour, l'ont transmise aux Eglises fondées par eux. Donc, nous sommes les vrais possesseurs; et ce seul fait de la possession suffit pour mettre en droit de repousser vos prétentions à une doctrine qui existait avant vous et en dehors de vous. En d'autres termes, nous prescrivons contre vous, nous appuyant sur ce fait certain, palpable, et, par là, nous coupons court à toute discussion ultérieure." (Tertullien, De proescript., XX., cité in Abbé Augustin Aubry, Contre le modernisme, Etude de la Tradition, le sens catholique et l'esprit des Pères, Pierre Tequi Editeur, Gand 1927, réédité aux ESR, p. 41.)

"Tertullien établit ici le grand argument de Prescription; or, cet argument a une valeur incontestable; et il n'est pas de méthode plus conforme à la nature des choses, lorsqu'il s'agit d'une révélation divine qui, indiscutable quant à son sujet même, ne peut être connue et transmise que par la voie du témoignage légitime; il n'est pas de méthode plus rationnelle, aujourd'hui encore, en face des erreurs contemporaines, et surtout de ce modernisme qui tend à s'ériger en juge de la foi, et à remettre en question la doctrine traditonnelle la plus solidement établie.

"D'où nous concluons, à juste titre, que la Tradition a une valeur dogmatique, et que c'est là le principe différentiel entre le catholicisme et toute hérésie en général, puisque toute hérésie est une innovation, et le protestantisme en particulier, puisque le protestantisme est, par excellence, l'innovation ou la "réforme", et la plus subversive de toutes les hérésies.

"On comprend, dès lors, pourquoi le principe de Tradition est un de ceux auxquels l'Eglise, dès l'origine, a tenu le plus: Depositum custodi... nihil innovetur nisi quod traditum est. Toutes les fois qu'elle veut juger une doctrine, elle commence par interroger ses anciens, ceux qu'elle sait dans la ligne traditionnelle; ce qu'ils disent, c'est ce qu'elle adopte toujours.

"Pour être sûr d'avoir les idées vraies, il ne faut pas s'adresser au premier venu; si vous prenez le dogme n'importe où, il sera n'importe comment. Il faut s'adresser à ceux que l'Eglise nous indique comme ayant des idées sans mélange d'erreur; cela est surtout nécessaire dans un ordre de notions aussi délicates que le dogme, où il est si facile et si fréquent de glisser des idées personnelles. [...] Saint Thomas lui-même, lorsqu'il expose, dans sa Somme, l'idée théologique, va la puiser chez les Pères qu'il possède à fond et qu'il admire; ainsi, pour lui, l'oeuvre du théologien consiste à prendre ce que les Anciens ont dit et à le fondre en un monument de forme nouvelle, mais tout entier pris aux sources.

"C'est pour avoir rejeté l'autorité de la Tradition et, en définitive, la direction de l'Eglise qui en est le dépositaire, que le protestantisme s'est constitué, pour aboutir, finalement, au rationalisme. Car le protestantisme ne possède et ne veut reconnaître que l'Ecriture. Or, l'Ecriture isolée, dépourvue du secours d'une autorité enseignante et interprétante, de même nature qu'elle, ne peut se défendre contre les tendances de la raison à se l'assimiler et à l'affecter à ses propres fluctuations.

"La grande force de l'enseignement catholique, c'est la parole de Notre-Seigneur lui-même. Dans le choix qu'il a fait de ses apôtres, et par la mission qu'il leur a donnée - Ite, docete omnes gentes - il a fondé son enseignement sur la parole et non sur l'Ecriture. "Le Christ, dit saint Chrysostome, n'a pas laissé un seul écrit à ses apôtres. Au lieu de livre, il leur promit le Saint-Esprit. C'est lui, leur affirma-t-il, qui vous inspirera ce que vous aurez à dire." (Matt., II, 1.) Ce qui faisait dire à saint Augustin, parlant aux fidèles: "Nous sommes vos livres." (Sermon 227.)

"Ce grand livre vivant, auquel il faut se reporter toujours et avant tout, c'est donc l'enseignement oral, perpétué dans la Tradition: Docete... proedicate. L'enseignement par la parole, la parole avec l'assistance du Saint-Esprit promise et assurée, selon les besoins de l'Eglise et jusqu'à la fin des temps. Tel est le seul canal officiel de la diffusion de la foi parmi les nations, passant nécessairement des apôtres à leurs successeurs réguliers, c'est-à-dire à l'Eglise, s'imposant avant même et au-dessus des Ecritures qui ne renferment, d'ailleurs, comme nous en avertissent les Evangélistes, qu'une très faible partie des enseignements du Sauveur.

Ainsi, la Tradition, qui est déjà, naturellement, le moyen humain de conserver toute doctrine, est érigée, officiellement, explicitement et par une loi positive, sous la forme d'un corps enseignant qui est l'Eglise - Docentes eos servare omnia quaecumque mandavi vobis (Matt., XVIII, 20.) - pour être l'organe de la conservation, de la préservation et du développement de la foi à travers les âges, pour la défendre soit contre l'oubli, soit contre toute altération spontanée et sans malveillance, à laquelle est exposée toute doctrine confiée aux hommes, et à laquelle n'avait pas échappé, du moins parmi les gentils, la révélation primitive, soit surtout contre l'altération consciente et préméditée des hérésies."

(Abbé Augustin Aubry, ibid., p. 41-44.)