Différences entre les versions de « Gnostiques »

De Christ-Roi
Aller à la navigation Aller à la recherche
Ligne 26 : Ligne 26 :
  
 
"... Quoi de commun encore entre les catholiques et ces gnostiques qui interprètent le christianisme à la lumière du néo-platonisme ou à celle des mystères égyptiens ? Quoi de commun entre eux et ces syncrétistes qui rendent un culte conjoint à Sérapis et à Jésus ? Rien et les évêques ne cessent de mettre en garde contre ces hérétiques, qui empoisonnent les âmes" ([[Anne Bernet|Anne Bernet]], ''Les chrétiens dans l'empire romain, des persécutions à la conversion, Ier – IVe s.'', Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 79).
 
"... Quoi de commun encore entre les catholiques et ces gnostiques qui interprètent le christianisme à la lumière du néo-platonisme ou à celle des mystères égyptiens ? Quoi de commun entre eux et ces syncrétistes qui rendent un culte conjoint à Sérapis et à Jésus ? Rien et les évêques ne cessent de mettre en garde contre ces hérétiques, qui empoisonnent les âmes" ([[Anne Bernet|Anne Bernet]], ''Les chrétiens dans l'empire romain, des persécutions à la conversion, Ier – IVe s.'', Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 79).
 +
 +
==LE GRAND ARGUMENT DE PRESCRIPTION de TERTULLIEN CONTRE LES GNOSTIQUES===
 +
[[Image:Tertullien.JPG]]
 +
 +
[[Tertullien|Tertullien]] de Carthage
 +
 +
(v. 160- 240 ap. J.-C.)
 +
 +
 +
"Et de fait, dès second siècle, les hérétiques repoussèrent la [[Tradition|Tradition]], et disputèrent à l'Eglise la possession de la vraie doctrine qu'ils revendiquaient pour eux-mêmes...
 +
 +
"A cet effet, ils voulurent être reçus à discuter avec les catholiques sur les Ecritures, c'est-à-dire à plaider la cause au fond, moyennant un examen critique des textes de la Bible. [[Tertullien|Tertullien]] refusa net d'engager un tel combat. Il déclarait les hérétiques non recevables à formuler leur demande, qu'il écarte ''a priori'', en leur opposant une exception péremptoire basée sur une possession paisible et non interrompue. - "Nous n'avons pas besoin, leur dit-il, d'examiner en détail, ni de réfuter vos ''opinions'', l'une après l'autre. Toute la question entre vous et nous consiste à savoir où se trouve la doctrine du Christ. Or, cette doctrine, le Christ l'a communiquée aux Apôtres qui, à leur tour, l'ont transmise aux Eglises fondées par eux. Donc, nous sommes les vrais possesseurs; et ce seul fait de la possession suffit pour mettre en droit de repousser vos prétentions à une doctrine qui existait avant vous et en dehors de vous. En d'autres termes, nous prescrivons contre vous, nous appuyant sur ce fait certain, palpable, et, par là, nous coupons court à toute discussion ultérieure." ([[Tertullien|Tertullien]], ''De proescript''., XX., cité in Abbé [[Augustin Aubry| Augustin Aubry]], ''Contre le modernisme, Etude de la Tradition, le sens catholique et l'esprit des Pères'', Pierre Tequi Editeur, Gand 1927, réédité aux [http://editions.saint-remi.chez.tiscali.fr/  ESR], p. 41.)
 +
 +
"[[Tertullien|Tertullien]] établit ici le ''grand argument de Prescription''; or, cet argument a une valeur incontestable; et il n'est pas de méthode plus conforme à la nature des choses, lorsqu'il s'agit d'une révélation divine qui, indiscutable quant à son sujet même, ne peut être connue et transmise que par la voie du témoignage légitime; il n'est pas de méthode plus rationnelle, aujourd'hui encore, en face des erreurs contemporaines, et surtout de ce [[modernisme|modernisme]] qui tend à s'ériger en juge de la foi, et à remettre en question la doctrine traditonnelle la plus solidement établie.
 +
 +
"D'où nous concluons, à juste titre, que la [[Tradition|Tradition]] a une ''valeur dogmatique'', et que c'est là le principe différentiel entre le catholicisme et toute hérésie en général, puisque toute hérésie est une innovation, et le [[protestantisme|protestantisme]] en particulier, puisque le protestantisme est, par excellence, l'innovation ou la "réforme", et la plus subversive de toutes les hérésies."
 +
 +
(Abbé [[Augustin Aubry| Augustin Aubry]], ''ibid.'', p. 41-42.)

Version du 19 février 2006 à 19:30

« Les gnostiques détournent la parole de Dieu 
 'au nom d’une connaissance profonde de Dieu' » 
    (Jean-Paul II, Entrez dans l’Espérance.)

Gnostiques divers

Ils nous sont connus par saint Irénée de Lyon qui les réfuta dans son Adversus haereses, Contre les hérésies (v. 180).

Saturninus (ou Sartornil) à Antioche, au début du IIe siècle, enseigne une gnose qui se rattacherait à la tradition de Simon le Magicien.

Basilide à Alexandrie, dans la première moitié du IIe siècle entre 120 et 150, professe une doctrine qui comporte des éléments philosophiques très importants et très curieux : séparation absolue entre le monde et le Dieu du Bien, infiniment éloigné: trois cente soixante-cinq cieux séparent l'homme de son Dieu. Seuls ceux qui ont la connaissance des formules et des mots de passe secrets sont en mesure de les franchir, en dépassant le barrage des puissances mauvaises.

Carpocrate en Égypte, vers la même époque, et de son fils Epiphane. Voir Clément d'Alexandrie, fin IIe. S.

Isidore aurait, dans son écrit Sur la justice, professé le communisme des biens et des femmes...

Valentin d'Alexandrie fonde à Rome, vers 140, une école qui aura une influence dans tout l’Empire. La pensée de Valentin a influencé des générations de penseurs, sa doctrine a perduré jusqu'au VIIe s., malgré l'opposition de l'Église et de l'État romain devenue chrétien. Son œuvre est connue par de rares fragments transmis par saint Clément d'Alexandrie. Ses disciples les plus célèbres sont, en Occident, Ptolémée (l’auteur de la Lettre à Flora) et Héracléon (commentateur de l’Évangile de Jean) dans la seconde moitié du IIe s. ; en Orient, Théodote (dont on connaît assez bien l’enseignement grâce à Clément d’Alexandrie) et Marc le Mage.

Point de vue de l'historienne Anne Bernet sur les gnostiques :

"Dans l'ombre des apôtres ont déjà commencé à sévir de faux prophètes, de vrais escrocs, des illuminés en tout genre, enseignant une parodie d'Evangile. Ils ont entraîné à leur suite de petits groupes qui ont vite sombré dans l'hérésie. Ces gens ne sont pas chrétiens ; ils ne l'ont jamais été ou ne le sont plus. Mais ils prétendent l'être ; ils prétendent même être (déjà) les seuls vrais chrétiens.

"C'est pour bien se distinguer d'eux que l'Eglise commence à reprendre, au début du IIe s., la formule d'Ignace d'Antioche et à se dire "catholique".

"Quoi de commun, en effet, entre les vrais fidèles et l'extravagant mouvement carpocratien qui enseigne aux siens que le salut réside dans le péché ?

"On soutient que le Bien et le mal n'ont aucune importance, que les actes sont indifférents… [Sources en note 1. Saint Irénée de Lyon, Les hérésies, I, VI, 25,28; Clément d'Alexandrie, Stromates III,24, saint Justin I Apologétique 4,26-27; Dialogue avec Tryphon, 35 ; et saint Epiphane, Panarion XXVI, 2-3; XXVII; XXX; XXXII,3 ; sans parler des témoignages de Tertullien, Minucius Felix et Eusèbe de Césarée.]

"... Quoi de commun encore entre les catholiques et ces gnostiques qui interprètent le christianisme à la lumière du néo-platonisme ou à celle des mystères égyptiens ? Quoi de commun entre eux et ces syncrétistes qui rendent un culte conjoint à Sérapis et à Jésus ? Rien et les évêques ne cessent de mettre en garde contre ces hérétiques, qui empoisonnent les âmes" (Anne Bernet, Les chrétiens dans l'empire romain, des persécutions à la conversion, Ier – IVe s., Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 79).

LE GRAND ARGUMENT DE PRESCRIPTION de TERTULLIEN CONTRE LES GNOSTIQUES=

Tertullien.JPG

Tertullien de Carthage

(v. 160- 240 ap. J.-C.)


"Et de fait, dès second siècle, les hérétiques repoussèrent la Tradition, et disputèrent à l'Eglise la possession de la vraie doctrine qu'ils revendiquaient pour eux-mêmes...

"A cet effet, ils voulurent être reçus à discuter avec les catholiques sur les Ecritures, c'est-à-dire à plaider la cause au fond, moyennant un examen critique des textes de la Bible. Tertullien refusa net d'engager un tel combat. Il déclarait les hérétiques non recevables à formuler leur demande, qu'il écarte a priori, en leur opposant une exception péremptoire basée sur une possession paisible et non interrompue. - "Nous n'avons pas besoin, leur dit-il, d'examiner en détail, ni de réfuter vos opinions, l'une après l'autre. Toute la question entre vous et nous consiste à savoir où se trouve la doctrine du Christ. Or, cette doctrine, le Christ l'a communiquée aux Apôtres qui, à leur tour, l'ont transmise aux Eglises fondées par eux. Donc, nous sommes les vrais possesseurs; et ce seul fait de la possession suffit pour mettre en droit de repousser vos prétentions à une doctrine qui existait avant vous et en dehors de vous. En d'autres termes, nous prescrivons contre vous, nous appuyant sur ce fait certain, palpable, et, par là, nous coupons court à toute discussion ultérieure." (Tertullien, De proescript., XX., cité in Abbé Augustin Aubry, Contre le modernisme, Etude de la Tradition, le sens catholique et l'esprit des Pères, Pierre Tequi Editeur, Gand 1927, réédité aux ESR, p. 41.)

"Tertullien établit ici le grand argument de Prescription; or, cet argument a une valeur incontestable; et il n'est pas de méthode plus conforme à la nature des choses, lorsqu'il s'agit d'une révélation divine qui, indiscutable quant à son sujet même, ne peut être connue et transmise que par la voie du témoignage légitime; il n'est pas de méthode plus rationnelle, aujourd'hui encore, en face des erreurs contemporaines, et surtout de ce modernisme qui tend à s'ériger en juge de la foi, et à remettre en question la doctrine traditonnelle la plus solidement établie.

"D'où nous concluons, à juste titre, que la Tradition a une valeur dogmatique, et que c'est là le principe différentiel entre le catholicisme et toute hérésie en général, puisque toute hérésie est une innovation, et le protestantisme en particulier, puisque le protestantisme est, par excellence, l'innovation ou la "réforme", et la plus subversive de toutes les hérésies."

(Abbé Augustin Aubry, ibid., p. 41-42.)