Vertus morales

De Christ-Roi
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Les quatre grandes vertus morales sont:

  • la prudence,
  • la justice,
  • la force,
  • la tempérance (Voir Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 338.)

"Les quatre vertus morales, étant comme le pivot sur lequel roulent les rapports de l'homme avec tout ce qui n'est pas Dieu, ont reçu le nom de vertus cardinales (St. Th., 1a 2ae, q. 63, art. 3, corp.)" (Mgr Gaume, ibid., p. 339.)

LES QUATRE VERTUS MORALES OU CARDINALES

La prudence

Il n'y a pas de vertu morale sans la prudence

"La première est la prudence. Cette mère des vertus morales, qui les dirige, comme une mère dirige ses filles, se définit : Une vertu qui, en toutes choses, nous fait connaître et faire ce qui est honnête, et fuir ce qui ne l'est pas. Cette définition, admise également par la philosophie et par la théologie, montre qu' il n'y a pas de vertu morale sans la prudence.

"En effet, dit saint Thomas, bien vivre, c'est bien agir. Il ne suffit pas de connaître ce qui est à faire, il faut connaître encore la manière de le faire. Ceci suppose le choix judicieux des moyens. A son tour, ce choix, ayant rapport à la fin qu'on veut atteindre, suppose une fin honnête et les moyens convenables d'y parvenir : toutes choses qui appartiennent à la prudence. Si vous les supprimez, il n'y a plus de vertu. La précipitation, l'ignorance, la passion, le caprice, deviennent le mobile des actions : la vertu même sera vice. Donc sans la prudence il n'y a pas de vertu possible. » (S. Bernard., serm. 30 super Cant.)

"Apprenons de là quel royal cadeau le Saint-Esprit fait à l'âme, en lui donnant la prudence par le baptême, et en la développant par la confirmation. Apprenons-le encore du besoin continuel que nous avons de cette vertu elle s applique à tout. Aussi, on distingue

  • la prudence personnelle, qui apprend à chacun la manière de remplir ses devoirs envers lui-même, envers son âme et envers son corps.
  • La prudence domestique, qui enseigne au père à diriger sa famille.
  • La prudence politique, qui apprend aux rois à gouverner les peuples, de manière à les conduire à la fin pour laquelle Dieu les a créés.
  • La prudence législative, à laquelle les législateurs doivent les lois équitables et les règlements salutaires" (Mgr Gaume, ibid., p. 339-340.)

La justice

La justice est "la vertu qui fait rendre à chacun ce qui lui appartient" (Mgr Gaume)

"La seconde vertu morale qui sort de la grâce, comme le fruit sort de l'arbre, et qui mûrit au soleil de la confirmation, c'est la justice. La Justice est une vertu qui fait rendre à chacun ce qui lui appartient (Justitia est constans et perpetua voluntas jus suum unicuique tribuendi. Communis apud Theol.)" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 341.)

La justice respecte avant tout les droits de Dieu

"Éclairée par la prudence, la justice surnaturelle respecte avant tout les droits de Dieu. Propriétaire incommutable de tout, Dieu a droit à tout et sur tout, par conséquent au culte intérieur et extérieur de l'homme et de la société. Ici, la justice se manifeste par la vertu de religion, qui comprend l'adoration, la prière, le sacrifice, le vœu et l'accomplissement fidèle des préceptes, relatifs au culte direct du Créateur" (Mgr Gaume, ibid., p. 341).

Elle respecte les droits du prochain

"Elle respecte les droits du prochain, riche ou pauvre, faible ou fort, inférieur ou supérieur.

  • À elle le monde doit la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme, du meurtre de l'enfant, de l'esclavage, du despotisme brutal, qui pesa sur tous les peuples avant la rédemption, et qui pèse encore sur toutes les nations étrangères aux bienfaits de l'Évangile.
  • Elle apprend à l'homme à se respecter lui-même, son âme et ses droits, son corps et les siens, sa vie, sa mort et jusqu'à sa tombe.
  • Elle lui apprend, enfin, à respecter les créatures, en les gouvernant avec équité, c'est-à-dire conformément à leur fin; en esprit de dépendance, comme un bien d'autrui ; avec crainte, comme devant rendre compte de l'usage qu'il en aura fait.

Qu'on imagine ce que deviendrait le monde, sous l'empire de la justice surnaturelle! (Mgr Gaume, ibid., p. 341-342).

La force

"La troisième vertu cardinale, c'est la force. Sans elle la prudence et la justice seraient des lettres mortes. Ce n'est pas assez d'avoir la connaissance du bien, ni même la volonté, il faut en avoir le courage. Le courage est fils de la force. La force est une vertu qui tient l'âme en équilibre entre l'audace et la crainte. L'audacieux pèche par excès, le méticuleux par défaut, le fort tient le milieu entre l'un et l'autre (Fortitudo est mediocritas inter audaciam et tiniorem constituta. Apud Ferraris, Biblioth., etc., art. Virtus, n. 120.) La force a un double rôle, actif et passif. Actif, en face du devoir elle brave les dangers; passif, à l'adversité elle oppose la patience.

"La magnanimité ou la grandeur d'âme, la confiance, le sang-froid, la constance, la persévérance, la résignation, l'activité, sont filles de la force. Toute cette famille, surnaturalisée par la grâce, élève le caractère de l'homme à son plus haut degré de noblesse, en même temps qu'elle enfante dans la vie privée, comme dans la vie publique, les actes admirables qu'on cesse d'admirer depuis que le Saint-Esprit, répandu sur le monde, les a rendus si communs. Est-il besoin d'ajouter que, à raison des circonstances présentes, la force doit être la grande vertu des chrétiens ? force pour mettre par le nombre, la grandeur et la sainteté de leurs œuvres, un contrepoids aux iniquités du monde ; force héroïque pour résister aux attaques exceptionnelles dont ils sont l'objet" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 341-342).

La tempérance

"La quatrième vertu cardinale est la tempérance. C'est une vertu qui règle l'usage du boire et du manger, qui réprime la concupiscence, et modère les plaisirs des sens (Temperantia est virtus refraenans ac moderans inordinatos appetitus et concupiscentias, ac voluptates corporis, quibus praesertim gustus et tactus afficitur circa esculenta, poculenta et venerea. Ferraris, ubi suprà, n. 130.)

"Comme ses trois soeurs, la tempérance est mère d'une noble et nombreuse famille.

  • La sobriété,
  • l'abstinence,
  • la chasteté,
  • la continence,
  • la virginité,
  • la pudeur,
  • la modestie,
  • la clémence,
  • l'humilité,
  • l'amabilité, sont ses filles.

"Qu'elles vivent dans un homme, et cet homme devient le type du beau moral, la personnification de l'ordre.

"Éclairée par la prudence, réglée par la justice, soutenue par la force, l'âme commande au corps, et son commandement, exécuté avec exactitude, éloigne tout ce qui dégrade la nature humaine. Loin de l'homme tempérant, la gourmandise, l'ivrognerie, la crapule, l'impureté, la folle prodigalité, le luxe ruineux, les plaisirs séducteurs; en un mot, le honteux esclavage de l'esprit sous le despotisme de la chair.

"Telle est la quatrième vertu à laquelle le Saint-Esprit communique, par la confirmation, une nouvelle énergie. Nous laissons à dire si la tempérance, dans toutes ses applications, est une vertu nécessaire au chrétien moderne, condamné à vivre au milieu d'un monde constitué tout entier sur l'intempérance" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 343).

DIFFERENCES ENTRE VERTUS NATURELLES ET VERTUS SURNATURELLES

"Bien qu'il soit fort difficile, en beaucoup de cas, de distinguer le naturel et le surnaturel, la raison et la grâce, ce double moteur des actes humains, comme parle saint Thomas ; néanmoins la distinction est réelle. Constamment admise par la théologie catholique, elle est fondée sur le principe incontestable d'une double vie dans le chrétien. Vie purement naturelle, comme créature, destinée à une fin naturelle, et pourvue des moyens d'y parvenir. Vie surnaturelle, comme fils adoptif de Dieu, destiné à une fin surnaturelle et pourvu des moyens de l'atteindre ; vie surnaturelle, impérieusement obligatoire, pour tous les hommes dans l'ordre actuel de la Providence.

"Il en résulte que la prudence prudence, la justice, la force, la tempérance, sont aussi des vertus naturelles infuses; mais, entre la prudence, la justice, la force, la tempérance surnaturelles, grande est la différence. Différence dans le principe : les premières procèdent de la raison; les secondes, de la grâce. Différence dans le but: les premières nous mettent en rapports naturels et purement humains avec leur objet; les secondes en rapports surnaturels et divins. Différence dans l'efficacité : les premières sont inutiles au salut; les secondes nous y conduisent. Différence dans leur dignité : les premières se règlent d'après les lumières de la raison, les secondes d'après les lumières du Saint-Esprit. Les premières font l'honnête homme ; les secondes, le chrétien. Or, entre l'honnête homme et le chrétien, est toute la différence qui sépare l'insecte qui rampe, et l'oiseau qui vole.

"Un seul trait nous en fait juger. La tempérance naturelle ou philosophique, par exemple, se borne à réprimer la concupiscence du boire et du manger, de manière à prévenir tout excès capable de nuire à la santé et de troubler la raison; c'est le terre à terre de la vertu. La tempérance surnaturelle va plus loin. Elle conduit l'homme à châtier son corps et à le réduire en servitude par l'abstinence du boire, du manger et de ce qui peut flatter les sens. C'est la vérité de la vertu, l'affermissement de l'ordre, par la subordination complète de la chair à l'esprit, et de l'esprit à Dieu. Il en est de même des autres vertus. (S. Th., 1a 2ae, q. 63, art. 4, corp.)

(Source: Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 343-345).

"Les vertus surnaturelles:

  • la foi,
  • l'espérance,
  • la charité,
  • la prudence,
  • la justice,
  • la force,
  • la tempérance, sont des forces divines, communiquées à l'âme pour opérer le bien surnaturel. Le don est l'impulsion qui met ces forces en mouvement. Telle est la manière dont il nous perfectionne, par conséquent la différence radicale qui le distingue des vertus. Ce point de doctrine est capital. Écoutons saint Thomas : « Afin de bien saisir la distinction qui existe entre les dons et les vertus, il faut nous reporter au langage de l'Écriture. Elle désigne les dons du Saint-Esprit, non pas sous le nom de dons, mais sous le nom d'Esprits. Sur lui reposera, dit Isaïe, l'Esprit de sagesse et d'intelligence, etc. Ces paroles font comprendre très clairement que les sept dons du Saint-Esprit sont en nous, par l'effet d'une inspiration divine, ou plutôt sont le souffle même du Saint-Esprit en-nous. Or, inspiration veut dire impulsion venue du dehors (Corn. a Lap., in Is. XI, 2.)"

"« Riche de vertus surnaturelles, l'âme a besoin d'un moteur qui les mette en action. Des forces surnaturelles ne pouvant être mises en mouvement par un moteur naturel, il en résulte que le Saint-Esprit est le moteur nécessaire des forces surnaturelles, déposées dans l'âme par le baptême. Or, c'est par les sept dons ou les sept esprits que se traduit l'impulsion de l'Esprit sanctificateur. Aussi ses dons sont appelés dons, non seulement parce qu'ils sont répandus en nous par ce divin Esprit ; mais encore parce qu'ils ont pour but de rendre l'homme prompt à agir sous l'influence divine. Il s'ensuit que le don, en tant qu'il diffère de la vertu infuse, peut se définir : ce qui est donné de Dieu pour mettre en mouvement la vertu infuse. » (Is., XXI, 2.)

(Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 352-353).

LES VERTUS SURNATURELLES

Les vertus surnaturelles

"Les vertus surnaturelles:

  • la foi,
  • l'espérance,
  • la charité,
  • la prudence,
  • la justice,
  • la force,
  • la tempérance, sont des forces divines, communiquées à l'âme pour opérer le bien surnaturel. Le don est l'impulsion qui met ces forces en mouvement. Telle est la manière dont il nous perfectionne, par conséquent la différence radicale qui le distingue des vertus. Ce point de doctrine est capital. Écoutons saint Thomas : « Afin de bien saisir la distinction qui existe entre les dons et les vertus, il faut nous reporter au langage de l'Écriture. Elle désigne les dons du Saint-Esprit, non pas sous le nom de dons, mais sous le nom d'Esprits. Sur lui reposera, dit Isaïe, l'Esprit de sagesse et d'intelligence, etc. Ces paroles font comprendre très clairement que les sept dons du Saint-Esprit sont en nous, par l'effet d'une inspiration divine, ou plutôt sont le souffle même du Saint-Esprit en-nous. Or, inspiration veut dire impulsion venue du dehors (Corn. a Lap., in Is. XI, 2.)"

Le Saint-Esprit est le moteur nécessaire des forces surnaturelles

"« Riche de vertus surnaturelles, l'âme a besoin d'un moteur qui les mette en action. Des forces surnaturelles ne pouvant être mises en mouvement par un moteur naturel, il en résulte que le Saint-Esprit est le moteur nécessaire des forces surnaturelles, déposées dans l'âme par le baptême. Or, c'est par les sept dons ou les sept esprits que se traduit l'impulsion de l'Esprit sanctificateur. Aussi ses dons sont appelés dons, non seulement parce qu'ils sont répandus en nous par ce divin Esprit ; mais encore parce qu'ils ont pour but de rendre l'homme prompt à agir sous l'influence divine. Il s'ensuit que le don, en tant qu'il diffère de la vertu infuse, peut se définir : ce qui est donné de Dieu pour mettre en mouvement la vertu infuse. » (Is., XXI, 2.)

(Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 352-353).

"Les dons du Saint-Esprit sont absolument nécessaires au salut" (Mgr Gaume)

"Insistons néanmoins sur ce point essentiel, et établissons par des preuves directes que les dons du Saint-Esprit sont absolument nécessaires au salut.

"Voilà, il faut le dire, ce qu'il importe plus que jamais de savoir et, par conséquent, d'enseigner, attendu que les gens du monde ne le savent nullement et que la plupart même des fidèles ne le savent guère. A cette ignorance il faut attribuer le peu de cas qu'on fait des dons du Saint-Esprit, le peu d'importance qu'on attache au sacrement de confirmation et le peu de soin qu'on apporte à en conserver les fruits. L'Esprit de sagesse et de vie ainsi méconnu, faut-il s'étonner que le monde moderne aille à la dérive et à la mort ? (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 355).

"L'homme parfaitement justifié ne peut accomplir les actes de la vie chrétienne, s'il n'est poussé par le mouvement du Saint-Esprit" (saint Augustin)

"Afin de rendre sensible l'indispensable nécessité des dons du Saint-Esprit, les Pères de l'Église emploient diverses comparaisons. A celle de l'arbre, que nous avons développée, ils ajoutent les suivantes : « De même, dit quelque part saint Augustin, que l'œil le plus sain ne peut voir, si un rayon de lumière ne vient le frapper; ainsi l'homme parfaitement justifié ne peut accomplir les actes de la vie chrétienne, s'il n'est poussé par le mouvement du Saint-Esprit. » (Lib. de natura et gracia.)

(Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 355-356).

"L'homme, possédât-il la grâce sanctifiante et toutes les vertus infuses à un haut degré, il ne peut, sans le mouvement du Saint-Esprit faire un seul acte surnaturel" (Saint Basile)

"Saint Basile, déjà cité, ajoute : « On peut comparer l'homme à un navire. Si parfaitement construit qu'on suppose un navire et si bien pourvu qu'il soit d'agrès et de matelots, il ne peut marcher sans le souffle du vent. Ainsi de l'homme. Possédât-il la grâce sanctifiante et toutes les vertus infuses à un haut degré, il ne peut, sans le mouvement du Saint-Esprit faire un seul acte surnaturel, pas même prononcer le nom de Jésus. » Or, le mouvement du Saint-Esprit est l'effet de ses dons. Ainsi, ce que le vent est au navire, les dons du Saint-Esprit le sont à l'âme" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 358-356).

"Dieu perfectionne les œuvres de l'homme de deux manières par la lumière naturelle, qui est la raison, et par la lumière surnaturelle venue des vertus théologales" (saint Thomas)

"Résumant la doctrine des Pères, saint Thomas donne la raison fondamentale de cette nécessité. « Dieu, dit-il, perfectionne les œuvres de l'homme de deux manières

  • par la lumière naturelle, qui est la raison,
  • et par la lumière surnaturelle venue des vertus théologales. Mais cette seconde manière est imparfaite, puisque même avec ces vertus nous ne connaissons et n'aimons Dieu qu'imparfaitement. La raison en est que nous ne les possédons que d'une manière incomplète et non pas de nous-mêmes. Or, tout être qui ne possède pas complètement et de lui-même un principe d'action ne peut agir de lui-même, suivant ce principe : il faut qu'il soit mu du dehors.

"« Ainsi, le soleil, qui est pleinement lumineux, peut éclairer par lui-même. Mais la lune, dans laquelle la lumière ne réside que d'une manière imparfaite, ne peut éclairer si elle-même ne l'est pas. Ainsi encore, le médecin qui connaît parfaitement son art peut agir de lui-même, tandis que l'élève, imparfaitement instruit, ne le petit pas. Il faut qu'il reçoive la direction de son maître (C'est un axiome des sciences physiques, comme des sciences morales, que le second agent ne peut agir que par la vertu du premier : nullum agens secundum agit, nisi virtute primi.) Telle est la condition de l'homme. En tout ce qui est du domaine de la raison et qui tend à une fin naturelle, l'homme, aidé de Dieu, peut agir de lui-même par les lumières de la raison.

(Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 356-357).

"Par les vertus théologales et morales, l'homme n'est pas tellement perfectionné dans ses rapports avec sa fin dernière, qu'il n'ait toujours besoin d'être poussé par le mouvement supérieur du Saint-Esprit" (Saint Thomas)

"« Il en est autrement s'il est question de sa fin surnaturelle. N'étant informée qu'imparfaitement par les vertus théologales, la raison nous y fait tendre; mais son impulsion ne suffit pas. Il faut le mouvement du Saint-Esprit. L'Écriture l'enseigne clairement : Ceux qui sont conduits par le Saint-Esprit, dit saint Paul, ceux-là sont les fils de Dieu et ses héritiers. Et le prophète royal : C'est votre Esprit qui me conduira dans la terre du bonheur. Ainsi, nul ne peut entrer dans l'héritage du ciel, à moins d'y être poussé et conduit par le Saint-Esprit. Il suit de là que les dons du Saint-Esprit sont absolument nécessaires au salut. » (1 a 2 ae, q. 68, art. 2, corp; et ad 2.)

"Toute cette belle et profonde doctrine de l'Ange de l'école doit se résumer ainsi : par les vertus théologales et morales, l'homme n'est pas tellement perfectionné dans ses rapports avec sa fin dernière, qu'il n'ait toujours besoin d'être poussé par le mouvement supérieur du Saint-Esprit. » (S. Th., ubi supra.)

(Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 357-358).

Les dons du Saint-Esprit sont nécessaires pour connaître le bien, nécessaires pour l'opérer, nécessaires pour éviter le mal (Saint Thomas)

"Nécessaires comme principes généraux du mouvement surnaturel, les dons du Saint-Esprit le sont encore à plusieurs titres particuliers. Ils sont

  • nécessaires pour connaître le bien,
  • nécessaires pour l'opérer,
  • nécessaires pour éviter le mal : en sorte qu'ils sont tout à la fois lumière, force et protection. D'où il résulte que les regarder comme un souffle fécond, comme une simple impulsion sans vertu propre, serait une erreur. On doit les tenir pour autant de perfections actives et vivifiantes ajoutées aux vertus et aux puissances de l'âme: Dona sunt quaedam hominis perfectiones (Ibid., art. 2, corp.)

"Lumière : ils sont nécessaires pour connaître le bien: Si perfectionnée qu'elle soit par les vertus théologales et par les autres vertus infuses, la raison ne peut connaître tout ce qu'elle doit connaître, ni dissiper toutes les illusions dont elle peut être la victime, ni toutes les erreurs dans lesquelles elle peut tomber. Elle a besoin de celui dont la science est infinie et qui par sa présence la délivre de toute illusion, de toute folie, de toute ignorance, de toute inaptitude à connaître et à comprendre. Ce perfectionnement nécessaire est dû au Saint-Esprit et à ses dons (Id, art. 2, ad 3.).

"Force : ils sont nécessaires pour opérer le bien. La grâce sanctifiante habituelle ne suffit pas pour nous faire opérer le bien, pas plus que le sang, principe de la vie, ne suffit pour nous faire vivre : il faut qu'il soit mis en circulation. Or, c'est le don du Saint-Esprit qui communique à la grâce habituelle l'impulsion qui la met en mouvement et la rend efficace. En ce sens le don du Saint-Esprit est tout à la fois habituel et actuel. Habituel, il demeure dans l'âme en état de grâce. Actuel, il l'inspire, il l'aide, il la fortifie, il la pousse, suivant le besoin du moment, soit à pratiquer le bien, soit à résister au mal (S. TA., Il 2se, q. 100, art. 9, ad 2 et ad 3.

"Protection : il nous défend contre nos ennemis. Le don ou l'opération du Saint-Esprit ne se borne pas à nous diriger et à nous fortifier, il nous protège. L'homme en état de grâce en a besoin pour être soutenu contre les assauts de l'ennemi. C'est pourquoi il doit dire toujours : Ne nous induisez pas en tentation. Mais aussi, avec la grâce sanctifiante et les dons du Saint-Esprit, le chrétien est un être parfait. Il n'a pas seulement la vie divine, il possède encore tous les moyens de la développer, toutes les armes pour la défendre. « Les vertus et les dons, ajoute saint Thomas, suffisent pour exclure les péchés et les vices, dans le présent et dans l'avenir, en ce sens qu'ils empêchent de les commettre. Quant aux fautes passées, l'homme en trouve le remède dans les sacrements. » (S. Th., III p., q. 62, art. 2, ad 2.)

"Désormais, il reste bien établi que les dons du Saint Esprit, soit comme principes de mouvement surnaturel, soit comme éléments de lumière, de force et de défense, sont aussi nécessaires au salut que le mouvement à la vie, la chaleur à la sève, le vent au navire, la vapeur à la locomotive. Mais sont-ils tous nécessaires au même degré? Sans aucun doute" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 358-360).

Sans le Saint-Esprit, le salut est impossible

"« Parmi les dons du Saint-Esprit, dit la théologie catholique, la sagesse tient le premier rang, la crainte le dernier. Or, l'une et l'autre sont nécessaires au salut. Nul n'est aimé de Dieu, dit l'Écriture, sinon celui qui habite avec la sagesse, et nul ne peut être sauvé sans la crainte. Donc les dons intermédiaires sont également nécessaires au salut : Ergo etiam alia dona media sunt necessaria ad salutem (S. Th., 1, 2a, q. 68, art. 4.) De plus, sans le Saint-Esprit, le salut est impossible. Or, le Saint-Esprit est inséparable de ses dons. Il est dans l'âme avec tous ses dons, ou il n'y est pas du tout. La conséquence est que les sept dons du Saint-Esprit sont nécessaires au salut d'une égale nécessité : Septem dona sunt necessaria ad salutem. » (Ibid., art. 3, ad 1.)"

(Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 360).