Différences entre les versions de « Sacre »

De Christ-Roi
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===Le peuple acceptait cette promesse et se liait à son tour envers lui.===
 
===Le peuple acceptait cette promesse et se liait à son tour envers lui.===
"Le pontife demandait au peuple s'il ''voulait se soumettre à ce prince'' et obéir à ses ordres. Ce n'est qu'après la réponse unanime du clergé et du peuple que l'évêque appelait la bénédiction de Dieu sur la tête du prince. Il lui remettait l'épée, la couronne et la main de justice, ''prises de dessus l'autel''.
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"Le pontife demandait au peuple s'il ''voulait se soumettre à ce prince'' et obéir à ses ordres. Ce n'est qu'après la réponse unanime du clergé et du peuple que l'évêque appelait la bénédiction de Dieu sur la tête du prince. Il lui remettait l'épée, la couronne et la main de justice, ''prises de dessus l'autel'', comme on lui faisait remarquer; le métropolitain le faisait asseoir sur le trône en lui disant:
  
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"Sois ferme, et garde l'Etat que tu tiens de la succession paternelle et qui t'est délégué par droit héréditaire, par l' ''[[autorité|autorité du Dieu tout-puissant]]'' et par la ''tradition'' de tous les Evêques et ''des autres serviteurs'' de Dieu; que le médiateur de Dieu et des hommes t'établisse, sur ce trône royal, le médiateur du clergé et ''du peuple''; et que Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, te confirme sur le trône de ce royaume et te fasse régner avec lui dans son royaume éternel."
  
 
===Ceux qui ont dérogé à ce cérémonial n'ont pas porté bonheur à leur royauté !===  
 
===Ceux qui ont dérogé à ce cérémonial n'ont pas porté bonheur à leur royauté !===  
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* Napoléon prit lui-même la couronne et posa celle de l'impératrice sur la tête de Joséphine: Joséphine était répudiée quelque temps après et le puissant empereure découronné mourut sur une île perdue au milieu de l'Océan...  
 
* Napoléon prit lui-même la couronne et posa celle de l'impératrice sur la tête de Joséphine: Joséphine était répudiée quelque temps après et le puissant empereure découronné mourut sur une île perdue au milieu de l'Océan...  
  
Le Roi recevait ces insignes de la main de l'archevêque comme pour déclarer bien haut que tout pouvoir vient de Dieu."
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Le Roi recevait ces insignes de la main de l'archevêque comme pour déclarer bien haut que tout pouvoir vient de Dieu."  
  
([[Mgr Delassus| Mgr Delassus]], ''L'esprit familial, dans la famille, dans la cité et dans l'Etat'', Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer, Lille 1910, réédité aux [http://editions.saint-remi.chez.tiscali.fr/  ESR], p. 211-213.)
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([[Mgr Delassus| Mgr Delassus]], ''L'esprit familial, dans la famille, dans la cité et dans l'Etat'', Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer, Lille 1910, réédité aux [http://editions.saint-remi.chez.tiscali.fr/  ESR], note 2, p. 212-213.)
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====le droit humain ''du peuple'' qui approuvait la transmission de la couronne à l'héritier légitime;
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====le droit divin qui investissait le prince "par l'autorité de Dieu tout-puissant et la tradition des évêques";====
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====la royauté souveraine et éternelle du Christ.====
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(Source: [[Mgr Delassus| Mgr Delassus]], ''L'esprit familial, dans la famille, dans la cité et dans l'Etat'', Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer, Lille 1910, réédité aux [http://editions.saint-remi.chez.tiscali.fr/  ESR], p. 211-213.)

Version du 27 février 2006 à 18:18

UNE INVOCATION PERPETUELLE A L'ESPRIT DE FORCE, DE LUMIERE, DE JUSTICE ET DE CHARITE (Mgr Gaume)

"Le sacre des rois... est... une invocation perpétuelle à l'Esprit de force, de lumière, de justice et de charité. Dans cette consécration redoutable qui dit aux rois de la terre : Vous êtes les vassaux du Roi du ciel, et vous devez être ses images vivantes; à Lui vous devrez, comme le dernier de vos sujets, rendre compte de votre administration : quelles garanties de bonheur temporel pour les peuples et de salut éternel pour les âmes! Pour les dynasties elles-mêmes, quel gage de durée! Météores passagers ou fléaux permanents : voilà ce qu'elles ont été, ce qu'elles seront toujours, si elles ne sont soutenues et dirigés par l'Esprit de Dieu : Veni creator Spiritus" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 647-648).

LE SACRE DES ROIS, UNE ONCTION DIVINE ET BIBLIQUE

"Quand Dieu ne règne pas par les bienfaits de Sa présence, Il règne quand même par les méfaits de Son absence..." (Cardinal Pie, La royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ).

  • (Vulgate) I Rois X.1 indique que "Samuel [le prophète du Seigneur] prit le petit vase d’huile et le répandit sur la tête de Saül, puis il le baisa et dit : Voilà que le Seigneur t’a oint comme prince sur son héritage et tu délivreras son peuple des mains de ses ennemis, qui sont autour de lui. Et ceci sera pour toi le signe que Dieu t’a oint comme prince.

C'est que le sacre (de droit divin) est le lien qui unit le Roi à Dieu, et le canal par lequel la puissance, l’assistance et le rayonnement de la majesté divine se communiquent au Roi au moment où il devient l’oint du Seigneur 'personne sainte et sacrée' (I Rois IX, 15 à 17, et X, 1 etc).

Samuel ajoute à Saül "En même temps l’esprit du Seigneur se saisira de vous et vous serez changé en un autre homme" (I Rois X, 6).

Et le Livre des Rois (X, 9) constate "Dieu lui changera le cœur et lui en donna un autre".

Et Samuel termine son allocution au nouveau Roi par cette recommandation:

  • "Faites hardiment tout ce qui se trouvera à faire, parce que le Seigneur sera avec vous" (I Rois X, 7).

Par là, Samuel indique clairement que la royauté de droit divin, basée tout d'abord sur le sacre, est le moyen d'obtenir que le Seigneur soit avec nous, au politique.

  • (Vulgate) IV Rois IX, 3 indique que le prophète Elisée appela un des enfants des prophètes et dit: "Et tenant le petit vase d'huile, tu la répandras sur sa tête, et tu diras: Voici ce que dit le Seigneur: Je t'ai oint roi sur Israël" (Ce verset tiré de la Vulgate est compilé dans la T.O.B., à II Rois IX, 3).
  • (Vulgate) Jérémie XXVII.5 recommande aux rois la modestie et l'humilité devant Dieu: "Que nul d’entre les Rois ne se figure que son royaume lui vient de ses ancêtres : mais qu’il croie humblement et sincèrement qu’il le tient de Dieu, de ce Dieu qui a dit par son prophète Jérémie aux enfants d’Israël: "Vous direz à vos maîtres: c’est moi qui, par Ma puissance et par mon bras étendu ai fait la terre, l’homme et les animaux qui sont sur la surface de la terre, et Je la donne à qui Me plaît..."

"Le Souverain, qu'il soit Roi ou Peuple, est celui qui exerce le pouvoir suprême, la souveraineté. Telle est bien la fonction sociale la plus haute et aucun Etat ne peut se passer d'un souverain. Le choix que l'on en fait décide de ce que sera le corps social et donne son sens à l'Etat. Les rois de France, mes aïeux, ont très tôt fixé leur doctrine : le Roi, souverain béni par l'onction du sacre, selon une belle formule définie par les juristes "est empereur en son royaume". Durant des siècles, pour concrétiser cette idée, ils ont dû lutter à la fois contre les dangers de l'étranger toujours prêt à vouloir imposer ses règles à la souveraineté nationale, et contre les périls intérieurs de ceux qui voulaient limiter la souveraineté du roi pour mieux dicter leur loi. Entre ces deux écueils la France s'est bâtie et a prospéré. Aujourd'hui, la question est loin d'être inactuelle" (Louis duc d'Anjou et de Bourbon dans un discours prononcé à Paris, le 24 septembre 1999).[1]

Notons tout de suite au sujet des rois, que les uns règnent PAR LA GRACE DE DIEU, les autres PAR SA PERMISSION. Ceux qui règnent avec piété, justice et miséricorde règnent, sans aucun doute, par la grâce de Dieu.

Les "autres ne règnent pas par Sa grâce, mais seulement par Sa permission. Et c’est d’eux que le Seigneur a dit par le prophète Osée : ‘Je te donnerai un Roi dans ma fureur. C’est d’eux dont parle Job lorsqu’il dit : C’est Dieu qui fait régner l’hypocrite à cause des péchés du peuple’...

Saint Paul commande en (Vulgate) I Corinthiens XV, 25: Il faut qu’Il règne.

En effet, s’Il règne, règnent aussi le vrai progrès et la prospérité.

S’Il ne règne pas, c’est la décadence, la déchéance, l’esclavage sous toutes ses formes, le règne du malin:

  • (Vulgate) Esaïe 60.12 Car la nation et le royaume qui ne te sera pas assujetti, périra; ces nations réduites en solitude seront dévastées... (C'est clair...)

"Une nation chrétienne ne peut pas impudemment déchirer les pages séculaires de son histoire, rompre la chaîne de ses traditions, inscrire en tête de sa constitution la négation des droits de Dieu, bannir toute pensée religieuse de ses codes et de son enseignement public" (Le Comte de Chambord, dans son manifeste du 8 mai 1871). [2]

Tous nos malheurs aujourd'hui n'ont pas d'autres origines que nos péchés, nos reniements, notre apostasie publique de Notre Seigneur Jésus-Christ.

  • (Vulgate) Psaume 72, 26 Parce que voilà que ceux qui s'éloignent de vous périront...
  • (Mais) Ps 88, 16 Bienheureux le peuple qui sait se réjouir en vous. SEIGNEUR, c’est à la lumière de Votre visage qu’ils marcheront., 17. Et en Votre Nom qu’ils tressailliront de joie tout le jour, et c’est par votre justice qu’ils seront exaltés.
  • J’ai trouvé David mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte. 22. Car ma main le secourra, et mon bras le fortifiera (Ps 88, 21-22).
  • Ps 88.31 Mais si ses fils abandonnent ma loi, s’ils ne marchent pas dans mes jugements, 32. S’ils profanent mes justes ordonnances, et ne gardent point mes commandements, 33. Je visiterai avec une verge leurs iniquités, et avec des fléaux leurs péchés..."

Ici Dieu nous avertit très clairement que si nous désobéissons à ses commandements et si nous ne marchons pas dans ses voies, alors très sûrement, les fléaux nous tomberont dessus.

Mais, notons cette fidélité de Dieu:

  • (Vulgate) "Mais je ne retirerai pas ma miséricorde de lui, et je ne manquerai pas à ma vérité; 35. Et je ne profanerai point mon alliance" (Ps 88.34).
  • Judith V.17-18 confirme qu'"il n' y eut personne qui insultât à ce peuple, si ce n'est quand il s'est retiré du culte du Seigneur son Dieu. 18. Mais toutes les fois qu'outre leur propre Dieu ils en ont adoré un autre, ils ont été livrés au glaive et à l'opprobre"...
  • (Vulgate) "Parce que vous aurez violé l'alliance du Seigneur votre Dieu qu'il a faite avec vous, que vous aurez servi des dieux étrangers, et que vous les aurez adorés; soudain et promptement s'élèvera contre vous la fureur du Seigneur, et vous serez enlevés de cette terre excellente qu'il vous a livrée..." (Josué XXIII, 16).

Après les Juifs il y a 2000 ans, les Français feraient donc bien de graver ces paroles de la sainte Ecriture en lettres d'or dans leur mémoire...

  • (Vulgate) II Paralipomènes VII, 19 Si vous détournez, et que vous abandonniez mes lois et mes préceptes que je vous ai proposés, et que, vous en allant, vous serviez des dieux étrangers et les adoriez,

Aujourd'hui, ces dieux étrangers sont le laïcisme, le matérialisme, l'argent-roi, l'individualisme, le culte de l'homme au travers des droits de l'homme, etc.

  • 20 Je vous arracherai de ma terre que je vous ai donnée; et cette maison que j'ai consacrée à mon nom, je la rejetterai de ma face, et je la livrerai en proverbe et en exemple à tous les peuples. 21 Ainsi cette maison sera en dérision à tous ceux qui passeront, et ils diront, frappés d'étonnement: Pourquoi le Seigneur a-t-il fait ainsi à cette terre et à cette maison? 22 Et l'on répondra: Parce qu'ils ont abandonné le Seigneur Dieu de leurs pères,... et qu'ils ont pris des dieux étrangers, et qu'ils les ont adorés et servis: c'est pour cela que sont venus sur eux tous ces maux...

On ferait bien d'y réfléchir en méditant sur tous les maux qui se sont abattus sur la pauvre France depuis qu'elle a apostasié son Dieu en 1789. Notons au passage, que le livre des Paralipomènes a été enlevé dans la T.O.B.

Parce que nous aurons violé l'alliance du Seigneur Notre Dieu avec la France (laïcisme forcené, loi de 1905 contre France fille aînée de l'Eglise et éducatrice des peuples...), la France livrée à ses ennemis et aux étrangers, une "terre volée", l'expropriation de nos terres risque bien d'être le dernier châtiment lâché contre nous...

  • (Vulgate) Proverbes VIII, 12 "Moi, Sagesse, j'habite dans le conseil, et je suis présente aux savantes pensées. 13 La crainte du Seigneur hait le mal: l'arrogance et l'orgueil, une voie dépravée, et une langue double, je les déteste. 14. A moi est le conseil et l'équité: à moi est la prudence, à moi est la force. 15. Par moi les rois règnent, et les législateurs décrètent des choses justes; 15. Par moi les princes commandent et lui puissants rendent la justice; 16. Par moi les princes commandent et les puissants rendent de la justice. 17. Moi, j'aime ceux qui m'aiment, et ceux qui dès le matin veillent pour me chercher me trouveront.

Dans le psaume II, 6, le roi David indique qu'il a été établi roi par Dieu, et j'ai envie de dire: non par un homme [...]:

  • "Pour moi, j'ai été établi roi par Lui sur Sion, Sa montagne sainte, annonçant ses préceptes" (Ps II, 6).

C'est donc bien Dieu qui sacre son Roi:

  • "Le Seigneur m'a dit: Vous êtes mon Fils, c'est moi qui aujourd'hui vous ai engendré" (Ps II, 7). Ce verset s'applique à Notre Seigneur Jésus-Christ, "Fils engendré du Père, non pas créé" (Symbole d'Athanase).

Dans ce psaume II, 7, on comprend encore mieux que si Dieu a engendré Son Fils, combien plus il refuse tout pouvoir "absolu" qui se croit "humain" sans aucun lien avec Lui.

  • "On a dit bienheureux le peuple à qui sont ces avantages; mais plutôt bienheureux le peuple dont le Seigneur est Dieu..." (Ps CXLIV, 15 = 144, 15).

Aucun pouvoir humain ne peut se prétendre absolu, car l'homme n'étant pas parfait, ce qui émane de lui ne peut l'être. Le droit parfait ne peut venir que de Dieu Seul. Et la religion doit contribuer à l'exercice de ce droit afin que le pouvoir respecte la loi naturelle, et celle de Dieu.

Mais il ne faut pas non plus penser que ce pouvoir divin donnerait à son titulaire le droit de s'immiser dans la direction de l'Eglise. Il doit juste se contenter de collaborer avec elle et de diriger sa nation à l'aide d'une politique en conformité avec la morale, aux enseignements du Sauveur.


"LES DEVOIRS DU ROI SONT RAPPELES DANS LA CEREMONIE DU SACRE" ( Mgr Delassus)

Avant de célébrer la messe du sacre, le prélat consécrateur rappelait au roi ses devoirs

"Comme aujourd'hui, excellent prince, vous allez recevoir l'onction sainte et les insignes de la royauté par nos mains, et comme (quoique indigne) nous tenons la place du Christ, notre Sauveur, il est bon que nous vous avertissions de la charge que vous allez prendre. Cette place est illustre, mais pleine de dangers, de travaux et de sollicitudes.

Considérez que tout pouvoir vient du Seigneur Dieu, par qui les rois règnent et les législateurs décrètent des lois justes,

et que vous aussi vous aurez à rendre compte à Dieu du troupeau qui vous est confié.

Et d'abord, gardez la piété, rendez un culte à Dieu, votre Seigneur, de tout votre esprit et d'un coeur pur.

Défendez constamment et contre tous la religion chrétienne et la foi catholique,

que vous avez professée dès votre berceau.

Rendez aux prélats et aux autres prêtres l'honneur qui leur est dû.

Administrez invariablement la justice, sans laquelle aucune société ne peut durer longtemps..., en récompensant les bons et en châtiant les méchants.

Défendez contre tout oppression les veuves, les orphelins, les pauvres, les faibles.

Montrez-vous avec une diginité royale, doux, affable, plein de bénignité pour ceux qui vous approchent.

Conduisez-vous de telle sorte que vous paraissiez régner non dans votre intérêt, mais dans l'intérêt du peuple entier,

et attendez non de la terre, mais du ciel, la récompense de vos bienfaits.

( Mgr Delassus, L'esprit familial, dans la famille, dans la cité et dans l'Etat, Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer, Lille 1910, réédité aux ESR, p. 211-212.)


LE CEREMONIAL DU SACRE PROPREMENT DIT

Le prince devait promettre de défendre la foi catholique, le temporel des Eglises confiées à sa garde et de faire justice à tous

"Suger disait, dès le douzième siècle: "à son couronnement, le Roi délaisse l'épée, la milice séculière, et il ceint le glaive ecclésiastique pour la punition des méchants."

"Historiquement, dit M. Paul Bourget, le Roi, en acceptant l'investiture de l'Eglise, affirme sa volonté de maintenir la plus précieuse conquête de la civilisation romaine sur les barbares, cette unité morale, cette pax Romana transposée en pax Christiana par un mystère de cette sublime alchimie partout empreinte dans l'univers, pour qui sait penser.

Mais, si le Roi pour donner à son pouvoir la consécration religieuse, se soumettait ainsi à l'Eglise, il s'y soumettait sans que cette Eglise l'élût. Il était sacré Roi, - héréditairement. - c'est-à-dire qu'il s'affirmait comme le chef national, par droitd e naissance, d'une autre unité, l'unité civique, découpée à même l'Empire romain, et assurée dans son autonomie par des moeurs, des coutumes, des lois à elle.


Le peuple acceptait cette promesse et se liait à son tour envers lui.

"Le pontife demandait au peuple s'il voulait se soumettre à ce prince et obéir à ses ordres. Ce n'est qu'après la réponse unanime du clergé et du peuple que l'évêque appelait la bénédiction de Dieu sur la tête du prince. Il lui remettait l'épée, la couronne et la main de justice, prises de dessus l'autel, comme on lui faisait remarquer; le métropolitain le faisait asseoir sur le trône en lui disant:

"Sois ferme, et garde l'Etat que tu tiens de la succession paternelle et qui t'est délégué par droit héréditaire, par l' autorité du Dieu tout-puissant et par la tradition de tous les Evêques et des autres serviteurs de Dieu; que le médiateur de Dieu et des hommes t'établisse, sur ce trône royal, le médiateur du clergé et du peuple; et que Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, te confirme sur le trône de ce royaume et te fasse régner avec lui dans son royaume éternel."

Ceux qui ont dérogé à ce cérémonial n'ont pas porté bonheur à leur royauté !

  • Charlemagne fit prendre la couronne par son fils Louis le Débonnaire; Louis le Débonnaire devait la laisser tomber de sa tête.
  • Napoléon prit lui-même la couronne et posa celle de l'impératrice sur la tête de Joséphine: Joséphine était répudiée quelque temps après et le puissant empereure découronné mourut sur une île perdue au milieu de l'Océan...

Le Roi recevait ces insignes de la main de l'archevêque comme pour déclarer bien haut que tout pouvoir vient de Dieu."

( Mgr Delassus, L'esprit familial, dans la famille, dans la cité et dans l'Etat, Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer, Lille 1910, réédité aux ESR, note 2, p. 212-213.)

Tout le droit chrétien était exprimé en ces paroles

le droit humain du prince, l'hérédité;

====le droit humain du peuple qui approuvait la transmission de la couronne à l'héritier légitime;

le droit divin qui investissait le prince "par l'autorité de Dieu tout-puissant et la tradition des évêques";

la royauté souveraine et éternelle du Christ.

(Source: Mgr Delassus, L'esprit familial, dans la famille, dans la cité et dans l'Etat, Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer, Lille 1910, réédité aux ESR, p. 211-213.)