Pentecôte

De Christ-Roi
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Descente du Saint-Esprit sur les Apôtres.


Récits


Garrigou-Lagrange

la Mère de Dieu qui a joui de l'apparition de l'archange Gabriel, de la sainte familiarité du Verbe fait chair, qui a été constamment éclairée par lui pendant tout le cours de sa vie cachée, qui a dû recevoir pendant et après la Passion des révéla­tions spéciales et, au jour de la Pentecôte, l'abondance des lumières du Saint-Esprit plus que les apôtres eux mêmes.
Le mystère de l'Ascension élève de plus en plus les pensées de Marie vers le ciel. Au soir de ce jour, retirée avec les Apôtres au Cénacle (Act. Ap., I, 14), elle dut sen­tir comme eux que la terre était singulièrement vide de­puis le départ de Notre-Seigneur, et entrevoir toute la dif­ficulté de l'évangélisation du monde païen à convertir au milieu des persécutions prédites. Devant cette perspective, la présence de la Sainte Vierge dut être un grand ré­confort pour les Apôtres. En union avec Notre-Seigneur, elle leur mérita d'un mérite de convenance les grâces qu'ils allaient recevoir, en ce Cénacle où Jésus avait ins­titué l'Eucharistie, ou il les avait ordonnés prêtres, et où il était apparu après sa résurrection.
Le jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit en descendant sur elle et sur les Apôtres, sous la forme de langues de feu, vint les éclairer définitivement sur les mystères du salut et les fortifier pour l'œuvre immense et si ardue à accomplir (Act. Ap., II). Si les Apôtres en ce jour sont confirmés en grâce, si saint Pierre manifeste alors par sa prédication qu'il a reçu la plénitude de la contemplation du mystère du Fils de Dieu, du Sauveur et de l'auteur de la vie ressuscité, si les Apôtres, loin de rester craintifs, s'en vont maintenant « joyeux d'avoir à souffrir pour Jésus-Christ », quelle ne doit pas être la nouvelle augmen­tation de grâce et de charité que reçoit Marie en ce jour, elle qui doit être ici-bas comme le cœur de l'Eglise nais­sante !
Personne autant qu'elle ne participera à l'amour pro­fond de Jésus pour son Père et pour les âmes ; elle doit aussi par sa prière, sa contemplation, sa générosité inces­sante, porter en quelque sorte l'âme des Douze, les sui­vre ainsi comme une Mère dans leurs travaux et toutes les difficultés de leur apostolat, qui s'achèvera par le mar­tyre. Ils sont ses fils. Elle sera appelée par l'Eglise Regina apostolorum, et elle a commencé dès ici-bas de veiller sur eux par sa prière et de féconder leur apostolat par l'obla­tion continue d'elle-même, unie au sacrifice de son Fils perpétué sur l'autel.


Passages de Mgr Gaume sur la Pentecôte

"« Au jour de la Pentecôte, dit saint Augustin, le Saint-Esprit descendit comme une rosée sanctifiante sur les apôtres, ses temples vivants. Il n'est pas un visiteur passager, mais un consolateur perpétuel, un éternel habitant. Ce que le Verbe incarné avait dit de lui-même à ses apôtres: Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde, il le dit du Saint-Esprit : Le Paraclet que mon Père vous donnera demeurera toujours avec vous. Il fut donc présent aux fidèles, non par la faveur de sa visite et de ses opérations, mais par la présence même de sa majesté. Ces vases reçurent non pas l'odeur du baume, mais le baume lui-même, afin que son parfum remplît la terre entière et rendît les disciples des apôtres capables de la vie de Dieu même et participants de sa nature ». (Serm. 185 de temp., cité in Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 229-230).

la descente du Saint-Esprit n'eut pas lieu le jour même de la Pentecôte mosaïque, mais le lendemain, premier jour de la grande octave

"[...] la descente du Saint-Esprit n'eut pas lieu le jour même de la Pentecôte mosaïque, mais le lendemain, premier jour de la grande octave. On sait, en effet, que les Juifs célébraient la Pentecôte le samedi, et les apôtres la célébrèrent le dimanche. Choisir pour la régénération du monde le jour même de sa création et le jour où, par sa résurrection glorieuse, le Rédempteur avait triomphé de Satan, c'est là une de ces belles harmonies qu'on rencontre à chaque pas dans l'oeuvre divine" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 191).

Les apôtres sont réunis dans le cénacle

« Erant onmes pariter in eodem loco : ils étaient tous ensemble dans un même lieu. » Dès sa plus tendre enfance, Marie, renfermée dans le temple, s'était préparée avec soin à la visite du Saint-Esprit. A peine née du sang du Calvaire, l'Église s'était retirée dans le cénacle, afin de se préparer par le recueillement à la venue du Saint-Esprit et appeler ses faveurs. Cent vingt personnes composaient la jeune société. C'était chez les Juifs le nombre voulu pour former une communauté ecclésiastique ; car cent vingt personnes composèrent la grande synagogue sous Esdras, lorsqu'il rétablit l'état et le culte de la nation (Sepp, Hist. de Notre-Seigneur, t. II, 78.)

"Ne formant tous qu'un cœur, qu'une âme et qu'une prière ardente pour demander le Saint-Esprit, ils étaient dans le même lieu : in eodem loco. Ce lieu était le Cénacle. Dans quel but le Saint-Esprit choisit-il le cénacle, pour le premier théâtre de ses révélations merveilleuses? Parce que c'était le lieu le plus saint de la terre. C'est dans ce même cénacle que le Seigneur institua la divine Eucharistie, et qu'après sa résurrection il apparut à l'apôtre Thomas. C'est là aussi qu'en mémoire des plus grands prodiges fut bâtie la très sainte Sion, la plus vénérable des Églises. Lieu sacré, témoin de plus étonnantes merveilles que le Sinaï, le Jourdain, le Thabor ; lieu béni, qui rappelait aux apôtres l'ineffable bonté du maître, ses divins discours, et leur première communion de la main même de Jésus. Comme ils devaient y revenir avec attendrissement et y rester avec amour ! (Alexand., in Vita B. Barnab., ap. Cor. a Lap., in Act. I, 13.)

"Ce cénacle était dans la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc, et cousin de saint Barnabé (Baron., an. 34.)

"Suivant deux illustres Pères de l'Église orientale, saint Hésychius, patriarche de Jérusalem, et saint Proclus, patriarche de Constantinople, le Saint-Esprit descendit au moment même où saint Pierre célébrait, au milieu des disciples, l'auguste sacrifice de la messe." Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 191-192).

"[...] Mais quoi! jusqu'au jour de la Pentecôte les apôtres avaient-ils été privés du Saint-Esprit? S'ils l'avaient reçu, comment Notre-Seigneur peut-il le leur promettre? Reçoit-on ce que déjà on possède? Écoutons les Pères et les Docteurs. « Le Seigneur, répond saint Augustin, dit aux apôtres : Si vous m'aimez, gardez mes commandements ; et je prierai mon Père, et il vous donnera un autre consolateur. Manifestement ce consolateur est le Saint-Esprit, sans lequel on ne peut ni aimer Dieu ni garder ses commandements. Mais, s'ils ne l'avaient pas encore, comment pouvaient-ils aimer et accomplir les préceptes? Et, si déjà ils l'avaient, comment leur est-il promis? En attendant il leur est commandé d'aimer et de garder les commandements, afin de recevoir le Saint-Esprit.

« Les disciples avaient donc le Saint-Esprit, que le Seigneur leur promettait; car ils aimaient leur maître et observaient ses préceptes. Mais ils ne l'avaient pas encore, comme le Seigneur le leur promettait. Ils l'avaient donc, et ils ne l'avaient pas ; attendu qu'ils ne l'avaient pas autant qu'ils devaient l'avoir. Ils l'avaient intérieurement; ils devaient le recevoir extérieurement et avec éclat. C'était une nouvelle faveur du Saint-Esprit, que de leur manifester à eux-mêmes ce qu'ils possédaient" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 204-205).

"[...] Saint Grégoire de Nazianze parle comme saint Augustin. « Le Saint-Esprit; dit-il, a été donné trois fois aux apôtres, à des époques différentes et suivant la capacité de leur intelligence : avant la passion, après la résurrection et après l'ascension. Avant la passion, lorsqu'ils reçurent le pouvoir de chasser les démons, ce qui manifestement ne pouvait se faire que par la puissance du Saint-Esprit. Après la résurrection, lorsque le Seigneur souffla sur eux, en disant : Recevez le Saint-Esprit. Après l'ascension, lorsqu'ils furent tous remplis du Saint-Esprit : repleti sunt omnes Spiritu Sancto. La première fois d'une manière plus cachée et moins efficace; la seconde plus expressive; et la troisième plus complète, en ce sens que ce n'est pas seulement en acte, comme avant, mais par essence, si je puis m'exprimer ainsi, que le Saint-Esprit leur fut présent et conversa avec eux. » (Orat. in Pentecost.)" (Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 205-206).