Grande peur

De Christ-Roi
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Terreur populaire qui se répandit dans le peuple dans toute la France, vers la fin de juillet 1789, préparée, entretenue, conduite par les hommes du Palais-Royal, les chefs des clubs...

L'origine du déclenchement de cette Grande peur est à recherchée dans les arrièges-loges maçonniques, les clubs, qui la préparèrent, la conduirent et l'entretinrent savamment durant le premier mois de la Révolution, savante et redoutable diffusion de l’effroi.

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"La jacquerie déclenchée au printemps contre les seigneurs se poursuivait. En juillet, elle était aux portes de Versailles" ( Jean-Paul Bertaud, La Révolution française, collection Tempus, La Flèche 2004, p. 60).

Jean-Paul Bertaud avance que "les groupes de mendiants vite transformés en brigands firent croire en un grand complot des aristocrates pour semer la terreur dans les campagnes" (ibid, p. 60): les mendiants auraient été transformés en brigands et auraient commis moult déprédations contre les seigneurs sous prétexte de "complot aristocratique"! Jean-Paul Bertaud ne dit pas qui a transformé ces mendiants en brigands! Mais on reconnait bien là la technique révolutionnaire des jacobins, des chefs des clubs, professionnels de l'agit-propagande, et passés maîtres dans l'art de la subversion du langage.

Voici ce que dit Funck-Brentano de la Grande peur qui serait finalement, le plus bel hommage rendu par le peuple à la Monarchie:

"Vers la fin de juillet 1789, sur les différents points de la France, de l'Est à l'Ouest, du Nord au Midi, se répandit subitement une terreur irréfléchie, terreur folle. Les habitants des champs se réfugiaient dans les villes et ceux des villes couraient se cacher dans les bois. De toutes parts on se réunissaient en armes. Les brigands arrivent! criait-on. Ils approchaient, on les avait vus, pillant les fermes, dévastant les moissons, violant les femmes; ils prenaient les petits enfants par la jambe et leur fracassaient la tête contre les murs. En certaines localités on vit paraître un messager, qui venait, on ne sait d'où..., les yeux fous, haletant, couvert de poussières, sur un cheval blanc d'écume. les brigands étaient là-bas sur la colline, embusqués. Des villages entiers furent abandonnés. On vit des gens se nicher dans la forêt, sur les plus hautes branches des arbres, d'autres se mussaient dans de grands trous qu'ils recouvraient de verdure. Dans un nombre de provinces les villes furent prises d'un véritable accès de folie. les habitants couraient çà et là, dans le plus grand désordre, saisis d'une extravagante terreur. Les femmes fuyaient par les portes des remparts, tirant leurs enfants après elles, portant sur leurs épaules ceux qui ne pouvaient encore marcher; et, tandis que les citadins se sauvaient de chez eux, les campagnards se réfugiaient dans la ville. Après la prise de la Bastille, ce fut dans la France entière ce que les contemporains appelèrent la Grande peur. Sur les côtes on parlait de pirates, ou d'un débarquement d'Anglais: ils devaient paraître le 22 juillet, fête de la Madeleine, et ce jour l'angoisse redoubla, à cause des brumes quis e formèrent comme pour faciliter aux brigands leur oeuvre de pillage et de sang; d'où le nom pittoresque que l'évènement y a gardé: les brouilles de la Madeleine.

"Le souvenir de cette alarme demeura très vif parmi les générations qui la connurent. De tous les évènements révolutionnaires, ce sera même celui qui aura tracé le plus profondément dans l'âme du peuple.

""Issu du père de famille, le roi était demeuré dans la pensée populaire, instinctivement, et sans qu'elle s'en rendît compte, le père auprès duquel on cherche soutien et abri. Vers lui, à travers les siècles, les regards s'étaient portés en cas de besoin. Et voici que, brusquement, cette autorité patronale est renversée. Et c'est parmi le peuple de France, un malaise, un effroi, vague, irréfléchi. Oh! les rumeurs effrayantes: les brigands!... et le père n'est plus là! La 'Grande peur' est la dernière page de l'histoire de la royauté en France. Il n'en est peut-être pas de plus touchante, de plus glorieuse pour elle; il n'en est pas où apparaisse mieux le caractère des relations qui, traditionnellement, s'étaient établies entre elle et le pays" Frantz Funck-Brentano, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 254-255).