Encyclopédie

De Christ-Roi
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Outil de guerre des prétendus philosophes des Lumières contre la croyance périmée et inhumaine en ce "Dieu" Jésus-Christ, dont on avait allégué contrez toute raison qu'il était né d'une Vierge et qu'il était ressuscité des morts après avoir été crucifié, combat triomphalement gagné par le courage et l'intelligence sur l'obscurantisme chrétien et catholique en particulier.

Le grand moyen d'éclairer peu à peu le genre humain, & d'écraser l'infame...

"Ce fut enfin la nécessité de cette précaution, qui inspira à d'Alembert le projet de l' Encyclopédie, comme le grand moyen d'éclairer peu à peu le genre humain, & d'écraser l'infame. Il conçut ce projet, Diderot le saisit avec enthousiasme; Voltaire le soutint avec une confiance qui ranima souvent celle de d'Alembert & de Diderot, prêts à succomber l'un et l'autre plus d'une fois sous leur ? (le mot est illisibile. je traduis par: entreprise)" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. I, p. 61).

L'art d'insinuer l'erreur

"[...] La première (ressource) était l'art d'insinuer l'erreur, l'impiété dans les articles où naturellement elle devait le moins être attendue, dans les parties de l'Histoire, de la Physique, même de la Chymie, de la Géographie que l'on aurait cru pouvoir parcourir avec le moins de danger. La seconde (ressource) était l'art des renvois, cet art si précieux, qui consistait après avoir mis sous les yeux du lecteur" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, t. I, p. 64) quelques vérités religieuses, à lui faire sentir qu'il devait chercher d'autres leçons dans des articles d'une toute autre espèce...

"Malgré toutes ces ruses, les personnes zélées pour la religion s'élevèrent avec force contre l'Encyclopédie; le Dauphin se récria sur-tout & obtint pour un temps la suspension de cet ouvrage. Les auteurs essuyèrent les dégoûts à diverses reprises; d'Alembert fatigué semblait y renoncer. Voltaire qui sentait mieux que personne l'importance de ce premier moyen des conjurés, releva leur courage. Loin de se relâcher lui-même, il travaillait, il demandait, il envoyait sans cesse de nouveaux articles... Il exaltait sur-tout l'honneur de la persévérance dans une si belle entreprise (voyez ses lett. années 1755-1756); il les pressait, les conjurait au nom de l'amitié, au nom de la philosophie de vaincre les dégoûts, de ne pas se laisser décourager dans une si belle carrière (voyez ses lett. du 3 septembre 1752 & du 13 novembre 1756, surtout du 8 janvier 1757)" (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 1798, t. I, p. 76).

Honneur à la Contre-encyclopédie

"L'ouvrage le plus important consacré aux défenseurs du christianisme était la thèse d'Albert Monod intitulée: De Pascal à Chateaubriand. Les défenseurs français du christianisme de 1670 à 1802. Elle remontait à 1916... Un livre plus récent du professeur Didier Masseau, Les ennemis des philosophes, L'antiphilosophie au temps des Lumières, éd. Albin Michel, 2001, comble avec bonheur cette lacune.

"Le sujet de cet ouvrage est original par définition; il est même à contre-courant puisqu'il porte sur les auteurs qui eurent l'extravangante idée de s'opposer aux grands ancêtres, aux statues du progrès et de la raison. Néanmoins, l'ouvrage de D. Masseau n'est pas polémique; c'est un livre scientifique, reposant sur une vaste érudition, et infiniment nuancé.

L'intérêt dominant du livre du professeur Masseau est évidemment d'analyser un courant de pensée largement occulté jusqu'ici mais, surtout, de faire percevoir à ce propos la diversité et la complexité du XVIIIe siècle. Face à la volonté affirmée des "philosophes" de laïciser la société, de centrer sur l'homme et non plus sur Dieu toute recherche raisonnable, de désacraliser l'autorité et de considérer que le seul bonheur vrai est matériel et sur terre, une réaction intellectuelle s'est fait jour. Selon Mr. Masseau, les adversaires des philosophes furent très divers, ils ne constituèrent pas une "coterie" homogène, d'autant moins que l'appartenance à un groupe social, l'ordre du clergé par exemple, ne déterminait pas l'adhésion à un camp: Morellet, Raynal, Mably étaient "abbés", et cependant dans le camp des "philosophes". Dans la masse des réactions que suscita le mouvement rationaliste et laïciste des Lumières, Mr Masseau distingue trois groupes principaux. Le premier est composé de ceux qui choisirent leur camp pour des raisons stratégiques, et qui espérèrent tirer profit du développement de ce combat. Il est certain par exemple que les Académies constituaient un enjeu: les "philosophes" voulaient s'en emparer, et leurs adversaires s'efforcèrent d'enrayer le focntionnement des coetries littéraires et mondaines qui avaient été mises en mouvement. Entre 1760 et 1770, en fait, les "philosophes" finirent par investir l'Académie française.

Un autre groupe serait constitué de "dévôts" disposant d'un pouvoir isntitutionnel, et agissant par exemple à la tête d'un journal. Elie Fréron (1718-1776) [1], dont la formation et la culture étaient similaires à celles de Voltaire, fut, comme directeur de l' Année littéraire, à la pointe du combat contre la "philosophie". C'était un esprit mesuré, honnête, hostile aux attaques personnelles et, surtout, d'une grande indépendance: il avait de la sympathie pour les ouvres audacieuses et détestait l'intolérance. De 1750 à 1770, il fut le premier adversaire des encyclopédistes. Dans l' Année littéraire, il les attaqua en qualité de critique littéraire, mais était également capable d'aborder les questions théologiques en se fondant sur les faits historiques. Fréron fit flèche de tout bois et rassembla les défenseurs. Pour être juste, il faudrait souligner que la clairvoyance n'était pas le moindre de ses talents. Il écrivit en 1772: "Si les sages philosophes du sicèle qui réclament la tolérance avec tant de chaleur et d'intérêt, parce qu'ils en ont le plus grand besoin, étaient à la tête du gouvernement et se voyaient armés du glaive de la souveraineté ou de celui des lois, ils seraient peut-être les premiers à s'en servir contre tous ceux qui auraient l'audace de contredire leur opinion..." (prophétique!)

Jacob-Nicolas Moreau, qui avait appartenu à l'univers des parlementaires jansénistes, mais s'en était détaché, guéri, rédigea en 1757 un mémoire célèbre sur les "Cacouacs", mémoire qui, avec un humour féroce, ridiculisait la secte philosophique en retournant contre elle ses propres armes…

Palissot, auteur des Petites lettres sur les grands philosophes, fit jouer en 1760 sa pièce Les Philosophes qui, à la manière de Molière, présentait les auteurs des Lumières comme les Tartuffe modernes.

Le professeur Masseau insiste sur le soutien que le pouvoir politique apporta à ces auteurs... Il est vrai que le Dauphin, fils de Louis XV, et son entourage, s'efforcèrent de prendre la défense de l'Eglise et du trône. C'est ainsi que le propre confesseur du Dauphin, l'abbé Odet Giry de Saint-Cyr, rédigea en 1758 Catéchisme et décisions de cas de conscience à l'usage des cacouacs et un Discours du patriarche des Cacouacs pour la réception d'un nouveau disciple. Moreau, Palissot reçurent sans doute des appuis. Toutefois, comme l'a remarqué M. Michel Antoine, la propagande royale avait semblé s'essouffler depuis la fin du règne de Louis XIV, et le soutien offert aux adversaires des "philosophes" fut éphémère. Directeur de Librairie depuis 1750, Malesherbes était chargé, comme tel, de contrôler la publication et la circulation des imprimés qui étaient contraires à la religion, aux bonnes moeurs et à l'ordre social et politique. Il choisit de se faire le complice zélé des "philosophes" et des encyclopédistes; en revanche il n'épargna aucune tracasserie aux adversaires des Lumières. En 1752, il n'hésita pas à suspendre L'année littéraire de Fréron (p. 155) sous prétexte d'irrespect à l'égard de Voltaire. Son appétit de tolérance était pour le moins sélectif!

Le comte d'Arcq, enfant naturel du comte de Toulouse, avait, dans plusieurs ouvrages, soutenu des thèses contraires à celles des "philosophes" et provoqué leur irritation. En 1759, alors qu'il avait des difficultés financières, il sollicita l'autorisation de continuer la parution du Journal étranger où il avait des intérêts et dont le privilège avait été supprimé. Malgré l'intervention de Saint-Florentin, la requête reçut une réponse négative, et Malesherbes ne cacha pas que les idées exposées précédemment par le comte d'Arcq sur la noblesse avaient inspiré cette décision. Cette vengence sordide était peu compatible avec la légende tenace d'un Malesherbes libéral et philanthrope. En revanche, la générosité de Malesherbes pour ses amis du parti philosophique n'avait pas de limites... Lorsque la fonction l'obligea à faire saisir par la police les papiers de l' Encyclopédie, sans vergogne, il avertit Diderot la veille, et stérilisa ainsi l'action de son propre service: la fille de Diderot en apporte le témoignage dans ses mémoires.

Le troisième groupe des antiphilosophes distingués par Didier Masseau est celui des apologistes, qui cherchèrent en priorité à défendre en priorité la cause de la religion. Ce groupe est essentiellement - mais non exclusivement - composé de clercs qui, conformément à leur mission, s'efforcèrent de protéger le public des livres pernicieux. Des jansénistes comme Chaumeix, des jésuites comme les pères Berthier, Griffet, Papillon du Rivet, des évêques comme Partz de Pressy ou La Luzerne, et même des protestants comme Formey, investirent toutes leurs ressources intellectuelles dans le combat. Les personnalités fortes et originales ne manquèrent pas: le marquis de Caracioli (p. 36), par exemple, dont l'enthousiasme n'était pas moindre que celui des religieux, ou encore l'abbé Nicolas Sylvestre Bergier, curé d'une paroisse du Jura. Ce prêtre commença sa carrière d'apologiste en 1765 en publiant Le déisme réfuté par lui-même ou Examen en forme de lettres des principes d'incrédulité répandus par Rousseau. le livre remporta un succès considérable et connut cinq éditions en trois ans, puis l'abbé Bergier (p. 166) s'efforça de réfuter avec un égal bonheur Fréret et Voltaire et, à la demande de l'avocat général Séguier, d'Holbach dont le Système de la Nature était sans doute l'ouvrage le plus destructeur du siècle. En juin 1770