Corporations

De Christ-Roi
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LES CORPORATIONS POUR PROTEGER LE TRAVAILLEUR (Léon XIII, Humanum genus, 1884)

"En troisième lieu, une institution due à la sagesse de nos pères et momentanément interrompue par le cours des temps, pourrait, à l'époque où nous sommes, redevenir le type et la forme de créations analogues. Nous voulons parler de ces corporations ouvrières destinées à protéger, sous la tutelle de la religion, les intérêts du travail et les moeurs des travailleurs. Si le pierre de touche d'une longue expérience avait fait apprécier à nos ancêtres l'utilité de ces associations, notre âge en retirerait peut-être de plus grands fruits, tant elles offrent de précieuses ressources pour combattre avec succès et pour écraser la puissance des sectes. Ceux qui n'échappent à la misère qu'au prix du labeur de leurs mains, en même temps que, par leur condition, ils sont souverainement dignes de la charitable assistance de leurs semblables, sont aussi les plus exposés à être trompés par les séductions et les ruses des apôtres du mensonge. Il faut donc leur venir en aide avec une grande habileté et leur ouvrir les rangs d'associations honnêtes pour les empêcher d'être enrôlés dans les mauvaises. En conséquence, et pour le salut du peuple, Nous souhaitons ardemment de voir se rétablir, sous les auspices et le patronage des évêques, ces corporations appropriées aux besoins du temps présent. Ce n'est pas pour Nous une joie médiocre d'avoir vu déjà se constituer en plusieurs lieux, des associations de ce genre, ainsi que des sociétés de patrons, le but des uns et des autres étant de venir en aide à l'honnête classe des prolétaires, d'assurer à leurs familles et à leurs enfants, le bienfait d'un patronage tutélaire, de leur fournir les moyens de garder, avec de bonnes moeurs, la connaissance de la religion et l'amour de la piété.

Nous ne saurions passer ici sous silence une Société qui a donné tant d'exemples admirables et qui a si bien mérité des classes populaires : Nous voulons parler de celle qui a pris le nom de son père, saint Vincent de Paul. On connaît assez les oeuvres accomplies par cette société et le but qu'elle se propose. Les efforts de ses membres tendent uniquement à se porter, par une charitable initiative, au secours des pauvres et des malheureux, ce qu'ils font avec une merveilleuse sagacité et une non moins admirable modestie. Mais plus cette société cache le bien qu'elle opère, plus elle est apte à pratiquer la charité chrétienne et à soulager les misères des hommes."

(Léon XIII, Humanum genus, 1884 [1])


Avec les privilèges de la noblesse, la Révolution avait jeté au rebut les privilèges des ouvriers

"C'est-à-dire

  • les règlements et les coutumes qui dans la corporation les protégaient.

La bourgeoisie ne voyant plus d'entraves à la cupidité si naturelle à l'homme, traita l'ouvrier comme un outil, dont on tire tout ce que l'on peut, sans plus d'égards à sa santé qu'à sa moralité."

( Mgr Delassus, L'esprit familial, dans la famille, dans la cité et dans l'Etat, Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer, Lille 1910, réédité aux ESR, p. 82.)

LES PRIVILEGES DES OUVRIERS AU SEIN DES ANCIENNES CORPORATIONS FRANCAISES ET CHRETIENNES

"L'esprit de charité était très développé dans toutes les corporations industrielles et marchandes" (Luchaire)

"A la même époque, la "frairie" des marchands de drap de la même ville (Valenciennes, vers 1114) publiait ses ordonnances, qui débutaient ainsi:

"Frères, nous sommes images de DIEU, car il est dit dans la Genèse: "Faisons l'homme à l'image et semblance nôtre". Dans cette pensée, nous nous unissons, et, avec l'aide de Dieu, nous pourrons accomplir notre oeuvre, si dilection fraternelle est épandue parmi nous; car par la dilection de son prochain, on monte à celle de DIEU. Donc frères, que nulle discorde ne soit entre vous, selon la parole de l'Evangile: "Je vous donne nouveau commandement de vous entr'aimer, comme je vous ai aimés et je connaîtrai que vous êtes mes disciples en ce que vous aurez ensemble dilection."

L'esprit de charité, dit M. Luchaire, était très développé dans toutes les corporations industrielles et marchandes, à plus fortes quand elles se constituaient en confréries.

  • Non seulement les confréries sont, à tous les points de vue, des sociétés de secours mutuel,
  • mais une partie de leur trésor commun est généralement consacrée au soulagement des malheureux.
  • Larges aumônes faites le jour de la fête patronale,
  • invitation d'un certain nombre de pauvres aux repas de corps,
  • argent fourni aux hôpitaux et maladredries,
  • fondations d'hospices:

tels sont les usages bienfaisants qui sont en pratique dans la plupart de ces associations."

(Luchaire, Manuel des Institutions françaises, période des Capétiens directs, p. 368, cité in Mgr Delassus, L'esprit familial, dans la famille, dans la cité et dans l'Etat, Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer, Lille 1910, réédité aux ESR, p. 96.)

Les corporations "pourvoyaient aux besoins matériels et religieux des ouvriers, leur facilitaient le travail, prenaient soin de leurs épargnes et de leurs économies, défendaient leurs droits, et appuyaient, dans la mesure voulue, leurs justes revendications." (Léon XIII)

(Léon XIII, Aux ouvriers français, 20 octobre 1889, cité in Mgr Delassus, L'esprit familial, dans la famille, dans la cité et dans l'Etat, Société Saint-Augustin, Desclée De Brouwer, Lille 1910, réédité aux ESR, p. 100.)