Le principe général de la foi, la "règle de la foi" : le principe d'autorité et de Tradition

De Christ-Roi
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Ce principe général de la foi a été défini par le concile de Trente comme le "principe de Tradition et l'unité de foi. Il donne la base de tout l'enseignement théologique. [...] Rien de plus solide. Il restitue à l'Ecriture sainte, dont les protestants faisaient l'unique règle de foi, sa place traditionnelle de source de la foi, mais dans le SENS et AVEC l'interprétation nécessaire de l'Eglise. Cujus est judicare de vero sensu et interpretatione S. Scripturae (concile de Trente. Cf. Aubry, T. VIII, p. 267.)

"Nous avons dans l'oeuvre immortelle (du concile de Trente), la synthèse, le type officiel, l'idéal de la méthode traditonnelle, une belle harmonie de l'histoire du dogme pendant les quinze premiers siècles du christianisme, [...] le rempart de la foi (catholique) depuis l'invasion du protestantisme." (Abbé Augustin Aubry, Contre le modernisme, Etude de la Tradition, le sens catholique et l'esprit des Pères, Pierre Tequi Editeur, Gand 1927, réédité aux ESR, p. 54-55.)

"Le principe d'autorité réside dans l'Eglise, dépositaire et interprète infaillible de la révélation divine." (Abbé Augustin Aubry, ibid., p. 102.).

La Tradition, c'est la "mémoire de l'Eglise", mémoire qui "croît à mesure que l'Eglise grandit... En effet, qu'est-ce que la Tradition sinon l'engagement pris par l'Eglise de transmettre (en latin tradere) le mystère du Christ et l'ensemble de son enseignement qu'elle conserve dans sa mémoire. C'est un engagement dans lequel l'Eglise est soutenue constamment par le Saint-Esprit" (Jean-Paul II, Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 178).


Priorité de la Tradition sur l'Ecriture; le principe général de la foi: le "principe d'autorité"

Ainsi, la Tradition, qui est déjà, naturellement, le moyen humain de conserver toute doctrine, est érigée, officiellement, explicitement et par une loi positive, sous la forme d'un corps enseignant qui est l'Eglise - Docentes eos servare omnia quaecumque mandavi vobis (Matt., XVIII, 20.) -

  • pour être l'organe de la conservation, de la préservation et du développement de la foi à travers les âges (L'Eglise, "colonne et soutien de la vérité": Thim., III, 15.),
  • pour la défendre soit contre l'oubli, soit contre toute altération spontanée et sans malveillance, à laquelle est exposée toute doctrine confiée aux hommes, et à laquelle n'avait pas échappé, du moins parmi les gentils, la révélation primitive,
  • soit surtout contre l'altération consciente et préméditée des hérésies."

(Source: Abbé Augustin Aubry, Contre le modernisme, Etude de la Tradition, le sens catholique et l'esprit des Pères, Pierre Tequi Editeur, Gand 1927, réédité aux ESR, p. 42-44.)


La préexistence de l'autorité divine à l'Ecriture, la priorité de la Tradition sur l'Ecriture

"Sans doute, par la voie de la philosophie, on pourra savoir que l'Ecriture est historique, authentique, vérace, belle, consolante; mais pour savoir qu'elle a une autorité divine, il faut passer par le principe général de la foi, c'est-à-dire par l' autorité infaillible qui la représente (l'Eglise). C'est en ce sens que saint Augustin dit:

"Je ne croirais pas à l'Ecriture comme livre divin, si l'Eglise ne me la donnait comme divine."

"C'est dans le même sens que les théologiens font préexister l'autorité divine à l'Ecriture, et que le cardinal Franzelin, dans la série des dogmes chrétiens, fait précéder le Traité de l'Ecriture de celui de la Tradition, établissant ainsi la priorité de la Tradition sur l'Ecriture, priorité que beaucoup d'esprits modernes, même ecclésiastiques, tendent à atténuer, sinon à détruire totalement, pour lui substituer, à la légère, ce subjectivisme dangereux qui est un des périls les plus subtils des théories modernistes, et qui vient, en droite ligne, du protestantisme

(Source: Abbé Augustin Aubry, Contre le modernisme, Etude de la Tradition, le sens catholique et l'esprit des Pères, Pierre Tequi Editeur, Gand 1927, réédité aux ESR, p. 51.)


Pour lutter avec plus d'avantage contre le protestantisme, il faut commencer par établir solidement la règle de la foi, le principe d'autorité, l' argument de Tradition, "l'instrument le plus puissant de défense et d'apologie dogmatique" (Abbé Augustin Aubry)

"L' argument de Tradition, dont le besoin ne s'était pas fait sentir à l'époque de la Scolastique, est une des innovations heureuses de la théologie positive et un précieux élément de démonstration. [...]

"Cette ressource du témoignage de la Tradition doit être exploitée dans toute sa richesse; il faut la mettre davantage en relief, organiser plus solidement son emploi, l'introduire à haute dose dans l'enseignement, comme l'instrument le plus puissant de défense et d'apologie dogmatique. Que d'avantages précieux à visiter ce riche passé de l'Eglise, ces anicennes controverses si fécondes en doctrine et en arguments; à recueillir, à mettre en ordre, à discuter, à faire parler en les interprétant, tous ces antiques documents qui avaient dormi en réserve dans les catacombes de l'Histoire, (et aussi les vraies!), et dont le témoignage, en faveur de la foi catholique, déjà si puissant par lui-même en raison des temps et des circonstances où il fut porté, emprunte encire à l'état des esprits modernes une valeur bien plus incontestées et tout actuelle. Car, dans nos temps de critiques, et avec les idées actuelles, quel enseignement, si solide et si fondé soit-il en raisons intrinsèques, n'est réputé douteux et traité d'hypothèse et d'opinion, s'il n'est démontré avec des faits, des textes, des preuves en chiffres?" (Aubry, Méthode, IX, 157., cité in Abbé Augustin Aubry, Contre le modernisme, Etude de la Tradition, le sens catholique et l'esprit des Pères, Pierre Tequi Editeur, Gand 1927, réédité aux ESR, p. 91-92.)

"Dans l' Histoire des variations, Bossuet parle encore de la Tradition; il en connaît le principe. Mais il tire ses arguments et la défense de l'Eglise beaucoup plus du raisonnement des dissidents que de la Tradition. Pour lutter avec plus d'avantage contre le protestantisme, il n'eût pas dû commencer par réfuter une à une ses erreurs, mais par établir solidement la règle de foi, le principe d'autorité, et par restituer ce principe au tribunal d'enseignement que Dieu a établi dans l'Eglise pour définir, juger et condamner. C'est le seul vrai procédé pour établir la règle de foi; c'est la méthode des docteurs, particulièrement de saint François de Sales." (Aubry, IX, 265., cité in Abbé Augustin Aubry, Contre le modernisme, Etude de la Tradition, le sens catholique et l'esprit des Pères, Pierre Tequi Editeur, Gand 1927, réédité aux ESR, p. 63.)

"Cette observation est d'autant plus importante que, pécisément, l'erreur fondamentale, la véritable erreur des protestants (v. protestantisme), c'est la négation du principe d'autorité..., à cette erreur, Bossuet - comme la plupart des théologiens modernes - n'a pas toujours donné toute son importance; il l'a souvent traitée comme une des erreurs protestantes, tandis qu'elle est l' erreur protestante."

(Abbé Augustin Aubry, ibid., p. 64.)

Saint François de Sales se servit de la règle de la foi, du principe d'autorité, du principe de Tradition pour détruire l'hérésie protestante

"Pour lutter avec avantage contre le protestantisme, on doit commencer non par réfuter une à une ses erreurs, mais par établir solidement la règle de la foi, le principe d'autorité, et par restituer ce principe au tribunal que Dieu a étébli dans l'Eglise, pour définir, juger, condamner.

"Ce dernier procédé qui s'attaque à la racine du mal et commence par établir la règle de foi, s'il fut peu connu, était cependant le seul vrai. "C'est à son application que doit ses plus beaux titres de gloire saint François de Sales. [...] C'est parce que la méthode de saint François de Sales était exclusivement la bonne que ce grand docteur est le seul qui ait triomphé effectivement de l'hérésie protestante, c'est-à-dire qui ne l'ait pas seulement refoulée et détruite en théorie, mais qui ait préservé de son venin les populations qu'elle menaçait, et lui ait enlevé ce qu'elle avait déjà envahi. Par cette victoire, il contenait et refoulait en Allemagne l'erreur protestante, placé qu'il était lui-même par la Providence dans un pays petit par l'étendue, exceptionnellement important par l'influence doctrinale, dans cette genève, le carrefour où se rencontrent pour se mêler et échanger leurs idées les deux éléments qui se partagent l'Europe, l'élément germanique et l'élément latin; Genève où devait se faire, à l'usage de nations de race altine, la traduction du principe protestant, né chez les nations germaniques; Genève, la ville doctrinale de l'hérésie, la Rome protestante, comme l'appelle saint François de Sales lui-même."

(Source: Abbé Augustin Aubry, Contre le modernisme, Etude de la Tradition, le sens catholique et l'esprit des Pères, Pierre Tequi Editeur, Gand 1927, réédité aux ESR, p. 64.)

La règle de la foi, le principe de Tradition chez François de Sales comme chez Irénée de Lyon

Saint Irénée (v. 130 - v. 202).jpg

saint Irénée (v. 130 - v. 202)

Saint François de Sales reprit en définitive le même argument que celui du vénérable saint Irénée, contre les gnostiques (Adversus haereses, Contre les hérésies, v. 180), qui, eux aussi, dès le IIe siècle, prétendaient se rattacher aux Apôtres - comme nos protestants - , mais "leur tradition était sans autorité, parce qu'elle ne reposait pas sur l'institution et la transmission légitime de l'autorité; au contraire, les évêques étaient héritiers de l'autorité des Apôtres" (Saint Irénée de Lyon).

Ce qui démontre que l'on doit se "reporter sans cesse aux témoins de la foi et à l'enseignement primitif, pour en rechercher et en adopter l'esprit et les règles fondamentales" (Abbé Augustin Aubry)

"Le propre des sciences sacrées, c'est donc de se retremper toujours à ses sources primitives, et, tout en progressant toujours, de regarder toujours son modèle, qui est nécessairement ancien dans une société qui vit d'un dogme immuable, d'une révélation achevée et qui est régie par l'esprit de tradition.

Ainsi devons-nous nous reporter sans cesse aux témoins de la foi et à l'enseignement primitif, pour en rechercher et en adopter l'esprit et les règles fondamentales. Rien n'est beau comme cette succession, cette procession, pour ainsi dire à perte de vue, de témoins de la foi qui se présentent de toutes les contrées du monde, à toutes les époques, pour déposer, à l'appui de l'enseignement catholique, soit dans son ensemble, soit dans une quelconque de ses parties. Cette montée, d'échelon en échelon, de la Tradition catholique vous transporte, comme à l'improviste et avec une joyeuse surprise, jusqu'à l'époque de l'Evangile où vous trouvez le premier anneau de cette grande chaîne historique et traditionnelle, indissolublement scellé dans le roc vif de l'Ecriture, et son premier flot jaillissant, limpide et admirable, de cette haute source, pour descendre ensuite dans les plaines de l'Eglise, arroser le monde chrétien, et continuer sans interruption jusqu'à nous son cours heureux et fécond. Est-il plus grand spectacle que le théologien puisse contempler et offrir aux intelligences qu'il a la charge de former; est-il plus solide confirmation pour la foi?"

(Abbé Augustin Aubry, Contre le modernisme, Etude de la Tradition, le sens catholique et l'esprit des Pères, Pierre Tequi Editeur, Gand 1927, réédité aux ESR, p. 104.)